Métiers verts : déjà 10 000 nouveaux emplois

Par Bioalaune publié le

La lutte contre le changement climatique n'est pas que contraintes réglementaires. Elle crée de nouveaux métiers, de nouveaux emplois.


Mais la formation reste encore à organiser.
MATHIEU HÉBERT
> mathieu.hebert@nordeclair.fr

« J'ai mes habitudes depuis trente ans. Je suis indécrottable de ce point de vue ».
Patrick, artisan de la métropole lilloise, ne voit pas pourquoi il changerait. Son fils devait reprendre sa petite entreprise de rénovation. Il laisse tomber et se recyclera dans l'immobilier. « Il a vu son père fatigué à cause des chantiers », lâche Patrick, un tantinet amer.
Ils sont pourtant nombreux, dans le bâtiment, à prendre le virage « écolonomique ». Avec les sommets de Kyoto et autres Grenelle, la lutte contre le changement climatique a entraîné un flot de nouvelles réglementations qui font naître des moteurs moins gourmands en énergie dans l'automobile, bâtiments et matériaux propres dans la construction...
À la CAPEB, une organisation professionnelle d'artisans, on a préféré accompagner plutôt que subir. Le syndicat propose à ses entreprises adhérentes de suivre des formations pour faire évoluer le métier vers des pratiques nouvelles. « Ça leur permet de décrocher des labels en matière de solaire par exemple », indique Laurence Randazzo, en charge des formations à la CAPEB Nord. Ce n'est pas neutre : les clients demandent de plus en plus ces labels pour pouvoir bénéficier de crédits d'impôt. « Les clients se renseignent très bien pour ce qui touche à leur porte-monnaie » , remarque Éric Leterme, patron d'une petite boîte de Croix spécialisée dans le ravalement de façades.
Avec ses deux ouvriers, il suit le mouvement. « Il faut faire attention aux nouvelles techniques. il faut que les entreprises se mettent à la page », estime-t-il.
Bientôt, lui-même et ses deux ouvriers partiront en stage pour apprendre à nouveau. Pour Pascal et Jordan, dix et quatre ans de boutique, ce sera la première fois qu'ils retourneront sur les bancs de l'école depuis qu'ils travaillent.
Pas évident pour une petite structure ? « Il faut savoir prendre le temps », résume Éric Leterme.
« Le maçon n'est pas un nouveau métier, mais il est en évolution », nuance Hervé Pignon, délégué régional de l'Ademe. « Participer à sauver la planète, ça peut intéresser des jeunes qui ne viendraient pas forcément à ces métiers », poursuit Bruno Frimat, de l'Ademe.
Quand il a créé sa société à Arras il y a trois ans, Maurizio Turi a tout de suite intégré les énergies renouvelables à son activité de plomberie. Il a récemment travaillé sur le complexe de maison à basse consommation Villavenir à Loos-en-Gohelle. « C'est aussi à nous d'être des porte-parole » , affirme le jeune artisan, qui se défend d'être un militant. « Beaucoup d'entreprises vendent du crédit d'impôt avant de proposer la meilleure solution. Il faut prendre ce problème à l'envers ».
Le secteur des énergies renouvelables et celui de l'éco-construction sont en fort développement. Ces domaines recherchent de nombreux professionnels et incitent les filières traditionnelles de formation à adapter leur offre... La lutte contre le réchauffement climatique et, plus globalement, l'environnement sont des gisements importants d'emplois. Les secteurs de la gestion des déchets, de la gestion de l'eau et de la récupération restent les principaux pourvoyeurs d'emplois environnementaux. Ils ont généré, en 2007, 10 000 emplois dans le Nord - Pas-de-Calais.w

