Les chasseurs seraient-ils les nouveaux gardiens de l'écosystème ?
Chasse, gestion durable de la faune et de la flore ne sont pas incompatibles. Au domaine enchanteur du Bois Landry, les forestiers ont réussi à faire cohabiter en symbiose la chasse, la gestion de la forêt et le tourisme vert.
Marcheurs, promeneurs, cyclistes, chasseurs ont en commun la volonté de préserver la forêt dont ils ont fait leur terrain de jeu. Qu’ils viennent chercher un moment de paix, un espace hors du temps ou une immersion dans la nature, le domaine du Bois Landry les accueillent au coeur d’une forêt gérée durablement, aux portes du Parc Naturel Régional du Perche entre la Loire et la Normandie.
Connu pour ses cabanes dans les arbres, ce site forestier d’exception - tenu par Bertrand Monthuir - n’en a pas pour autant oublié sa mission première, celle de concilier sylviculture (gestion de la forêt), cynégétique (art de la chasse), tourisme et recherche sur les espèces animales et végétales.
Les chasseurs, acteurs de la biodiversité
La tempête de 1999 contraint Bertrand Monthuir, héritier du domaine forestier, à trouver une alternative pour faire vivre son exploitation. Les stocks de bois étant tombés sous les bourrasques de vent, le marché du bois était saturé. Le Bois Landry étant la plus grosse propriété de chevreuils de l’Eure-et-Loir, Bertrand décide alors de s’appuyer sur les connaissances techniques de Christophe Launay, technicien forestier du domaine, et de mettre en place un mode de gestion du gibier révolutionnaire mais pas tout à fait au goût des chasseurs.
Les chasseurs, acteurs de la biodiversité
Les plans de chasse reposant sur des comptages à la louche, Bertrand Monthuir préconise plutôt de mettre en place un plan de prélèvement en observant l’état des animaux et notamment leurs poids. Si le poids moyen de la population de chevreuils augmente, c’est qu’elle se porte bien. On diminue ou on stabilise les plans de chasse. À l’inverse, si le poids moyen diminue, elle est trop importante par rapport à la capacité d'accueil du milieu, on augmente donc les plans de chasse.
“On voulait revenir à un rôle de chasseur-cueilleur qui protège le milieu plutôt qu’un rôle de faux-semblant de chasseur-gestionnaire qui tue. L’idée n’est pas de chasser une espèce mais plutôt de préserver un équilibre entre la faune et la flore”
En effet, les chevreuils se nourrissent essentiellement de repousses de chênes. L’idée est donc de trouver l'équilibre entre la réduction de la population de chevreuils et la régénération forestière afin de préserver la biodiversité. Au Bois Landry, pas question de chasser n’importe comment, les règles sont très strictes, les postes de tir imposés et les tirs eux-mêmes maîtrisés. Le nombre de balles tirées est considérablement réduit, aucun risque de se retrouver avec une cartouche à des centaines de mètres plus loin.
La sylviculture pour des forêts durables
La sylviculture est le premier métier exercé au Bois Landy et consiste à cultiver la forêt de chênes dans le respect de l’équilibre de la faune et de la flore, de la biodiversité et des acteurs forestiers. Mais, ce n’est pas le seul, on reçoit aussi les touristes venus se ressourcer pour un repos haut perché. Le site est si bien préservé qu’on pourrait manquer de voir les quelques cabanes juchées en haut des chênes. Au coeur de la forêt, quinze cabanes nous accueillent sans éclairage, ni eau, pour une immersion totale. Chacune dispose d’une chambre très confortable, de toilettes sèches et de bougies. Impossible de ne pas tomber sous le charme des lits baldaquins et de la déco romantique. Et ce, malgré l’obscurité, les bruits sauvages et nocturnes ainsi que l’inquiétude qui nous gagnent le soir lorsque l’on rejoint sa cabane à la lampe torche.
“C’est un peu une approche thérapeutique, où l’on vient se ressourcer en forêt et bénéficier de tous ses bienfaits. L’idée est aussi d’accompagner et de sensibiliser nos hôtes, à la biodiversité de nos forêts françaises par une approche bienveillante.
Le domaine dispose également de sanitaires modernes et d’un service de restauration composé de produits du terroir. Les plus téméraires regagneront leur lit perché à 13 mètres de haut grâce à un baudrier et une échelle. Des tyroliennes, passerelles en bois ou de simples escaliers raviront les autres. Pour Bertrand Monthuir, les « cabaneurs » peuvent ainsi se ressourcer tout en profitant d’un espace forestier préservé et en étant sensibilisé à cette vision alternative des acteurs ruraux (chasseurs, forestiers, agriculteurs) qui ne s’opposent pas mais participent à la préservation du même espace. Avis, donc, aux amoureux de la nature ...
Cabanes et Domaine du Bois Landry
Lieu dit la graiserie
28240 Champrond en gâtine
www.boislandry.com