Certaines crèmes solaires désormais interdites à Hawaï

Les crèmes solaires désormais interdites à Hawaï
Les crèmes solaires désormais interdites à Hawaï
Par Cécilia Ouibrahim publié le
Journaliste
16816 lectures

Hawaï a adopté une loi mardi 1er mai visant à interdire la vente de certaines crèmes solaires. Des produits chimiques qui polluent les océans, nuisent aux coraux et menacent la vie sous-marine.

Alors que les crèmes solaires protègent la peau des dangers du soleil, elles détruisent, dans le même temps, les océans et abîment les coraux et la vie sous-marine de l’archipel d’Hawaï. En cause ? Leurs composants toxiques. Face à ce constat, les législateurs hawaïens ont adopté mardi 1er mai une loi interdisant certaines protections. L’interdiction, l’une des premières concernant ce type de produits, a été signée par le gouverneur David Idge et prendra effet début 2021. "Il s'agit étonnamment d'une première dans le monde pour une telle loi", a déclaré le sénateur Mike Gabbard, qui a présenté le projet de loi. "Donc, Hawaï est définitivement à la pointe en interdisant ces produits chimiques dangereux dans les crèmes solaires. Quand on y pense, notre île paradisiaque, entourée de récifs coralliens, est l'endroit idéal pour servir de référence au reste du monde."

Des produits chimiques très nocifs

En moyenne, près de 6000 tonnes de crème solaire seraient déversées dans les océans chaque année. Le oxybenzone et l'octinoxate, des produits chimiques toxiques qui composent ces protections solaires, ont un impact néfaste sur les espèces marines, notamment sur phytoplancton et le corail, en voie de disparition. La loi hawaïenne interdit donc la vente des crèmes contenant ces produits, et n’autorise que les protections solaires prescrites par une ordonnance médicale.
En effet, l’oxybenzone est contenu dans plus de 3500 produits cosmétiques. Une étude des Archives of Environmental Contamination and Toxicology, publiée en 2015, démontre que ce composant chimique participe au blanchiment des coraux et les vide de leurs nutriments.

"Cela cause d'étranges déformations dans les tissus du corail et entraîne les larves à se recouvrir de leur propre squelette, dans leur propre cercueil", affirme l’un des auteurs de l’étude sur le Guardian Craig Downs.

Une interdiction qui augmenterait les risques de cancers ?

La loi qui interdit la vente de crèmes solaires à Hawaï se heurte cependant à des détracteurs. Elle n’est pas au goût des dermatologues qui alarment sur le danger de ne pas se protéger du soleil. Selon eux, la loi risquerait d’encourager les gens à ne plus porter de crème solaire, s’exposant ainsi à des risques de cancers de la peau.

"Une interdiction de ces écrans solaires à Hawaï - l'État avec le nombre le plus important d'avertissements quotidiens sur les indices UV et avec des taux très élevés de cancer de la peau et de mélanome - serait un désastre de santé publique", déclare Doug Johnson, porte-parole de la Hawaï Dermatology Society.

La loi précise que les seules protections solaires autorisées doivent être le fruit d’une prescription médicale. Une décision que les laboratoires pharmaceutiques contestent, considérant que les alternatives aux crèmes solaires sont peu nombreuses. Il est possible d’opter pour une protection qui n'endommage pas les coraux et les espèces marines. Il faut choisir des crèmes qui ne contiennent ni d’oxybenzone ni d'octinoxate mais plutôt des filtres minéraux biodégradables.
A l’inverse des crèmes dites "synthétiques", ces filtres se composent d’huiles végétales et bannissent les ingrédients issus de la pétrochimie. Les crèmes qui contiennent ces filtres sont estampillées bio comme les marques Eubiona, Lavera et Laboratoires de Biarritz. D’autres marques telles que Evoa, Algotherm ou Alphanova, "se sont franchement positionnées sur ce créneau et revendiquent, entre autres, le respect des océans par l'emploi des seuls filtres minéraux pour assurer la protection solaire", déclare l'UFC-Que Choisir.