Vin Bio, la fin de l’âge d’or ?

Par Bioalaune publié le
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Du 28 au 30 janvier se tient à Montpellier le 20e salon du vin Bio, qui rassemble 690 exposants venus de 11 pays différents. Beaucoup s’interrogent sur l’évolution de la filière en prévoyant déjà la fin d’une période de forte croissance. Une bonne occasion pour faire le point sur l’un des produits phares de l’alimentation biologique.

En trois ans, les vignes biologiques ont triplé. Elles ont été multipliées par dix depuis le début des années 2000. C’est incontestable, le vin Bio est en plein boom. Thierry Julien, président du salon montpelliérain prédit « une forte augmentation des volumes de vin certifié bio d’ici deux à trois ans ».

Les derniers chiffres officiels de l'Agence Bio datent de 2011 et montrent que les vignes françaises ont une part en Bio de 7.4%. Cinq régions possèdent un taux supérieur à 10% : le Languedoc Roussillon (+20%), la région PACA (15%), l’Alsace (13%), la région Franche-Comté (12%) et la Corse (10%).

En février dernier est apparue une nouvelle réglementation européenne sur la vinification bio. Cette réforme a apporté plus de clarté, notamment en prenant en compte l’ensemble du processus de transformation du raisin pour l’obtention du label. À partir du millésime 2012, nous aurons de véritables vins bio et pas des vins issus de raisins biologiques.

Patrick Guiraud, vigneron dans le Gard, trouve que cette évolution est bénéfique pour la filière, mais qu’il manque une aide à la consommation, qui passerait par une meilleure communication. Il s’explique : « la production s’est envolée, mais la consommation n’a pas suivi au même rythme. Si ce déséquilibre se maintient, nous n’échapperons pas à une dégradation des prix ». D’autres vignerons estiment que les exigences du bio ne sont pas assez élevées. Gilles Louvet, négociant bio, raconte: « le bio était plus cher de 30% autrefois, c’est 20% aujourd’hui. Pour accepter de payer plus, le consommateur a relevé son niveau d’exigence. Le label bio ne suffit pas. Il faut que la qualité soit au rendez-vous ».

Pour les vignerons Bio présents au plus grand salon du monde du domaine, l’heure n’est pas à la crise, mais l’euphorie des débuts s’est dissipée. La tendance est plus large qu’elle n’en a l’air. Le biologique est sorti d’une filière de niche, il représente actuellement une véritable alternative qui prend de l’ampleur. Olivier Azam, l’un des pionniers du vin Bio dans l’Hérault ajoute : « pour les vracs, ces dernières années, tout était engagé en décembre. Ça n’a pas été le cas cette fois. On assiste même à un décrochage de 15 à 20% sur les merlots. Le marché de niche du bio qui a attiré des dizaines de vignerons quand les vins conventionnels pataugeaient dans la crise, c’est terminé ». Le tassement prédit dans quelques années s’explique par l’incroyable enthousiasme qu’a connu la filière en 10 ans.

Certains vignerons comme Jeanjean, imaginent un futur dans lequel le Bio sera la règle et le conventionnel l’exception. Avez-vous la même vision ?

Rédaction : Mathieu Doutreligne