Dans ces épiceries, on donne de son temps pour mieux consommer

une femme dans une épicerie participative
Dans ces épiceries, on donne de son temps pour mieux consommer
Par Elodie Sillaro publié le
Journaliste
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Travailler pour consommer, c’est une tendance grandissante aux États-Unis qui tend à s’implanter en France. Chez nous, une vingtaine de magasins coopératifs a déjà vu le jour et d’autres sont en projets. Dans ces épiceries, il n’y a pas de salarié, c’est le consommateur qui contribue à faire tourner l’affaire.

Coopérer pour mieux consommer, c'est le credo de ces magasins coopératifs et participatifs où le client est le véritable acteur. Donner quelques heures de son temps lui permet d'avoir accès à des produits de qualité. À Paris, Nantes, Rennes, Montpellier, Marseille, Bordeaux, Toulouse, zoom sur cette tendance qui ne fait que grandir. Découvrez la carte qui permet de savoir si une de ces épiceries d'un nouveau genre existe près de chez vous.

Donner de son temps pour mieux consommer

En apparence, ces magasins ressemblent aux supermarchés classiques sauf qu’on n’y trouve peu voir pas de vendeur, ni caissier, ni responsable de rayon. La majorité des personnes travaillant dans l’épicerie sont les consommateurs eux-mêmes qui consacrent deux à trois heures de leur temps chaque mois. Loin d’être des consommateurs classiques, les clients sont des adhérents ou des coopérateurs. Pour faire partie de la coopérative, il faut investir une cotisation annuelle de 20 à 100€ en fonction des parts du supermarché. Un fois investie, cette somme donne un droit d’entrée pour faire ses courses. Lorsque l’adhérent décide de partir, il récupère cette somme et les parts sont proposées à un nouvel arrivant.

Du bio et du local de 20 à 40% moins chers

Ce sont les coopérateurs qui choisissent collectivement les produits qui sont mis en rayon. Les produits bio, locaux et de petits producteurs sont privilégiés. Ils évitent ainsi les surcoûts de transports et l’impact carbone qui en découle. Ces derniers sont vendus bien moins chers que dans un magasin classique. Les clients gagnent 20 à 40% sur les prix. Ces épiceries s’installent généralement dans des quartiers délaissés par les grandes surfaces et redynamisent ainsi le secteur en créant quelques emplois, sans concurrence déloyale.

Une alternative respectueuse de ses acteurs

A l’origine, les supermarchés sont nés de la volonté de créer un lieu pour acheter des produits de première nécessité. Le concept était développé sous forme de coopérative afin de se protéger mutuellement et de créer du lien social. Les plus grandes enseignes reposent toujours sur le modèle coopératif, à savoir, aujourd’hui, une association d'entrepreneurs juridiquement et financièrement indépendants les uns des autres.

Objet de grande transformation, les enseignes de supermarché, bien souvent, abusent sur les marges de prix. Du triangle consommateur-producteur-enseigne ne ressort qu’un gagnant. De ce constat, le concept de magasin coopératif a vu le jour dans le quartier new-yorkais de Brooklyn, le Park Slope Food Coop. Créé en 1973, ce premier magasin coopératif compte aujourd’hui 17 000 adhérents, tous propriétaires du supermarché et qui travaillent 2h45 par mois pour consommer de façon responsable et durable, à moindre prix.

La carte des magasins coopératifs de France:

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Tour d’horizon des coopératives

La Louve à Paris
C’est le premier supermarché coopératif et participatif de Paris. “Nous n'étions pas satisfaits de l'offre alimentaire qui nous était proposée, alors nous avons décidé de créer notre propre supermarché” peut-on lire sur le site internet. Inspirée du Park Slope Food Coop à New-York, il suffit de souscrire à la coopérative pour pouvoir consommer bio, local ou artisanal. La Louve, qui s’étendra sur 1500m2, compte déjà 3000 adhérents et devrait ouvrir officiellement ses portes d’ici quelques semaines.

Scopeli à Nantes
Au départ, c’est l’envie de se réapproprier son alimentation, de manger bio et local mais aussi de vivre une aventure collective qui a réuni ses citoyens. L’objectif de Scopeli est de choisir des produits de qualité, de privilégier les circuits-courts et la juste rémunération des producteurs. Consacrer 3 heures de son temps et investir 50€ suffisent pour se réapproprier sa consommation, loin des pratiques de supermarchés traditionnels avec en prime, des prix de 20 à 30% moins chers. Objectif d’ouverture à la rentrée 2017 avec 2000 coopérateurs, Scopeli a lancé sa campagne de financement participatif ici.

La Cagette à Montpellier
La Cagette de Montpellier est un projet de magasin coopératif dans l’agglomération montpelliéraine est né de l'association "Les Amis de la Cagette". Insatisfait de l’offre de la grande distribution, ces citoyens ont entrepris de créer un lieu solidaire, d’échange et de partage où il est possible d’acheter des produits bio en échange de quelques heures de son temps.

Supercoop à Bordeaux
Prévu pour 2018, le magasin coopératif Supercoop de Bordeaux ouvre d’abord sous une forme plus petite: une épicerie avec 750 adhérents en attendant des 1200 coopérateurs pour le magasins. Un investissement de 100€ et 3 heures de temps permettront de faire tourner le magasin en échange de produits de qualité bio et locaux.

Super Cafoutch à Marseille
A l’initiative d’une association marseillaise, l’idée commune est de créer un lieu de consommation qui permette l’accès pour tous à des produits de qualité bio et locaux mais aussi un espace d’échanges et de liens autour de questions alimentaires et sociales. Travailler 3 heures consécutives permettra d’avoir accès à Super Cafouch.