Le braconnage en hausse depuis le confinement

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Le braconnage en hausse depuis le confinement
© David Lemor - AFP/Archives
Par AFP /Relaxnews publié le

Le braconnage d'espèces en danger pourrait augmenter, alors que l'attention des gouvernements est absorbée par la gestion du coronavirus et des mesures de confinement, a averti mercredi l'ONG Wildlife Justice Commission. A Mayotte, on observe par exemple une hécatombe de tortues sur les plages...

Avec le confinement quasi-mondial des populations, l'inquiétude au sujet d'une augmentation des actes de braconnage grimpe. "Il existe une crainte importante que les actes de braconnage augmentent pendant le confinement, les réseaux criminels profitant de la fermeture des parcs, de patrouilles réduites dans les aires protégées ou du fait que les ressources dédiées au respect des lois se concentrent sur des problèmes liés au Covid-19", a averti l'ONG Wildlife Justice Commission.

Des saisies importantes ont eu lieu en Afrique et en Asie depuis que de larges régions du monde sont soumises au confinement, ou des stocks y ont été repérés. C'est le cas par exemple de plus de six tonnes d'écailles de pangolins saisis en Malaisie le mois dernier, ou encore des stocks d'ivoire au Cambodge, au Laos ou au Vietnam, selon  Wildlife Justice Commission.

Pour l'ONG,  il est important de renforcer le contrôle aux frontières, alors que les réseaux criminels s'adaptent à la nouvelle situation et que le braconnage pourrait bientôt repartir de plus belle. Le coronavirus vient du monde animal, une chauve-souris et le pangolin étant mis à l'index, l'activité humaine ayant favorisé son passage à l'homme.

En février, la Chine a interdit le commerce, le transport et la consommation d'animaux sauvages, ce qui, selon Wildlife Justice Commission, a entraîné la création de stocks d'ivoire ou d'écailles de pangolins dans des pays d'Asie du Sud-Est.

Braconnage record de tortues à Mayotte

L'association de protection des tortues marines de Mayotte Oulanga Na Nyamba a, de son côté, alerté mardi dans un communiqué sur la "recrudescence alarmante du braconnage de tortues marines sur les principales plages de pontes depuis le début de la crise sanitaire liée au Covid-19".

L'association de protection des tortues marines de Mayotte Oulanga Na Nyamba a alerté mardi dans un communiqué sur la "recrudescence alarmante du braconnage de tortues marines sur les principales plages de pontes depuis le début de la crise sanitaire liée au Covid-19".

L'île française située dans l'océan indien est un haut lieu de ponte notamment pour les tortues vertes, avec 3.000 à 4.000 "montées" comptabilisées par an et, en réalité, probablement bien davantage, selon le réseau d'échouage mahorais de mammifères marins et de tortues marines (Remmat). Sur les seules plages de Moya (Petite-Terre), l'une des principales plages de pontes, "28 tortues ont été braconnées depuis le 17 mars", a ainsi constaté l'association environnementale. Mais des cas de braconnage sont constatés sur toutes les plages de pontes, ajoute-t-elle, sans pouvoir donner de chiffres.

Moins d'agents durant le confinement

Mardi matin, "deux braconniers ont ainsi été interpellé avec 60 kg de chair de tortues, en provenance de la plage de Papani (Petite-Terre)", explique Jeanne Wagner, directrice de l'association Oulanga Na Nyamba.

A Mayotte, les plages sont restées vides depuis le début du confinement, car "les gardes du conseil départemental (en charge de la surveillance de certaines plages) étaient confinés", tout comme les agents de la police de l'Environnement de l'Office français de la biodiversité. Et les associations n'ont plus "l'autorisation d'aller sur les plages non plus", raconte-t-elle.

Même si "la situation s'est progressivement débloquée" ces derniers jours, avec la reprise de service de certains agents, "cette absence de fréquentation a laissé libre cours aux braconniers", regrette l'association.

Des centaines de tortues sont braconnées tous les ans à Mayotte mais le phénomène s'est aggravé avec la crise sanitaire, souligne Jeanne Wagner. Les tortues sont tuées pour la vente, illégale, de leur chair. "Il est difficile de dire si c'est lié à la faim et aux situations de pauvreté accentuées par la crise sanitaire", reconnait Mme Wagner.

"Ce qui est sûr, c'est que c'est très lucratif, puisque la viande de tortue peut se vendre jusqu'à 50 euros le kilo" (une tortue verte pèse environ 120 kg), ajoute-t-elle. A Mayotte, la viande de tortue est mangée "pour des occasions spéciales", "uniquement par des hommes", explique-t-elle.