Le quinoa, une graine qui fait des envieux

Le Quinoa, une graine qui fait des envieux
Le Quinoa, une graine qui fait des envieux
Par Randy Compay publié le
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Le quinoa, ce grain encore méconnu il a quelques années, est aujourd’hui l’un des super-aliments les plus prisés au monde. Mais derrière cette tendance, une guerre fait rage entre le Pérou et la Bolivie, les deux plus grands producteurs de quinoa au monde. Tous les coups sont permis pour régner sur le quinoa.

Dépourvu de gluten, facile à cuisiner, riche en protéines, en vitamines et minéraux, ses qualités nutritionnelles fascinent les occidentaux depuis plusieurs années. Mais, ce n’est qu’en 2013 que le quinoa connaît sa période de gloire.

Bolivie et Pérou, au cœur de la guerre du quinoa

Ces graines sont pourtant consommées en Amérique du Sud depuis des millénaires, notamment en Bolivie et au Pérou, là où elles sont cultivées par les descendants des Incas. Mais comme l’avocat, son succès l’entraîne dans une chute vertigineuse où toutes les fins justifient les moyens.

En passant de 1600€ la tonne à 6500€, le prix du quinoa a carrément triplé en l’espace de 6 ans (de 2007 à 2013). Une aubaine pour les producteurs sud-américains et notamment les boliviens, autrefois principaux producteurs et exportateurs de quinoa. Mais en 2013, la Bolivie doit faire face à une chute de près de 30% du prix à la tonne. Pour cause, l’entrée de leur concurrent péruvien sur le marché casse les prix, en faisant repasser le prix à la tonne sous la barre des 2000€.

La Bolivie, une graine biologique

La Bolivie abrite la majeure partie de ses cultures de quinoa dans le sud pays. À une altitude de 3 000 mètres, au cœur de la cordillère des Andes, le paysage est désertique et l’air est sec. C’est dans ces conditions que pousse le quinoa real (variété bolivienne datant de l’époque incaïque). Il s’agit d’un environnement naturel peu commun, différent des conditions que l’on connaît en occident. Autre particularité, la plante protège elle-même la graine des parasites et ravageurs grâce à sa pellicule protectrice, la saponine. En Bolivie, les producteurs n’ont donc recours à aucun pesticide, ce qui fait du quinoa real une variété 100% biologique. La saponine n’étant pas comestible, la désaponification est un travail de longue haleine.

En passant de 1600€ la tonne à 6500€, le prix du quinoa a carrément triplé en l’espace de 6 ans (de 2007 à 2013). Une aubaine pour les producteurs sud-américains et notamment les boliviens, autrefois principaux producteurs et exportateurs de quinoa. Mais en 2013, la Bolivie doit faire face à une chute de près de 30% du prix à la tonne. Pour cause, l’entrée de leur concurrent péruvien sur le marché casse les prix, en faisant repasser le prix à la tonne sous la barre des 2000€.

Au Pérou, une culture intensive et chimique

Le quinoa péruvien est quant à lui plus petit que son voisin bolivien. Cependant, le mode de production du pays est à des années-lumière du mode production naturel observé en Bolivie. En effet, le premier producteur mondial de quinoa compte un grand nombre de cultures dans des zones où le quinoa ne pousse pas naturellement. Le modèle péruvien s’apparente donc à une production intensive et use de toutes les techniques pour réduire le temps et le coût de la désaponification. Des scientifiques ont donc mis, par le biais de croisements, une forme de quinoa presque dépourvue de saponine. La plante ne possède ainsi plus de quoi se protéger et les producteurs péruviens ont recours à l’usage de pesticides interdit dans l’Union européenne, comme l’Acephate.

Du quinoa péruvien pas si bio

Ce modèle concurrentiel fait du tort aux producteurs boliviens. Certains se résignent à vendre leur quinoa real sur le marché noir aux péruviens qui n’arrivent pas à augmenter leur production. Plus grosse, plus nutritive et plus ancienne, la variété bolivienne est la plus prisée des consommateurs. On observe donc aujourd’hui un trafic de real à la frontière péruvienne, si important, qu’il représenterait environ un quart de la reproduction péruvienne.

C’est de cette manière que le quinoa dit “Bio” en provenance du Pérou se retrouve mélangé à du quinoa conventionnel. Ensuite exportés aux États-Unis et en Europe, près de 20% des lots bio péruvien pourraient contenir des produits phytosanitaires. En France, on sait aussi cultiver le quinoa.  Désormais, on trouve le Quinoa d’Anjou, une céréale produite de façon locale.

Le documentaire de Clémentine Mazoyer “Quinoa, prenez-en de la graine” diffusé Dimanche soir sur France 5, présente les deux modes de production bien différents des deux plus gros producteurs au monde.