Toulouse : l'expo "Extinctions, la fin d’un monde ?" en images

"Extinctions, la fin d’un monde ?" de Toulouse en images
© Claire Villard
Par Claire Villard publié le
Journaliste indépendante

Installée au sous-sol du muséum de Toulouse, l’exposition « Extinctions, la fin d’un monde ? » donne à voir des spécimens d’espèces disparues et interroge le visiteur : les extinctions de masse sont-elles une fatalité ? Un superbe parcours à faire en famille durant ces vacances

Des listes interminables, façon "morts au champ d’honneur". Sauf qu’il ne s’agit pas de soldats, mais de mammifères, de poissons, d’invertébrés… L’exposition commence comme un hommage à ces animaux que nous ne reverrons jamais, puisqu’ils ont disparu, pour certains il y a quelques dizaines d’années, pour d’autres, plusieurs siècles. Mais l’idée, ici, n’est pas de s’apitoyer sur leur sort. Mais plutôt de comprendre ce qui provoque ces extinctions et s’il est possible de lutter contre celles-ci.

L'impact de l'activité humaine

Pour accueillir le visiteur, un immense crâne de dinosaure. Et non loin de lui, le fameux dodo, devenu emblème de la disparition animale sur terre. Il s’agit seulement d’une reproduction : cet oiseau à l’allure sympathique s’étant éteint au 17e siècle, seuls quelques rares restes sont conservés précieusement aujourd’hui. Il illustre parfaitement l’une des causes des disparitions de masse : l’activité humaine, et notamment l’introduction, délibérée ou non, d’espèces invasives (chats, rats, cochons…) dans des milieux qui ne sont pas les leurs. Sur l’île Maurice, le dodo en a fait les frais : en cent ans à peine, tous ses représentants sont morts.

"L’exposition présente quelques cas particuliers, et revient sur les causes de leur disparition, effective ou en cours, commente l’un des guides du muséum. Par exemple, le dauphin Baiji a été une victime collatérale de la pêche. Sur le Yangtsé en Chine, il se prenait malgré lui dans les filets des pêcheurs qui pourtant ne visaient pas cette espèce." Il a totalement disparu au début des années 2000.

Interroger le visiteur 

Au fil de la visite, on s’émerveille face à des oiseaux inconnus aux magnifiques plumages, ou bien devant le bénitier géant, énorme mollusque aux formes harmonieuses. Certains ont disparus pour de bon, d’autres bénéficient de programmes de conservation. D’autres encore, tels que le bison, ont échappé de peu au pire et sont tirés d’affaire. Si l’exposition promeut les actions salvatrices pour protéger la biodiversité, elle pose surtout des questions : sur quelles espèces se concentrer pour porter nos efforts ?  À quoi sommes-nous prêts à consentir pour tenter d’en sauver certaines ? Quels coûts sont acceptables pour relever le défi ? Et si les phénomènes d’extinction faisaient partie de la vie même de notre planète ?

"La particularité de cette exposition est de présenter des faits, et de laisser les visiteurs s’interroger sur ces réalités, insiste le guide. Nous les interpellons, avec des questions simples telles que “Devons-nous sauver le tigre ?” et leur proposons de voter pour l’une des trois réponses : “ Oui, car il est rare et magnifique”, “Seulement si cela ne coûte pas trop cher”, “Non, nous ferions mieux de nous intéresser à d’autres espèces”." En sortant d’une approche purement émotionnelle, on se pose des questions qui ne vont pas forcément de soi, et on élargit son point de vue.

Homme ou "homo extinctus" ?

Une place est aussi accordée aux espèces ayant survécu aux extinctions de masse et même à celles qu’on croyait disparues et qui ne l’étaient pas. D’ailleurs, peut-on espérer un jour faire revenir sur terre certaines, grâce aux progrès de la science ? Et que dire de l’homme ? En provoquant la fin d’innombrables espèces animales et végétales, s’est-il transformé en "homo extinctus" ?

Sans alarmisme -un parti pris qui peut de prime abord décontenancer-, ce travail réalisé par Natural History Museum de Londres et présenté pour la première fois en France, se veut très accessible et pédagogique. Il est complété par un espace dédié aux problématiques locales, telles que le bouquetin des Pyrénées ou l’évolution de la faune piscicole dans la Garonne. Et bien sûr, au rez-de-chaussée et à l’étage du muséum, les collections permanentes restent visibles, ainsi que l’exposition temporaire « Oka Amazonie, une forêt habitée ».

 

Jusqu’au 28 juin 2020
Nombreuses conférences gratuites en marge de l’exposition, ateliers et visites commentées.
Programme et infos pratiques : www.museum.toulouse.fr

 

Photo : © Claire Villard