Cette brasserie fait pousser ses fruits et légumes 100% bio au pied de la Tour Eiffel

Le jardin potager de la brasserie Frame, dans le XVe arrondissement de Paris
Cette brasserie fait pousser ses fruits et légumes 100% bio au pied de la Tour Eiffel
Par Manon Laplace publié le
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La brasserie Frame dans le XVe arrondissement de Paris s'est dotée il y a un an d'un potager cultivé sans pesticides. En plein centre-ville cet espace vert fournit à l'établissement une partie de ses fruits et légumes.

C’est un trou de verdure coincé entre le béton et le verre. Ici, ni rivière ni glaïeul. Mais le vrombissement des voitures qui défilent sur l'avenue de Suffren, et des plans de légumes par centaine. On est en plein Paris, à deux pas de la Tour Eiffel, les pieds sur l’herbe du jardin potager de la Brasserie Frame, rattachée à l'hôtel Pullman dans le XVe arrondissement.

Depuis un an, Lucie Monthioux s’occupe des jeunes pousses. Ancienne d’HEC Montréal, la dynamique brindille assure l’entretien du potager quelques jours par semaine pour le compte de Topager, société spécialisée dans les jardins urbains. C’est à elle aussi que revient la tâche des semis, en accord avec le chef du restaurant. “On se concerte avec le chef pour savoir ce qu’on veut planter et en quelle quantité”, indique-t-elle. La cuisine veut des courges ? Elle en aura à la prochaine récolte.

C’est ainsi que le poirier Beurré Hardy précède le prunier Président, lui-même placé devant le cerisier Bigarreau Napoléon. Autant de variétés rustiques d’arbres fruitiers, choisies pour leur résistance. Pas question ici de traiter : “Non seulement l’utilisation de produits chimiques a été interdite en ville, mais ce n’est surtout pas notre philosophie”, insiste la jeune diplômée en développement agricole durable et sécurité alimentaire.

Des méthodes agricoles durables : voilà ce en quoi croit Topager. Ici, les plantes cohabitent utile. Dans un même bac, les œillets repoussent les pucerons et protègent les tomates. Lesquelles font de l’ombre aux radis qui poussent à leur pied, pour rentabiliser l’espace. À chaque saison les carrés de terre changent de locataire. Les choux laissent place aux poireaux, la roquette aux fèves. “Ça évite d’appauvrir les sols, justifie Lucie, chaque plante puise des nutriments en particulier, on assure une bonne rotation des cultures pour garder un sol riche.

Contre les nuisibles, les vertes mains du potager de la brasserie Frame ne manquent pas de ressource. Dans les bacs, des morceaux d’ardoises recouvrent de petits récipients, remplis de bière : “ça piège les limaces.”  Ces mêmes rampants qu’Anissa offre parfois aux six poules qui logent devant le coin verger. La jeune femme de vingt-huit ans travaille pour la société qui était responsable de l’entretien de la parcelle avant l’installation du jardin potager. Aujourd’hui elle contribue avec Lucie à le faire vivre.

Les poules pondeuses de la brasserie Frame, à l'affût de quelques limaces

Le potager est régi par une dynamique vertueuse. Le jardin alimente les cuisines, lesquelles compostent leurs déchets organiques pour nourrir les plantes. Et les gallinacés ne sont pas en reste : nourries de quelques restes alimentaires, elles fournissent une trentaine d’œufs frais par semaine, servis pour le brunch dominical à côté du miel qu'offrent les quatre ruches qui surplombent les salades, juste sous les fenêtres des clients de l’hôtel.

Les quatre ruches de la brasserie Frame fournissent du miel en quantité

De son partenariat avec Topager, la brasserie tire une carte de saison, et des produits d’une absolue fraîcheur. Chaque matin le personnel des cuisines vient faire un brin de cueillette, selon le menu du jour. “C’est un luxe et un réel bonheur que de pouvoir faire son marché à domicile” apprécie Alain Losbar, chef exécutif.

Mais les 600 m² de verdure qu’offre l’arrière-cour de l’hôtel ne remplissent pas encore le garde-manger de Frame. Les fruits et légumes récoltés servent principalement aux suggestions du jour. Ce qui n’empêche pas Alain Losbar de voir plus grand : le chef voudrait replanter du houblon, comme cela avait déjà été fait, et aménager une brasserie pour proposer aux clients une bière maison aromatisée à la tomate verte, cultivée sur place, évidemment. “Et pourquoi pas une chèvre, pour tondre écolo ?!