Fini, les plombages au mercure chez les enfants et les femmes enceintes !

femme enceinte dentiste
Amalgame dentaire au mercure : interdit chez les femmes enceintes et les enfants
Par Elodie-Elsy Moreau publié le
Rédactrice en chef
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Depuis le 1er juillet 2018, le Parlement européen interdit le recours aux amalgames dentaires pour soigner les caries des enfants de moins de 15 ans et des femmes enceintes ou allaitantes. Alors, les plombages au mercure sont-ils des poisons ?

Suite à un règlement datant du 17 mai 2017, le Parlement a interdit la pose d’amalgames dentaires pour soigner les caries des enfants de moins de 15 ans et des femmes enceintes ou allaitantes. Cette mesure est entrée en vigueur le 1er juillet dernier. Depuis cette date, les dentistes de l’UE ne doivent plus utiliser d’amalgames (alliages métalliques composés de mercure liquide à hauteur de 50 % et d’autres métaux) pour soigner les dents des moins de 15 ans, des femmes enceintes ou allaitantes.
Seule exception : lorsque le praticien considère qu’il est "strictement nécessaire pour des besoins médicaux spécifiques" d’avoir recours à un amalgame dentaire, il devra veiller à utiliser, dès le 1er janvier 2019, des capsules pré-dosées, et non plus du mercure en vrac. Cela est déjà obligatoire en France depuis 2001.
Par ailleurs, chaque État membre devra exposer des mesures visant à éliminer progressivement l’usage des amalgames dentaires au plus tard le 1er juillet 2019.

Les amalgames dentaires, néfastes pour la santé ?

Comme l’indique le texte du Parlement "il y a lieu de prendre des mesures spécifiques de protection de la santé à titre préventif pour les membres vulnérables de la population". Cette interdiction est une véritable victoire pour les opposants au "plombage". Selon Geoffrey Begon, administrateur de l’association "Non au mercure dentaire", c'est une nouvelle preuve de "la toxicité du mercure dentaire". Il est vrai que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) classe ce métal lourd parmi les dix groupes de produits chimiques extrêmement préoccupants pour la santé publique. Mais qu’en est-il des amalgames ? Certaines recherchent avancent que cette exposition chronique au mercure, qui augmente avec le nombre d'amalgames, engendre des problèmes de santé.
Une étude menée entre 1977 et 1997 évoque, avec réserve, un éventuel lien entre amalgame dentaire et sclérose en plaques. D’autres suggèrent un lien entre l’exposition au mercure et le développement de maladies neurologiques comme la maladie d’Alzheimer ou la maladie de Parkinson. Pour autant, en 2014, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) indique, après avoir passé au crible l’ensemble des recherches effectuées entre 2003 et 2014, que les risques sur la santé "apparaissent faibles en dehors du risque dermatologique / allergique local".
De son côté, le ministère de la Santé précise dans un article datant de 2015 que "les doses quotidiennes de mercure absorbées par l’organisme sont infimes et très en deçà (8 à 10 fois en dessous) des seuils auxquels des effets toxiques pourraient commencer à être observés. Il est à noter également que certaines prédispositions génétiques peuvent influencer la sensibilité individuelle au mercure." Il souligne qu’"à ce jour, aucune étude scientifique rigoureuse n’a pu mettre en évidence d’effets néfastes des obturations par amalgame sur l’état de santé général des patients." Toutefois, le ministère précise que cette pratique doit être réservée "à des situations cliniques limitées et justifiées. Les risques les plus élevés d’exposition au mercure interviennent lors de la pose ou de la dépose de l’amalgame". D’où l’importance que le patient, le praticien et son assistant soient protégés.

Les amalgames au mercure, poisons pour l’environnement

Si d’autres études sont nécessaires pour confirmer la dangerosité des amalgames sur la santé humaine, les conséquences sur l’environnement sont bien établies. "Les plombages au mercure représentent l’utilisation la plus importante de mercure au sein de l’Union européenne et elle constitue une source significative de pollution. Il convient donc d'éliminer progressivement l'utilisation d'amalgames dentaires. La Commission devrait évaluer et rendre compte de la faisabilité d'un abandon progressif de l'utilisation des amalgames dentaires à long terme, et de préférence d'ici à 2030", peut-on lire sur le texte du Parlement européen.
Par ailleurs, un rapport de 2001, publié sur le site du Sénat, fait mention d’une étude réalisée en Suisse sur les quantités d’émissions de mercure au court des crémations. A l’époque, le pays évaluait les rejets de mercure dus à cette pratique à 280 kilos/an, soit près du tiers du total des émissions de mercure sur le territoire helvétique. 

 

Sources : 
Règlement (UE) 2017/852 du Parlement européen et du Conseil
Ministère des Solidarités et de la Santé
www.senat.fr