Les riverains victimes de l'épandage de pesticides pendant le confinement

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Les riverains victimes de l'épandage de pesticides pendant le confinement
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Par Justine Cerqueira publié le
Journaliste
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Durant le confinement, neuf ONG ont saisit la justice en urgence pour "stopper les dérogations aux distances d’épandage de pesticides" prises durant cette période, où tous les regards étaient rivés sur l'épidémie, parfois au détriment de l'écologie.

Ce mardi 12 mai, le conseil d’Etat examinera la demande de suspension des textes fixant les règles d’épandage des pesticides à proximité des habitations, formulée par neuf ONG : Générations Futures, UFC-Que Choisir, Collectif de Soutien aux victimes des pesticides de l’Ouest, France Nature Environnement, Union syndicale Solidaires, Eau et Rivières de Bretagne, AMLP, et la LPO, dans un communiqué publié sur le site UFC-Que choisir.

Un assouplissement de la réglementation

A l’automne 2019, le gouvernement organisait une consultation nationale pour définir des distances d’épandage des pesticides, concluant sur des distances très faibles de sécurité, dénoncées par les organisations devant le conseil d’Etat qui réclamaient des bandes de sécurité de 100 ou 150 mètres. Le président de France Nature environnement Pays-de-la-Loire, Jean-Christophe Gavallet avait-été invité à une première réunion explique-t-il au Monde : "nous y sommes allés avec la Ligue de protection des oiseaux (LPO) et l'UFC-Que choisir. Maix tout ce que nous proposions, notamment pour alerter les riverains de risques d'intoxication, était écarté".

L’arrivée de la crise sanitaire du coronavirus a permis au gouvernement de "passer outre le processus de concertation à l’initiative des utilisateurs de pesticides et l’obligation faite dans la loi de respecter des zones sans traitement en l’absence de chartes […] approuvées par les préfets", décrivent les ONG. Les tensions se multiplient entre les exploitants agricoles et leurs voisins.

Un danger pour la santé des riverains

Une exposition chronique à la pollution de l’air est considérée par Atmo-France comme facteur aggravant du Covid-19. Les habitants confinés à proximité se retrouvent donc exposés au risque sans pouvoir s’éloigner lorsqu'ils sont incommodés.

Malgré la forte mobilisation de collectifs, d’associations et de citoyens qui ont interpellé largement les préfets sur ce sujet depuis plusieurs jours, aucune annonce de mesures visant à éloigner les épandages n’a été faite.  Au contraire, dans de nombreux cas, les distances sont fortement réduites, en témoigne les chartes proposées actuellement par des dizaines de maires, "en Bretagne ou dans le Nord, ou encore dans les Pays de Loire divisant les distances nationales par quasiment deux voire trois selon les cultures, sans concertation", déplorent les organisations.

Inaction du gouvernement

Le gouvernement ne s’est toujours pas exprimé sur le sujet. "Les conditions de dialogue et de participation de nos organisations ne sont pas réunies pour réellement atteindre le mieux-vivre ensemble , [...] et les Préfets font également la sourde oreille", déplorent les organisations. 

Pourtant, l'affaire fait débat dans la majorité gouvernementale. Sandrine Le Feur, député LRM du Finistère, a adressé au ministre de l'Agriculture, le 21 avril dernier, un courrier signé par vingt-quatre parlementaires, dans lequel elle interroge cet arbitrage qui "fait le choix d'ignorer la santé des concitoyens confinés", propos auxquels on lui répond : "ce n'est pas le sujet du moment"

Si le déconfinement progressif a débuté, le verdict du conseil d’Etat est aujourd'hui attendu de pied ferme par les militants écologistes et les habitants les plus exposés. 

 

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