La OHANA : un maxi trimaran écologique à vocation pédagogique

Vue du maxi trimaran La Ohana
La Ohana : un maxi trimaran pédagogique à vocation écologique
Par Mathieu Doutreligne publié le
12531 lectures

Interview de Pascal Bouche par Mathieu Doutreligne pour Bio à la Une. Pascal Bouche est l'initiateur du projet La OHANA, voilier géant qui souhaite naviger à travers tous les océans pour sensibiliser à l'écologie à travers des émissions ludiques.

Bio à la Une : Pouvez-vous en quelques mots nous décrire votre projet ?

Pascal Bouche : La OHANA est un projet dont le but est d’explorer à travers le monde toutes les alternatives sociales, économiques et environnementales possibles en relation avec l’océan sous forme d’émissions TV ludiques et pédagogiques à destination d’une audience familiale.

Le projet repose sur trois piliers. L’océan est l’avenir de l’humanité et une véritable aubaine pour la France qui dispose du second littoral le plus étendu au monde ! La famille, quant à elle, constitue selon nous le berceau idéal pour faire grandir ces nouvelles idées. L’image et le web, d’autre part, sont les meilleurs moyens pour diffuser largement de nouvelles idées et créer de l’interactivité.

Ainsi nous avons imaginé une plateforme océanique d’exploration d’un nouveau genre. Elle pourra se déplacer rapidement à travers les océans sans polluer et disposera à son bord de l’équipage et du matériel nécessaires pour filmer et diffuser en direct toutes ces découvertes que nous ferons conjointement avec la famille vivant à bord, les invités et les internautes.

Bio à la Une : Quelles sont les ambitions de la OHANA ? Sensibiliser le grand public ou agir auprès des communautés engagées ?

PB : Nous voulons principalement sensibiliser le grand public autour de l’importance de l’océan pour notre avenir et ce, non seulement en terme d’environnement mais aussi au niveau économique et social. Comme l’expérience n’est pas la meilleure manière d’apprendre mais la seule, notre famille vous emmènera directement à la rencontre de ces alternatives en lien avec l’océan. Ensemble, nous découvrirons ces nouveaux métiers, identifierons des besoins émergeants, étudierons les ressources potentielles et esquisserons des solutions innovantes qui pourraient bien changer le monde.

Chaque émission sera conçue autour d’une action concrète réalisée sur site sous forme d’un défi. Le format des émissions se basera sur le principe d'une téléréalité vertueuse. Par exemple, dans notre émission phare « Destination OHANA », chaque saison, 9 familles seront sélectionnées sur internet pour venir nous rejoindre à tour de rôle. Nous passerons une semaine ensemble pour relever un défi sous forme d’épreuves physiques et intellectuelles.

Pour mener à bien l'ensemble de ces missions, nous compterons sur l’aide de spécialistes, de célébrités et des internautes qui nous soutiennent déjà.

 

Bio à la Une : Quelles personnes pourront séjourner/embarquer dans le maxi trimaran ? Proposez-vous des vacances écologiques ou plus que cela ?

PB : L’objectif de La OHANA est d’embarquer le plus de personnes possible sur le maxi trimaran. Nous accueillerons non seulement des scientifiques, des associations, des célébrités mais aussi des particuliers et des familles du monde entier. Au delà des émissions, la vie à bord sera une véritable expérience d’immersion au cœur de l’océan dans une approche éthique et écologique de l’environnement. Rien que la serre hydroponique qui doit servir à nourrir une partie de l’équipage sera une expérience de vie sans précédent.

Personne ne sortira de La OHANA comme il est entré. C’est pourquoi nous avons tenu à ce que La OHANA soit accessible au plus grand nombre et ce, quel que soit son handicap.

En plus des émissions et des missions que nous réaliserons dans le cadre de notre démarche, la OHANA sera mise à disposition des associations, entreprises ou toute organisation souhaitant utiliser une plateforme communicante pour mener des actions, réaliser des séminaires ou encore des formations en lien avec l’océan.

Quant à en faire un navire charter pour des vacances éthiques ou écologiques d’un autre type, ce n’est pas sa vocation première.