De nouvelles formations pour des métiers qui changent

« J'ai mes habitudes depuis trente ans. Je suis indécrottable de ce point de vue ».
Patrick, artisan de la métropole lilloise, ne voit pas pourquoi il changerait. Son fils devait reprendre sa petite entreprise de rénovation. Il laisse tomber et se recyclera dans l'immobilier. « Il a vu son père fatigué à cause des chantiers », lâche Patrick, un tantinet amer.
Ils sont pourtant nombreux, dans le bâtiment, à prendre le virage « écolonomique ». Avec les sommets de Kyoto et autres Grenelle, la lutte contre le changement climatique a entraîné un flot de nouvelles réglementations qui font naître des moteurs moins gourmands en énergie dans l'automobile, bâtiments et matériaux propres dans la construction...
À la CAPEB, une organisation professionnelle d'artisans, on a préféré accompagner plutôt que subir. Le syndicat propose à ses entreprises adhérentes de suivre des formations pour faire évoluer le métier vers des pratiques nouvelles. « Ça leur permet de décrocher des labels en matière de solaire par exemple », indique Laurence Randazzo, en charge des formations à la CAPEB Nord. Ce n'est pas neutre : les clients demandent de plus en plus ces labels pour pouvoir bénéficier de crédits d'impôt. « Les clients se renseignent très bien pour ce qui touche à leur porte-monnaie » , remarque Éric Leterme, patron d'une petite boîte de Croix spécialisée dans le ravalement de façades.
Avec ses deux ouvriers, il suit le mouvement. « Il faut faire attention aux nouvelles techniques. il faut que les entreprises se mettent à la page », estime-t-il.
Bientôt, lui-même et ses deux ouvriers partiront en stage pour apprendre à nouveau. Pour Pascal et Jordan, dix et quatre ans de boutique, ce sera la première fois qu'ils retourneront sur les bancs de l'école depuis qu'ils travaillent.
Pas évident pour une petite structure ? « Il faut savoir prendre le temps », résume Éric Leterme.
« Le maçon n'est pas un nouveau métier, mais il est en évolution », nuance Hervé Pignon, délégué régional de l'Ademe. « Participer à sauver la planète, ça peut intéresser des jeunes qui ne viendraient pas forcément à ces métiers », poursuit Bruno Frimat, de l'Ademe.
Quand il a créé sa société à Arras il y a trois ans, Maurizio Turi a tout de suite intégré les énergies renouvelables à son activité de plomberie. Il a récemment travaillé sur le complexe de maison à basse consommation Villavenir à Loos-en-Gohelle. « C'est aussi à nous d'être des porte-parole » , affirme le jeune artisan, qui se défend d'être un militant. « Beaucoup d'entreprises vendent du crédit d'impôt avant de proposer la meilleure solution. Il faut prendre ce problème à l'envers ».
Le secteur des énergies renouvelables et celui de l'éco-construction sont en fort développement. Ces domaines recherchent de nombreux professionnels et incitent les filières traditionnelles de formation à adapter leur offre... La lutte contre le réchauffement climatique et, plus globalement, l'environnement sont des gisements importants d'emplois. Les secteurs de la gestion des déchets, de la gestion de l'eau et de la récupération restent les principaux pourvoyeurs d'emplois environnementaux. Ils ont généré, en 2007, 10 000 emplois dans le Nord - Pas-de-Calais.w

Les Compagnons du Devoir créent un pôle éco-conception dans le Nord

Les Compagnons du Devoir souhaitent implanter à Villeneuve d'Ascq leur pôle national consacré à l'éco-conception. Sur le papier, tout est prêt. Ne manque qu'un coup de pouce financier. Les collectivités sont sollicitées. On associe souvent les Compagnons du Devoir à la seule préservation des techniques traditionnelles. Il n'en est rien. L'association, qui forme des milliers de jeunes chaque année, poursuit aussi l'objectif d'« être au top des compétences », explique Thomas Guinet, le délégué régional de l'association ouvrière. Les Compagnons envisagent ainsi d'implanter à Villeneuve d'Ascq leur pôle national dédié à l'éco-conception, un des trois futurs pôles multi-compétences. « Tout ce qui a trait au sujet passera par là, explique Thomas Guinet. L'idée est de mutualiser les énergies ». Pourquoi Villeneuve d'Ascq ? « Le Nord - Pas-de-Calais est une région très dynamique de ce point de vue, estime Thomas Guinet. Et nous ne sommes pas très loin de la Belgique et de l'Allemagne, où cette culture est déjà très développée ». Photovoltaïque, matériaux... En quoi consiste ce pôle ? On trouvera un bâtiment basse consommation (économe en énergie) qui réunira les ateliers actuels et un bâtiment dit « d'expérimentation », lui aussi labéllisé basse consommation, qui abritera des bancs d'essais, des salles de cours et des espaces ou tester des matériaux. Photovoltaïque, nouveaux matériaux, gestion des énergies... Les domaines touchent presque à tous les corps de métier, ceux du bâtiment notamment. « Nous ne sommes pas des utopistes, souligne Thomas Guinet. Ces besoins ne sont pas déconnectés des besoins des entreprises qui embauchent nos jeunes ». D'ailleurs, le pôle ne servira pas qu'aux jeunes en formation, mais aussi aux salariés en formation continue ou, pourquoi pas, « à ceux qui travaillent dans les services techniques de collectivités », poursuit le délégué régional. « Nous sommes une institution résolument ouverte sur le monde et à la disposition de la cité ». La démarche dépasse le cadre de la formation. Elle touche aussi à la vie quotidienne, du tri des déchets à la saisonnalité des produits servis à la cantine en passant par les lampes basse consommation. « Chaque jeune qui arrive chez nous est sensibilisé à ce qu'est l'éco-conception, l'éco-citoyenneté » , précise Thomas Guinet. Ce projet, d'un budget global estimé à 7 millions d'euros, est programmé sur trois ans. Les premiers coups de pioche pourraient avoir lieu dès la fin de l'année. Mais pour le mener à bien, les Compagnons ont besoin d'un coup de pouce financier. L'association a sollicité les financements publics de la Région et de la communauté urbaine de Lille.wM. H.

nordeclair.fr - Publié le lundi 12 octobre 2009 à 06h00