L’agriculture biologique est plus productive qu’on ne le pense

Champ de salades biologiques et agriculteurs
L’agriculture biologique est plus productive qu’on ne le pense
Par Dominique FIRBAL publié le
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C’est ce que démontre une étude menée en 2014 par des agronomes de l’Université de Berkeley (Californie). Elle tend à réduire l’écart constaté avec les rendements l’agriculture conventionnelle et donner de nouveaux espoirs pour le développement de l’agriculture bio.

20% à 25% de différence de rendement entre la bio et la conventionnelle, c’est ce qu’avaient démontré deux précédentes études, publiées en 2012 par des chercheurs des Pays Bas et du Canada.

Une nouvelle équipe du Berkeley Food Institude a souhaité revisiter ces statisques avec une série de métadonnées trois fois plus importante que précédemment (soit 115 études contenant plus de 1 000 observations). « Dans la série de données  collectées sur les 35 dernières années, et concernant 38 pays et 52 types de cultures, il nous apparaît que les rendements biologiques sont inférieurs de seulement 19,2 % par rapport aux rendements conventionnels. » affirme Mme Kremen qui a piloté les recherches.

Cette baisse d’écart mérite d’être signalée, mais Mme Kremen et son équipe ne s’arrêtent pas là dans leurs conclusions.

Un écart réduit à 8 à 9%

« Nous avons pu constater que cet écart peut tomber à 8% en utilisant les techniques de rotation des cultures, et à 9% avec celle des polycultures. » Voilà bien la conclusion majeure de l’étude de Berkeley.

Mais quelles sont ces pratiques qui permettent d’ouvrir des perspectives si prometteuses pour l’agriculture biologique ? La rotation culturale signifie la succession des cultures sur une même parcelle.
Pour la polyculture ou les cultures associées, il s’agit de mélanger différentes espèces sur une même parcelle pour leur complémentarité.

 

Claude Aubert, agronome et spécialiste du bio connaît bien ces systèmes. « Ce sont des pratiques très anciennes, elles ont précédé l’agriculture industrielle au niveau mondial. Mais elles sont incompatibles avec la mécanisation de l’agriculture telle qu’elle existe aujourd’hui et encore plus avec l’emploi des pesticides qui sont différents pour chaque produit cultivé. »

Vers un écart encore moindre ?

Pour Claude Aubert, comme pour l’équipe du Berkeley, il est indispensable que la recherche se tourne vers l’agriculture biologique. « Les chercheurs ne se sont pas intéressés au bio durant les 30 dernières années, martelle Claude Aubert. Pourtant les techniques du bio sont améliorables dans le domaine de la fertilisation ou de la lutte contre les insectes et les maladies par exemple. »

Selon notre ingénieur agronome, de nombreux facteurs doivent être pris en compte pour améliorer les résultats de la bio. « Un exemple : Les cultivateurs bio utilisent souvent des semences sélectionnées pour l’agriculture conventionnelle qui emploie des engrais azotés.

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En bio, on prend souvent des plantes avec des systèmes racinaires développés pour qu’elles aillent chercher plus profond dans le sol les ressources qui ne sont pas déversées à la surface. Les semences de ces plantes spécifiques ne sont pas sélectionnées par l’agriculture conventionnelle, elles seraient pourtant plus rentables pour l’agriculture biologique ».

Quant à la qualité des sols, que la FAO a mis au premier rang de ses preoccupations pour 2015, il est évident que l’agriculture biologique permet de remettre en état ou d’améliorer la fertilité d’un sol. Et plus un sol est fertile, plus il donne des rendements élevés.

Toutes ces raisons nous permettent d’espérer que, si les efforts des protagonistes de la recherche et de l’agriculture biologique se conjuguent, les 8 ou 9% d’écart de productivité pourraient diminuer encore, et pourquoi pas, atteindre le 0.

Source : royalsocietypublishing.org - sciencedirect.com - nature.com - terrevivante.org - fao.org