Ils abandonnent les pesticides pour soigner leurs cultures… en musique !

Piano abandonné au milieu des herbes hautes
La protéodie ou comment soigner les plantes par la musique
Par Manon Laplace publié le
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La génodique. Si ce nom ne vous dit peut-être rien, il s'agit d'une science qui consiste à soigner les plantes par la musique. Bio à la une revient sur cette méthode incongrue qui fait ses preuves auprès des agriculteurs.

Laisser tomber les pesticides chimiques et soigner ses cultures avec des notes de musique. C’est le pari un peu fou qu’ont déjà fait une centaine de producteurs français, vignerons ou maraîchers. Et si l’idée peut prêter à sourire, il semblerait qu'elle offre de bons résultats.

Tout commence dans les années 1960, avec Joël Sternheimer, physicien diplômé de l’université de Princeton aux États-Unis. Pendant des années, il étudie le lien entre la synthèse des protéines (molécules essentielles à la vie des cellules) et la musique.

Pour le physicien, les acides aminés qui composent les protéines s’enchaînent de manière régulière, et sont cohérents sur le plan harmonique si on les fait dérouler sur un appareil de musique. En d'autres termes, le développement des protéines serait influencé par les ondes musicales si l’on part du principe que la matière est à la fois matérielle et vibratoire.

Joël Sternheimer travaille alors sur ce qu'il nomme la “protéodie”, soit la mélodie des protéines. À partir de cette découverte, le scientifique développe une méthode permettant de stimuler ou d’inhiber les protéines des organismes vivants grâce aux ondes de certaines notes de musique. C’est la génodique, contraction de “génétique” et “mélodique”.

Le brevet, déposé en 1992, ne sera validé que quinze ans plus tard, en 2007, après de longues années de polémiques sur la méthode de Joël Sternheimer.

Toujours est-il qu’aujourd’hui, certains agriculteurs tentent l’expérience et que le succès semble être au rendez-vous. Depuis 2009, des vignerons ont décidé de recourir à la génodique pour combattre l’esca, un champignon qui détruit les vignes. Pendant longtemps, l’arsénite de soude était la solution contre l’esca, jusqu’à son interdiction en 2001, après quoi les producteurs se sont retrouvés à cours de solutions pour lutter contre le champignon. C’est alors qu’intervient la méthode de Joël Sternheimer. Une fois la bonne série harmonique décodée, l’esca est inhibé et les vignes soignées sans produits chimiques.

Depuis cinq ans, près de 80 vignerons ont adopté cette méthode, commercialisée par l’entreprise Genodics, créée par le chercher. À raison d’une à deux diffusions de sept minutes de musique par jour, la mortalité des vignes pourrait baisser de 60 % à 64 % dès la première année. Et l’expérience ne s’arrête pas là. En plus d’inhiber le développement de certains nuisibles, la protéodie pourrait améliorer la croissance des légumes.

En Loire-Atlantique, un producteur de concombre s’est initié il y a trois ans à la génodique pour combattre un champignon, le didymella. Le traitement a eu pour effet de diminuer le nombre des pertes, mais aussi de rendre les produits plus beau. “Il y a quelques mois on a eu une panne d’un diffuseur de musique pendant trois jours et le didymella était déjà de retour ” affirme Christian Douillard au magazine Terraeco.

Même si elle n’est pas encore validée par les grands organismes scientifiques, jugée fantasque, la méthode est aujourd’hui testée en laboratoire pour soigner les huîtres. Si les effets de la génodique sur les cellules animales étaient avérés, rien n’empêche, à l’avenir, d’imaginer des traitements musicaux pour soigner les hommes.


Rédaction : Manon Laplace
Source : Genodics