Les nanoparticules de dioxyde de titane bientôt bannies de l'alimentation

bonbons et confiseries
Les nanoparticules de dioxyde de titane bientôt bannies de l'alimentation
Par Elodie-Elsy Moreau publié le
Rédactrice en chef
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Le gouvernement va demander la suspension "avant la fin de l'année" de l'utilisation du dioxyde de titane sous forme de nanoparticules dans tous les produits alimentaires, a annoncé vendredi la secrétaire d'Etat Brune Poirson au Parisien.

Le dioxyde de titane (TiO2), connu sous l'appellation E171, est utilisé pour blanchir et intensifier la brillance de confiseries ou du dentifrice. Mais cet additif fait débat en raison de sa potentielle dangerosité pour la santé. Ce vendredi, le gouvernement a décidé de l’interdire dans les produits alimentaires. Cette mesure devrait entrer en vigueur d'ici décembre prochain. C’est en effet ce qu’a annoncé au Parisien, Brune Poirson, la secrétaire auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot.

"Nous souhaitons suspendre avant la fin de l’année l’utilisation de cette substance comme additif alimentaire en France. La France a d’ores et déjà saisi la Commission européenne afin de demander aussi des mesures à ce niveau, dès lors que le dioxyde de titane est susceptible de constituer un risque sérieux pour la santé humaine", a-t-elle affirmé au quotidien. 

Certaines enseignes n'ont pas attendu cette annonce pour revoir leur mode de production. L’an dernier, les confiseurs s’étaient déjà engagés collectivement à ne plus utiliser de dioxyde de titane, mais de manière progressive, chacun "à leur rythme". Chez Verquin, qui produit à Tourcoing (Nord) les Têtes brûlées, cette disposition est effective depuis décembre 2017. Plus récemment, en février dernier, Carambar & Cie a banni le dioxyde de titane des Malabars. Lutti, le confiseur de Bondues (Nord), qui mise désormais sur les colorants naturels et les bonbons allégés en sucre n’utilise plus de dioxyde de titane depuis trois ans.

Un additif trop souvent dissimulé

Les consommateurs ingèrent ou sont souvent exposés au dioxyde de titane à leur insu. En janvier 2018, l'UFC-Que Choisir a porté plainte contre 9 fabricants, les accusant de dissimulation. Après avoir analysé certains additifs présents dans 16 produits de grandes marques, l’association a constaté que les confiseries, épices ou le dentifrice contenaient parfois des nanoparticules aux effets méconnus sur la santé, sans que les consommateurs en soient informés. Seuls trois fabricants le mentionnaient alors que "la réglementation les oblige à faire figurer la mention [nano] sur l'emballage dans la liste des ingrédients", affirmait alors UFC-Que Choisir.
L'association avait interpellé le gouvernement afin qu’il publie la liste "des produits alimentaires et cosmétiques silencieux sur la présence de nanoparticules" et "de poursuivre effectivement les fabricants en infraction".
Après les différentes alertes lancées par des ONG et à des tests de 60 millions de consommateurs ayant révélé la présence de l'additif E171 sous forme de nanoparticules dans des sucreries, le gouvernement avait annoncé fin août 2017, le renforcement des contrôles de la DGCCRF*.

Des risques de cancer ?

L'an dernier, une étude de l'Inra avait conclu que l'exposition chronique au E171 favorisait la croissance de lésions pré-cancéreuses chez le rat. Des résultats qui ne permettaient pas de conclure à des effets similaires chez l’homme, notait l'Anses. Néanmoins, face aux inquiétudes liées aux effets sanitaires des nanomatériaux, en particulier le dioxyde de titane, l'Agence nationale de sécurité sanitaire prévoyait de conduire de nouvelles recherches cette année à la demande du gouvernement. "En 2018, l’Anses mènera une évaluation des dangers et des risques du TiO2 pour la santé humaine et l’environnement dans le cadre du règlement REACh. Dans ce contexte, des données supplémentaires sur les dangers, les usages du TiO2 pourront être requises auprès des industriels", peut-on lire sur le site de l’Agence. Dans un souci de prévention, le gouvernement a, semble-t-il, voulu accélérer les choses.

* Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes 

Avec AFP/Relaxnews

 

Sources :
AFP Relaxnews
Le Parisien