La France vers un encadrement de l'exposition aux ondes électromagnétiques?

Ondes wifi émanant d'une main tendue
Vers un encadrement des ondes électromagnétiques en France?
Par Manon Laplace publié le
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Téléphonie mobile, connexion internet sans fil, utilisateurs de ces technologies ou non, nous sommes bombardés d’ondes électromagnétiques. A l’heure où la Corée du Sud travaille déjà sur le développement d’un réseau 5 G, l’Assemblée nationale a voté un texte d'Europe Écologie Les Verts qui porte sur l'encadrement des installations d’antennes-relais afin de limiter l’exposition aux radio-fréquences.

Le texte d’EELV portant sur les ondes électromagnétiques, adopté ce jeudi 23 janvier par l’Assemblée nationale, propose un encadrement de l’exposition aux radio-fréquences ainsi que de l'implantion des antennes-relais et évoque l’éventuelle création de “zones  à rayonnements électromagnétiques limités” destinées à préserver les personnes les plus sensibles à ces expositions.

Au premier janvier 2014, l’ANF (Agence nationale des Fréquences) annonçait à 12 525 le nombre d’antennes-relais autorisées pour la 4 G, soit 3,8% de plus qu’en décembre 2013, à peine un mois auparavant. Celles-ci s’ajoutant aux 38 000 sites autorisés pour la 3 G et au autres 38 000 installés pour la 2 G. Même si aujourd’hui le risque des radio-fréquences n’est pas avéré par la communauté scientifique, en 2011, l’OMS avait désigné les ondes électromagnétiques comme des “cancérogènes possibles”, et l’Anses recommandait en 2013 de limiter l’exposition des populations, surtout pour les enfants et les utilisateurs intensifs de téléphonie mobile.

Les maîtres-mots de cette proposition de loi, soumise par la député écologiste Laurence Abeille, seront “sobriété, transparence et concertation” en matière d’émissions d’ondes électromagnétiques et d’installation d'antennes-relais. Pour justifier son texte, la député rappelle la non prise en compte des réticences de la plupart des riverains : “alors que la population est systématiquement contre l’installation d’antennes-relais, neuf fois sur dix, elle n’est pas entendue”.

Bien que la moyenne nationale d’exposition soit de 1 volt par mètre, certaines zones dites “points atypiques” sont en situation de surexposition et peuvent atteindre jusqu’à 10 v/m. Ce sont ces régions qui seront principalement soumises à de mesures de modération qui contraindraient les opérateurs à réduire les niveaux d’émissions. Une autre mesure phare du texte est l’obligation de concertation et de transparence. Si jusque là les élus locaux étaient exclus du processus de décision des implantations des antennes-relais, il en feront désormais partie. ”Il faut donner aux maires le pouvoir d’encadrer démocratiquement l’implantation des antennes” explique Christophe Najdovski, adjoint Europe Écologie Les Vert au maire de Paris

Il s’agit néanmoins d’un projet de loi épineux qui se heurte notamment au mécontentement des grands lobbies de la téléphonie mobile dont on dénonce déjà certaines pressions sur les parlementaires. Huit organisations professionnelles du numérique ont déjà réagi et appelé à une modification du texte afin de ne pas susciter de "peurs irraisonnées" autour des technologies mobiles et sans fil, et prônent la nécessité de la promotion et de l’innovation en matière de numérique au bénéfice de la croissance, de la compétitivité et de l’attractivité des territoires et de l’emploi.
 

Rédaction : Manon Laplace