Uniformisation des cultures : 75 % des variétés de fruits et légumes ont disparu

pomme rouge dans un réfrigérateur vide
Uniformisation des cultures 75 % des variétés de fruits et légumes ont disparu en cent ans
Par Manon Laplace publié le
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Les trois quarts des variétés de fruits, légumes et céréales cultivés ont disparu en cent ans. Un appauvrissement critique de la diversité génétique des plantes imputable à une agriculture industrielle uniformisante. 

Depuis un siècle, quelque 75 % des variétés de plantes cultivées ont disparu selon les estimations de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). La faute à un modèle agricole qui favorise l’uniformisation des cultures et la mécanisation à l’extrême du travail dans les champs.

Dans les années 50, la révolution verte marque l’introduction d’espèces végétales à haut rendement. Et parallèlement de l’extinction progressive des plantes dites traditionnelles, jusqu’alors cultivées. Plus colorés, plus brillants et plus gros, les fruits et légumes standards remplacent les fruits et légumes bigarrés d’antan, moins rentables.
 

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Preuve de cette uniformisation massive des cultures : aujourd’hui seules 150 variétés de plantes nourrissent la planète, contre la dizaine de milliers de végétaux cultivés depuis la naissance de l’agriculture. 150 variétés qui ne sont pas non plus cultivées à parts égales. “ 75 % de l’alimentation mondiale est générée par seulement 12 plantes et 5 espèces animales ” s’inquiète le Dr Stephen Kampelmann, économiste interrogé par le journal belge Le Soir.

Des 73 variétés traditionnelles de melon cultivées au début du XXe siècle, il n’en existe plus qu’une. Tout comme il n'ont subsisté que sept variétés traditionnelles de tomates contre une trentaine en 1900. Cette standardisation de l'agriculture fragilise les cultures et pose le problème de la préservation de la biodiversité.

Dans une démarche productiviste, l'actuel système agricole sélectionne les variétés les plus résistantes aux aléas climatiques, les plus normées esthétiquement et dont la croissance est la plus rapide. Des espèces hybrides pour la plupart (70 % de semences hybrides dans l’Union européenne). Une quête de l’efficacité et du rendement encouragée après la seconde guerre mondiale par la création d’un catalogue du Comité technique permanent de la sélection des plantes cultivées (CTPS) qui définit les variétés à mettre en culture pour intensifier la production. Allant jusqu’à interdire la commercialisation des espèces qui n'y figurent pas, afin de ne pas concurrencer le développement des variétés jugées plus efficaces.

Plus encore que de voir disparaître la diversité génétique des plantes, cette uniformisation appauvrit les sols, et fragilisent les cultures qui deviennent plus vulnérables aux ravageurs ou aux maladies. Une faiblesse combattue à grand renfort de systèmes d’irrigation intensifs, souvent très coûteux, d’engrais chimiques et de pesticides qui mettent à leur tour la biodiversité à mal.