Greta Thunberg répond aux critiques de ses détracteurs

Greta Thunberg, nouveau visage de la lutte pour le climat.
Greta Thunberg, nouveau visage de la lutte pour le climat.
Par Hanen Slimani publié le
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La jeune adolescente de 16 ans, devenue en quelques temps seulement figure de proue de la lutte pour le climat, répond aux critiques qui lui sont régulièrement faites sur son engagement dans un long post Facebook.

Depuis son intervention à la Cop 24 et au forum de Davos, la jeune Greta Thunberg est devenue une icône de la lutte pour le climat. Agée de 16 ans, l’adolescente suédoise se fait d’abord connaître dans son pays après avoir décidé de faire grève de l’école pour protester contre l’inaction du gouvernement local en matière d’écologie. Mais Greta a décidé d’aller plus loin en faisant un sit-in devant le Parlement du pays. Très vite, elle se fait remarquer par les journalistes mais également par un homme d’affaires, Ingmar Rentzhog, engagé pour l'écologie. C’est d’ailleurs lui qui la fera connaître en partageant son histoire. Les choses vont ensuite très vite pour Greta. La Cop 24, Davos et, surtout, un soutien toujours plus important de milliers de lycéens en Europe qui suivent aussi la grève de l’école pour dénoncer l’inaction climatique de leurs gouvernements respectifs.

Pour autant, depuis le début de sa médiatisation, Greta Thunberg n’échappe pas à la critique, qui se fait de plus en plus grande. On accuse l’adolescente de n’être que la porte-parole de ses parents ou d’organisations plus importantes. On reproche à Greta ses méthodes et notamment le fait qu’elle préconise la grève de l’école à ses semblables. Enfin, elle est aussi très souvent décrédibilisée en raison de son jeune âge et de son autisme. Dans un long post Facebook publié le 2 février dernier, l’adolescente répond à ses détracteurs.

Pourquoi une grève de l’école ?

Aux personnes qui lui reprochent de favoriser l’école buissonnière plutôt que de trouver d’autres moyens ayant une moindre incidence sur le parcours scolaire, elle explique s’être inspirée du mouvement des lycéens de Parkland qui avaient refusé de retourner à l’école après la fusillade.

L’objectif était de trouver des nouveaux projets pour attirer l’attention sur la crise climatique. Notamment (...) que les écoliers fassent quelque chose dans les cours d’école ou dans les salles de classe, comme les étudiants de Parkland qui avaient refusé d’aller à l’école après la fusillade. J’ai aimé l’idée d’une grève scolaire. Je l’ai donc développée et j’ai essayé d’amener les autres jeunes à se joindre à moi, mais personne n’était vraiment intéressé. Ils pensaient qu’une version suédoise de la marche Zero Hour aurait des effets plus importants. J’ai donc continué à planifier la grève de l’école toute seule et après cela, je n’ai plus participé à d’autres réunions avec ce groupe. Quand j’ai parlé de mes projets à mes parents, ils n’ont pas été conquis. Ils n’étaient pas favorables à une grève dans les écoles et ils ont dit que, si je le faisais, je devais le faire toute seule et sans leur soutien.

Quelles sont les motivations de Greta Thunberg ?

À plusieurs reprises, Greta Thunberg a eu l’occasion de rappeler que son intérêt pour la lutte climatique datait de son plus jeune âge. A 8 ans, très exactement, après avoir regardé un documentaire sur le sujet en classe. Elle explique donc ne pas être payée pour ce qu’elle dit et ne pas être motivée par la gloire.

“Beaucoup de gens aiment répandre des rumeurs disant que j’ai des gens « derrière moi » ou que je suis « payée » ou « utilisée » pour faire ce que je fais. Mais il n’y a personne « derrière » moi, sauf moi-même. Mes parents étaient aussi éloignés que possible des militants climatiques avant que je ne leur fasse prendre conscience de la situation. Je ne fais partie d’aucune organisation. Je soutiens et coopère parfois avec plusieurs ONG qui travaillent dans les domaines du climat et de l’environnement. Mais je suis absolument indépendante et je ne représente que moi-même.

Et je fais ce que je fais complètement gratuitement, je n’ai reçu aucune somme d’argent ni aucune promesse de paiements futurs, sous quelque forme que ce soit. Et personne lié à moi ou à ma famille ne l’a fait non plus. Et bien sûr, ça restera comme ça. Je n’ai pas rencontré un seul militant climatique qui se batte pour le climat pour de l’argent. Cette idée est complètement absurde. De plus, je ne voyage qu’avec la permission de mon école et mes parents paient les billets et l’hébergement.”

Discréditée à cause de son âge et de son trouble autistique 

Pour beaucoup, Greta Thunberg manque de crédibilité parce qu’elle est trop jeune et qu’elle n’a pas forcément réellement conscience des enjeux de notre époque. On avance également que la jeune femme, atteinte du syndrome d’Asperger, aurait une perception du monde bien trop différente pour être réaliste. Elle ne manque pas de répondre à ses reproches dans son post.

“Certaines personnes se moquent de moi à cause de ma différence. Mais Asperger [2] n’est pas une maladie, c’est un don. Les gens disent aussi que, parce que j’ai Asperger, je n’aurais pas pu décider seule de me mettre dans cette position. Mais c’est exactement pour cette raison que je l’ai fait. Parce que, si j’avais été « normale » et sociable, j’aurais intégré une association, ou j’en aurais fondé une moi-même. Mais comme je ne suis pas très sociable, j’ai fait la grève de l’école à la place. J’étais tellement frustrée que rien ne soit fait pour lutter contre la crise climatique et j’avais l’impression que je devais faire quelque chose, n’importe quoi. Et, parfois, NE PAS faire les choses — comme simplement s’asseoir devant le Parlement et ne plus aller à l’école — parle bien plus fort que d’agir. Comme un murmure est parfois plus fort qu’un cri.
Il y a aussi une critique selon laquelle je « parle et écris comme un adulte ». À cela, je ne peux que répondre : ne pensez-vous pas qu’une adolescente de 16 ans puisse parler d’elle-même ? Il y a aussi des gens qui disent que je simplifie trop les choses. Par exemple, quand je dis que « la crise climatique a une réponse simple : c’est tout noir ou tout blanc », « nous devons arrêter les émissions de gaz à effet de serre » et « je veux que vous paniquiez ». Mais je dis ça parce que c’est vrai.”

Autant de tentatives pour déstabiliser Greta qui n’ont aucun effet sur la jeune fille, qui assure être plus que jamais convaincue du bien fondé de sa cause.

 

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