L’eau sur terre. Des problèmes, des solutions

Par Bioalaune publié le
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L’eau est source de vie. En cas de mal gestion, de manque ou de pollution, l’eau peut également être source de conflits, de maladies et même de morts. Depuis plusieurs années, les organisations mondiales et associations mettent le doigt sur ces problèmes. Essayons d’être clair et attardons-nous sur le Forum mondial de l’eau, qui se tient actuellement à Marseille et qui essaye de trouver des solutions viables.

 

 

L’eau, une demande qui augmente
Avec une population mondiale de plus de 7 milliards d’individus, l’augmentation des besoins en eau est forcée de croitre. Elle devrait augmenter de 70% d’ici à 2050. La plus forte hausse concerne l’agriculture qui demande déjà près des trois quarts de la consommation générale. La population urbaine va également fortement augmenter, ce qui se répercutera inéluctablement sur la consommation d’eau. Il est alarmant de rappeler que 80% des eaux usées urbaines ne sont ni collectées, ni traitées à travers la planète. Beaucoup de ces eaux repartent dans le circuit, ce qui augmente la pollution et cause d’autres problèmes qui nuisent à la santé (par forcément aux humains d’ailleurs).
Le réchauffement climatique lié à l’augmentation de la population mondiale rend les inondations et les problèmes de sécheresse plus importants. Les catastrophes naturelles vont avoir tendance à augmenter. 90% des futures catastrophes naturelles vont être liées à l’eau, en particulier en Afrique australe et en Asie du sud, endroits où la pauvreté est la plus présente. On sait que l’eau est le pilier sur lequel repose le développement social et économique.
Les ressources en eau sont directement menacées, c’est le bilan du dernier rapport mondial de l’ONU sur la question. Le rapport souligne l’utilisation des nappes phréatiques qui ont triplé ces 50 dernières années. Hors, si la gestion de ces nappes n’est pas faite correctement, elles vont inévitablement s’épuiser. C’est d’ailleurs le cas dans certaines zones sensibles où le seuil limite a déjà été atteint.
L’eau connait une demande de plus en plus forte, or, comme beaucoup de ressources naturelles, elle n’est pas infinie sur notre planète, ce que certains peuvent ignorer ou négliger.

 

Sept morts par minute
La qualité de l’eau potable est un enjeu majeur du forum mondial, car cette eau est une importante cause de mortalité dans les pays en développement. 800 millions de personnes, soit plus de 10% de la population mondiale n’ont pas accès à l’eau potable et 2,5 milliards n’ont pas d’installation sanitaire de base tel qu’un simple robinet ou des toilettes. Ces chiffres ont été délivrés dans le rapport de l’ONU sorti lundi dernier. Cependant, à en croire les chiffres du rapport, les objectifs fixés pour 2015 ont déjà été atteints. A savoir, diviser par deux le nombre de personne n’ayant pas accès à l’eau potable entre 1990 et 2015. Actuellement il est de 89% alors qu’il été fixé à 88% pour 2015. Ces résultats sont encourageants mais le problème est à moitié résolu, car ces chiffres ne prennent pas en compte la qualité de l’eau. Hors c’est là que de gros efforts sont à fournir pour donner à tous un accès à une eau saine.
Ces données sont donc assez précises, mais peu révélatrices d’une certaine manière. D’autres mesures, assez floues, estiment entre 3 et 4 millions le nombre de personnes n’ayant pas accès à l’eau potable de façon pérenne, à savoir quelques heures par jour ou même quelques jours par semaine. La mauvaise qualité des systèmes de distribution est pointée. De plus, les changements de pression dus à une alimentation en eau discontinue, laisse passer plus de pollution contenue dans le sol. Côté hygiène, 2,5 milliards de personnes ne disposent d’aucune installation. Près des deux tiers de la population mondiale pratiquent encore la défécation à l’air libre. C’est d’ailleurs une chose très courante en Inde.
Avec 3,6 millions de victimes par an, l’eau devient ainsi la première cause de mortalité dans le monde. Les enfants sont les premiers touchés. Cela revient à sept morts toutes les minutes.