Bio à la Une : D'où vous est venu cette idée ? Est-ce une suite logique de votre périple en solitaire à travers la planète ?

PB : Le périple que nous effectuons sur notre trimaran, le Quetzalcóatl, depuis maintenant 5 ans, n’est pas un périple en solitaire. Nous sommes partis en famille, avec nos 3 enfants et notre chat. À la Graciosa, sur la petite île la plus au nord de l’archipel des Canaries, un quatrième enfant est venu se joindre à l’équipage, Titouhann, âgé aujourd’hui de 3 ans.

L’idée de La Ohana a émergé des rencontres que nous avons faites pendant ce grand voyage en famille et d’un constat qui nous amena à nous poser trois questions essentielles :

  • Nous sommes de plus en plus nombreux sur Terre, c’est un fait ! Or, nous ne vivons que sur 28% de sa surface. 72% de la planète reste pour les terriens un univers encore plus inconnu que la planète Mars ! N’y a-t-il pas dans cette immensité un salut pour notre humanité ?
  • Si oui, quelles sont les opportunités économiques, sociales et environnementales que nous offre l’océan ?
  • Enfin, comment pouvons-nous appréhender cet espace immense avec une réelle éthique environnementale sans répliquer nos erreurs commises sur terre ?

Bio à la Une : Qu'avez-vous appris durant les 5 années à bord du Quetzalcóatl ?

PB : Quand nous avons commencé à vivre en famille sur notre trimaran en octobre 2009, nous rêvions de partager avec nos enfants la beauté du monde et de son humanité en vivant avec le strict minimum en harmonie avec la nature. Ce que nous avons vécu ensuite fut totalement différent.

Nous avons rencontré des familles formidables, avons vécu des moments inoubliables, sommes plus autonomes qu’avant et vivons plus près de la nature, mais cela ne doit pas servir de leurre face à une réalité moins optimiste. L’humain rêve de s’affranchir de la nature, non par confort comme on pourrait le penser, mais pour sortir de l’état de survie. La crise économique et sociale que vit l’Occident actuellement n’est rien comparée à la situation dans les pays dits émergeants. Seul le riche peut parler de décroissance même s’il s’avère que ce soit la solution la plus « éthique » pour la survie d’une humanité sans cesse grandissante avec des ressources, elles, limitées.

Pour ne parler que de notre famille, nous sommes des « colibris » dans notre philosophie et dans notre manière de vivre. Mais je n’oublie pas que nous nous sommes affranchis auparavant du besoin de survie. C’est vrai que nous dépensons beaucoup moins, que nous récupérons tout ce qui est possible de l’être et que nous utilisons tout jusqu’à la corde. Nous avons réduits nos besoins à ce qui nous semble l’essentiel. C’est aussi vrai que nous sommes heureux et n’éprouvons pas de manque.

Aujourd’hui, notre budget tout compris pour 2 adultes, 4 enfants et un chat, ne dépasse pas 1 500 euros par mois, soit trois fois moins que notre budget de vie citadine précédent. Pourtant, ce montant « dérisoire » pour certains reste encore inaccessible pour 60% des habitants de la planète. D’une certaine manière la décroissance est en route, car l’économie s’effondre. De plus, l’énergie fossile venant à disparaître rapidement, elle ne sera plus un problème environnemental. Il nous reste donc à imaginer ce nouveau monde avec des ressources illimitées et non polluantes qui permettrait à l’ensemble du vivant actuel de s’épanouir en harmonie avec son environnement. Ce n'est pas une utopie et nous voulons vous le faire découvrir grâce au navire d’exploration d’un nouveau genre, La OHANA.

Bio à la Une : Avez-vous d'autres choses à dire sur le projet ?

PB : Oui, La OHANA permettra de découvrir de nouveaux horizons porteurs d’espoir pour tous et c’est bien de cela dont l’humanité a le plus besoin aujourd’hui, de l’espoir !

 

Afin de créer la 1ère social TV environnementale, La OHANA a lancé sa campagne de crowndfouding sur indiegogo.com et souhaite récolter 50 000€ pour ainsi faire avancer le grand projet de manière collaborative.