Pesticides : 6 ONG environnementales portent plainte contre l’Europe

Bouteilles de Roundup sur un étalage de supermarché
Pesticides : 6 ONG environnementales portent plainte contre l’Europe
Par Mathieu Doutreligne publié le
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En vue du renouvellement probable jusqu’à 2031 de l’utilisation des pesticides contenant du glyphosate, six ONG environnementales européennes ont officiellement déposé plainte mercredi 02 mars 2016 contre les responsables de son évaluation en Europe. Une plainte a été déposée hier par Générations Futures, Global 2000, PAN Europe, PAN UK, Nature et Progrès Belgique et wemove.fr, six ONG environnementales de cinq pays européens, à l’encontre des responsables de l’évaluation du glyphosate en Europe. En effet, la Commission européenne s’apprête à renouveler pour 15 ans l’autorisation du principal composant actif du Roundup de Monsanto. Les ONG reprochent aux évaluateurs d’avoir fermé les yeux sur les effets cancérogènes du glyphosate (molécule active du Roundup) et sont contre la possibilité de voir ré-autoriser sur le marché européen cette molécule. Voici le communiqué de Générations Futures, expliquant plus en détail la raison du dépôt de plainte.

Bruxelles, le 2 de Mars 2016

-- Des ONG environnementales agissent contre le glyphosate

En Mars 2015, le glyphosate a été classé par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) comme cancérogène probable pour l’homme. Mais en Europe, l’Institut fédéral allemand pour l’évaluation des risques (BfR), -agissant en tant que rapporteur pour la Commission européenne et l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) – , a approuvé la demande de l’industrie et a proposé de classer le glyphosate comme "non-cancérigène". Le Règlement européen sur les pesticides 2009 (1107/2009) interdit les substances actives, pouvant causer le cancer, or avec cet avis du Bfrle feu vert a été donné pour une nouvelle approbation de glyphosate en Europe.

Le 7 Mars, le Comité permanent de la Faune, Flore, et de l’alimentation humaine et animale va réévaluer l’autorisation de glyphosate pour 15 ans et il semble que selon toute vraisemblance, les États membres soient susceptibles de voter en faveur.

Les produits à base de glyphosate sont les plus largement utilisés en tant que désherbants dans le monde, utilisés non seulement en agriculture, mais aussi dans les espaces publics tels que les jardins publics, les parcs et les cimetières. Pas étonnant que les résidus de ce pesticide dangereux se retrouvent dans l’environnement, dans les aliments et dans notre corps, tout récemment, les résidus de glyphosate ont été détectés dans la bière allemande.

La plainte de nos ONG, déposée à Berlin, apporte des éléments sur des manquements aux dispositions légales et des normes scientifiques qui ont été utilisées pour refuser la cancérogénicité du glyphosate, et demande une enquête plus approfondie sur la question.

Dans son évaluation, le BfR allemand a initialement invoqué quasi-exclusivement les données de cancérogénicité et de l’évaluation statistique fournie par le Groupe de travail Glyphosate (GFT), mais après que l’OMS ait classé le glyphosate comme un "cancérogène probable pour l’homme", le BfR a trouvé l’incidence des tumeurs statistiquement significative dans cinq études de cas fournies par l’industrie, à l’aide d’un test statistique différent (le «test de tendance»). Mais, dans une violation des lignes directrice de l’OCDE et des principes scientifiques de base, d’abord le BfR puis l’EFSA ont rejeté ces conclusions sans rapport avec l’exposition (voir l’annexe pour une explication détaillée).

« Lorsque nous avons examiné la façon dont le BfR et l’EFSA d’un côté et les experts de l’Organisation mondiale de la Santé de l’autre pourraient aboutir à des conclusions opposées après avoir révisé les mêmes études sur les animaux, nous avons été impressionnés par ce que nous avons trouvé », dit Angeliki Lysimachou de Pesticide Action Network Europe en charge du dossier des perturbateurs endocriniens.

« Il est difficile de comprendre comment le BfR peut simplement adopter les conclusions de Monsanto. Monsanto avait déjà été en conflit avec la loi, et ce n’est pas la première fois qu’ils ont donné des informations incorrectes sur le glyphosate », explique Josef Unterweger, l’avocat qui a porté cette plainte au nom des ONG.

« Les failles dans l’évaluation des risques de glyphosate sont inacceptables, illégales et dangereuses. Ainsi, nous demandons instamment aux États membres européens de rejeter la ré-approbation du glyphosate le 7 Mars et prendre position pour protéger la santé humaine et l’environnement », ajoute Angeliki Lysimachou.

« Notre association, Générations Futures, s’associe à cette plainte car elle n’a de cesse de dénoncer – grâce au travail précieux mener par PAN Europe – les nombreuses failles et les carences des homologations de pesticides au niveau européen. Il est temps de faire respecter les lois et Règlements votés démocratiquement et qui sont de manière trop systématique ralenties, voire détournées, dans leur application par des techniciens ou des industriels prompts à les détricoter et/ou les affaiblir! » déclare François Veillerette, Porte-parole de Générations Futures « Nous appelons les citoyens à faire aussi entendre leur voix sur ce dossier et les invitons à signer la pétition que nous avons lancé avec les ONG Foodwatch et La Ligue contre le cancer » conclut-il.

Source : Communiqué de presse de Générations Futures