 

Le Groenland plus sensible que prévu
C’est la revue scientifique Nature Climate Change qui lance l’alarme, la calotte glaciaire du Groenland est plus sensible au réchauffement climatique que prévu. Les précédentes études déjà réalisées annonçaient une augmentation de la température de 3.1°C par rapport à l’époque pré-industrielle, au-delà duquel les glaces qui recouvrent le Groenland auraient totalement fondu. La nouvelle étude annonce une augmentation de 1.6°C pour un résultat similaire. Sachant qu’actuellement, la terre s’est réchauffé de 0.8°C. La perte totale de glace au Groenland est proche. La notion de proximité reste toutefois à relativiser car la masse de glace est très importante et il faut du temps pour que le processus de fonte soit total. En effet, il faudra 2 000 ans pour que la totalité des glaces fonde si la terre est réchauffée de 8°C, il en faudrait 50 000 pour un réchauffement de 2°C. C’est cette limite de 2°C qui a été fixé par la communauté internationale. Au regard du monde actuel et des émissions de gaz à effet de serre, l’augmentation serait portée entre 3 et 4°C.
Après l’Antarctique, le Groenland est la seconde ressource d’eau sur terre. Une fonte des glaces entraine une hausse du niveau de la mer et c’est la vie de plusieurs millions de personnes qui est en jeu. L’étude citée montre que la fonte devient irréversible. D’où la nécessité de prendre des mesures qui ralentiraient cette fonte de manière à mieux se préparer aux conséquences.

 

Forum mondial de l’eau
Organisé tous les trois ans, la 6ème édition du Forum mondial de l’eau se tient actuellement à Marseille du 12 au 17 mars 2012. Il fait suite au Forum de Mexico et d’Istanbul. L’eau est un enjeu mondial, depuis longtemps les problèmes liés sont identifiés, c’est « le temps des solutions », thème donné à ce 6e forum. 20 000 participants de 140 pays sont présents. Le but du forum est de réunir les acteurs mondiaux pour identifier les problèmes et de partager les solutions afin de garantir l’eau comme source de vie et de paix.
On ouvre le robinet tous les jours sans y penser, mais ce geste banal ne l’est pas pour tous. Aujourd’hui nous disposons de l’un des meilleurs services généralisés d’eau potable. Une eau sûre et saine sort de nos robinets 24h/24. Pour beaucoup c’est encore un rêve.
Chacun des participants arrive avec des solutions qui se doivent d’être smart et wise. Smart, c’est-à-dire précises, mesurables et spécifiques. Wise dans le sens de portée à grande échelle. L’avenir de notre planète tient donc dans les solutions qui vont devoir être prises et au respect de celles-ci. Car il ne pourra pas y avoir de développement durable si le problème de l’eau n’est pas résolu.
Les défis à relever sont les suivants :

  • Freiner la dégradation de l’écosystème et des ressources environnementales
  • Donner un accès universel à l’eau potable saine et à l’assainissement.

Ces défis sont simples et clairs. Pour cela plusieurs solutions existent. Premièrement il faut que les pays intègrent des principes de développement durable dans leur politique globale. Deuxièmement, il faut réduire de moitié la part de la population mondiale n’ayant pas accès à l’eau potable et à un service d’assainissement de base. Enfin, chaque pays doit également développer des plans précis de gestion des ressources en eau afin d’éviter le gaspillage et réduire la pollution de l’eau.
Si le problème de l’eau est global, pourquoi chacun ne pourrait pas y apporter ses idées et son aide ? Le forum a mis en ligne une plateforme qui permet à chacun de déposer des idées et des solutions.
Toutes les collectes et partages de solutions sont disponibles ici :
https://www.solutionsforwater.org/

Site du Forum mondial de l’eau :
https://www.worldwaterforum6.org/fr/accueil/

 

Et vous, en plus d’avoir envie d’agir, avez-vous des solutions ?

 

 

Solidarités International lance une campagne pour sensibiliser le grand public au fléau de l’eau insalubre, à l’occasion de la journée mondiale de l’eau qui aura lieu le 22 mars prochain

 

Crédit photo accordé à think4photop ©

Par Mathieu Doutreligne