3 idées reçues sur la cigarette électronique

Homme fumant une cigarette électronique
3 idées reçues sur la cigarette électronique
Par Mathieu Doutreligne publié le
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Moins dangereuse, moins polluante, plus naturelle, la cigarette électronique s'impose comme un dispositif miraculeux dotées des qualités les plus vertueuses. Mais qu'en est-il réellement ?

Près de 2 millions de fumeurs ont d'ores et déjà troqué leur paquet de cigarettes contre la cigarette électronique. Sachant qu'un fumeur sur deux meurt des conséquences du tabagisme (cancers, maladies cardio-vasculaires, maladies respiratoires, etc.), cette nouvelle est plutôt réjouissante.

Cependant, devant la concurrence de plus en plus forte dans le milieu de l'e-cig, certains fabricants n'hésitent pas à se donner une image plus verte et à avancer l'argument bio. Face à ce green washing récurrent les consommateurs ne savent plus à quelle cigarette se vouer.

Bio à la Une a mené l'enquête pour vous aider à démêler le vrai du faux.

La cigarette électronique génère moins de déchets - VRAI

L’un des arguments clés des fabricants concerne les déchets engendrés par les mégots de cigarettes. En effet, 12 milliards de mégots sont jetés chaque année en France, dont une partie dans la nature. Or, il faut savoir qu’un mégot met 12 ans pour se décomposer naturellement. Sans compter les emballages carton et plastique qui constituent les paquets de cigarettes.

La cigarette électronique que l’on peut recharger à l’infini apparaît donc comme un outil écologique. Les seuls déchets sont constitués des flacons d’e-liquides avec lesquels on recharge l’e-cigarette, ces flacons étant généralement fabriqués en matière plastique. D’autres fabricants d’e-liquides ont en revanche opté pour des flacons en verre, matériau recyclable à 100%.

On peut trouver des e-liquides bio – FAUX

Les e-liquides bio ont récemment fait leur apparition dans les boutiques spécialisées et sur le net. S'ils n'affichent aucun label sur leurs flacons, leur description vantent les mérites d'ingrédients 100 % naturels et issus de l'agriculture biologique.

Les e-liquides sont généralement composés de propylène glycol à 70 %, de glycérine végétale à 25 %, d'éthanol, d'eau, d'arômes et de nicotine (ou non).

Les fabricants d'e-liquides bio évitent l'utilisation de propylène glycol qui est un produit issu d'une réaction chimique et lui préfèrent une composition exclusivement constituée de glycérine végétale, élaborée à partir d'huile de colza certifiée issue de l'agriculture biologique. L'alcool est produit à partir de graines issues de l'agriculture biologique et les arômes naturels alimentaires sont bio. Jusqu'ici, les règles sont respectées.

Cependant, la nicotine, aussi pure soit-elle, ne peut pas être un produit bio. Et ce pour plusieurs raisons. 95 % de la production de tabac est cultivée en Chine de manière intensive. Les chinois, peu regardant sur l'écologie, déversent chaque année des milliers de tonnes de pesticides sur les plants de tabac. Ensuite, le séchage des feuilles de tabac se fait traditionnellement au bois. Or, pour sécher un hectare de tabac, un hectare de bois est nécessaire. Une pratique responsable de 5 % de la déforestation de la planète.

Enfin, la nicotine, extraite des feuilles de tabac, est une substance très toxique qui nuit gravement aux êtres vivants. Les flacons d'e-liquides nicotinés ont l'obligation de faire figurer le pictogramme indiquant que le produit est dangereux pour l'environnement. Comment un tel produit pourrait-il être labellisé Ecocert ?

La cigarette électronique est moins dangereuse que la cigarette classique - VRAI et FAUX

Le tabac contenu dans la cigarette classique est composé de goudron. Goudron qui se dépose sur les bronches et est à l'origine du tristement célèbre cancer du poumon.
La cigarette électronique élimine ce risque, cependant, les scientifiques ne bénéficient pas du recul suffisant pour estimer les effets à moyen et long terme du propylène glycol sur l'organisme.

D'autre part, il semblerait que des particules de métaux lourds aient été détectées dans la vapeur inhalée durant le vapotage. Ces résidus seraient directement issus des matériaux constituant la cigarette électronique qui auraient été transférés dans la vapeur au moment de la chauffe. Si ces composants se retrouvent dans la vapeur, ils le sont  en quantité infime comparés aux 4000 substances toxiques présentes dans la fumée de cigarette.

Enfin, la nicotine liquide qui a déjà fait de nombreuses victimes outre-atlantique, représente un réel danger notamment pour les jeunes enfants.

De par la façon dont il est cultivé et les dégâts qu'il occasionne sur la santé, le tabac est un produit qui entre en totale contradiction avec l'esprit bio. La cigarette électronique apparaît alors comme un moindre mal en comparaison et peut être considérée comme un outil intéressant dans le cadre d'un sevrage tabagique.

Rédaction : Chrystelle Camier