Les médicaments à base d’argile comme le Smecta, à proscrire ?

Smecta
Les médicaments à base d’argile comme le Smecta, à proscrire ?
Par Elodie-Elsy Moreau publié le
Rédactrice en chef
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Dans un avis publié le 1er août dernier, la revue médicale Prescrire met en garde contre les médicaments à base d'argile comme le Smecta en raison de leur teneur infime en plomb.

En cas de troubles digestifs et de diarrhées aiguës, pour certains, le premier réflexe est de se ruer sur les médicaments à base d’argile comme le Smecta pour soulager les symptômes. Bien souvent utilisés en automédication, ils comporteraient pourtant de véritables risques pour la santé. Dans une note publiée le 1er août dernier, le journal Prescrire alerte sur les dangers de ces médicaments en raison de la présence d'infimes quantités de plomb. "Les argiles à visée médicale sont extraites du sol. Par leurs propriétés absorbantes, elles captent des impuretés du sol, dont le plomb", souligne la revue médicale.

"Intérêt très limité de ces médicaments"

Comme le rappelle les auteurs, l’an dernier, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) avait déjà révélé que "la contamination pouvait exposer les enfants âgés de moins de 2 ans traités pendant 7 jours par diosmectite (un antidiarrhéique ndlr) à une plombémie atteignant plus de 50 microgrammes par litre." Un seuil associé à une intoxication au plomb, connue sous le nom de saturnisme, qui pourrait alors exposer à des troubles neurocomportementaux.

Ainsi, depuis février 2019, l'Agence du médicament recommande de plus utiliser de médicaments à base d'argile (Smecta ou le générique Diosmectite Mylan) pour traiter une diarrhée aigüe chez des enfants de moins de 2 ans. Un avertissement également valable pour les femmes enceintes ou qui allaitent. L’Agence précise toutefois qu’aucun cas de saturnisme n’a été détecté chez les personnes ayant pris du Smecta ou son générique, et qu’il "s’agit d’une mesure de précaution". Mais la revue Prescrire va plus loin. Elle préconise de se passer de ces médicaments "quels que soient l’âge et la situation clinique", "étant donné l'intérêt très limité de ces médicaments".