Démission de Nicolas Hulot : “L’écologie n’était pas la priorité de ce gouvernement”

Démission de Nicolas Hulot : “L’écologie n’était pas la priorité de ce gouvernement”
Démission de Nicolas Hulot : “L’écologie n’était pas la priorité de ce gouvernement”
Par Cécilia Ouibrahim publié le
Journaliste
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Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire a annoncé sa démission mardi 28 août en direct sur France Inter. L’homme politique déplore que le gouvernement n’ait pas fait de l’écologie une priorité politique.

“Je ne veux plus me mentir. Je ne veux pas donner l'illusion que ma présence au gouvernement signifie qu'on est à la hauteur sur ces enjeux-là. Et donc je prends la décision de quitter le gouvernement”, a déclaré Nicolas Hulot ce matin au micro de France Inter. Une décision prise sans en avoir préalablement averti ni le président de la République Emmanuel Macron ni le Premier ministre Edouard Philippe. “C’est une décision entre moi et moi” a confié l’ex-ministre. L’ancien militant de 62 ans, qui s’était donné “un an” pour juger de son utilité au gouvernement, restait parmi les personnalités politiques préférées des Français, selon des sondages.

 

Un an de compromis et de renoncements

Alors que Nicolas Hulot avait fait de nombreux compromis notamment sur la question de l’interdiction du glyphosate en 2021 et sur l’arrêt de la production d’hydrocarbures, sa possible démission a été évoquée à de nombreuses reprises depuis sa nomination en mai 2017. "Cette évaluation, je la ferai cet été", Nicolas Hulot avait annoncé en mai dernier qu’il profiterait des vacances pour évaluer son rôle dans le gouvernement. S’il y a “toute une série de dossiers sur lesquels il a failli démissionner", selon Yannick Jadot (eurodéputé Europe Ecologie - Les Verts), Nicolas Hulot a dû faire face à plusieurs renoncements. Pour justifier l’annonce surprise de sa démission, l'ancien ministre a affirmé que “l’écologie n’était pas la priorité de ce gouvernement.”

L’ex-ministre dresse un bilan négatif des réformes environnementales jusque là promises par le gouvernement : "Est-ce que nous avons commencé à réduire l'utilisation de pesticides ? La réponse est non. