Le « fait maison » : une manière de se libérer des diktats du consumérisme

Pizza faite maison
Le « fait maison » : une manière de se libérer des diktats du consumérisme
Par Mathieu Doutreligne publié le
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La tendance au « fait-maison » ou « fait-main » prend de l’ampleur depuis quelques années. Comment expliquer le phénomène DIY qui pousse les consommateurs à retrousser leurs manches pour se mettre aux recettes de grand-mères ?

Faire face à la crise économique, agir contre les lobbys qui privilégient le rendement au détriment de notre santé ou encore limiter son empreinte carbone, le Do It yourself se démocratise.

Le DIY dans quels domaines ? Pour quelles raisons ?

Si le bricolage arrive en tête des activités manuelles favorites des français, la tendance actuelle est à la récup' et au détournement d'objets. Une tendance qui encourage le recyclage et la créativité. La couture et la création de bijoux  sont des domaines animés par une volonté de personnalisation en opposition avec le conformisme imposé par la mode. Le créateurs mettent souvent en avant des valeurs environnementales et éthiques en privilégient des matières premières issues de l'agriculture biologique.

Ces deux premières catégories associées à l'artisanat débouchent souvent sur une activité auto-entreprenariale facilitée par le site A Little Market qui permet à chacun de créer sa propre e-boutique d'objets fait main. Les français sont séduits par l'idée d'acheter des pièces uniques et de privilégier l'artisanat local et les petites entreprises.

La cuisine, tout comme la création de cosmétiques et de produits ménagers, appartient au domaine du domestique. Que l'on crée ses produits soi-même pour répondre à une éthique environnementale ou parce que l'on applique un principe de précaution à l'égard des industries cosmétiques et alimentaires, cette démarche s'inscrit dans une volonté de devenir acteur de sa consommation et de quitter le statut de consommateur passif et aveugle.

Créer soi-même ses produits c'est connaître les ingrédients que l'on va y mettre, connaître leurs propriétés et leurs origines. C'est opter pour une transparence totale de ce que l'on mange et applique sur sa peau.

Des tutos et des ateliers pour apprendre à faire soi-même.

Internet et les réseaux sociaux jouent un rôle important dans l'essor du DIY en permettant la transmission des savoirs-faire notamment via des tutoriels vidéos, des forums ou des groupes de discussions sur lesquels les recettes sont échangées, comparées et discutées.

Des recettes à base de produits naturels bien sûr, sans colorants ni conservateurs, sans paraben ni BHT. Bref, des recettes de grands-mères remises au goût du jour.

Cette tendance se fait également connaître par le biais d'ateliers DIY organisés par des associations locales dont l'objectif est de sensibiliser la population aux dangers des perturbateurs endocriniens contenus dans les produits d'hygiène et de lui faire découvrir le DIY comme une solution alternative à la portée de tous.

Devant l'ampleur de ce phénomène, les marques ont été obligées de s'adapter et propose désormais des produits correspondant à la demande : machines à pain, à sodas, yaourtières, kits pour fabriquer des cup cakes.

Les supermarchés bio se font apothicaires en ne vendent plus seulement des cosmétiques bio mais également les ingrédients au détail ou en kits. Glycérine végétale, huiles essentielles, vitamines et extraits naturels de plantes, certifiés bio bien évidemment, et 100 % d'origine naturelle, occupent désormais un espace à part entière dans le rayon hygiène/beauté.

Cependant, le temps et le savoir-faire sont autant d'obstacles à la pratique du Do It Yourself. Certaines personnes essaient, puis abandonnent par manque de réelle motivation.

Greta Taubert, journaliste indépendante allemande, a vécu une année entière en totale autonomie. Révoltée contre le consumérisme et le sentiment d'envie qu'il induit chez les consommateurs, elle a souhaité s'en détourner. Faire pousser ses légumes, fabriquer son pain, troquer ses vêtements, créer ses produits d'hygiène et de beauté, une expérience enrichissante qu'elle raconte dans son livre «Apokalypse jetzt!» («Apocalypse maintenant!»)

« J’ai même fabriqué mon propre shampoing», raconte-t-elle. «Mais je me suis mise à ressembler à l’homme de Neandertal. Mon entourage m’a dit: "Non mais là ça va trop loin!"».

Pour les passionnés ou les curieux, le salon du DIY se tiendra du 19 au 23 novembre 2014 Porte de Versailles.

 

Le fait maison, un concept général :

Rédaction : Chrystelle Camier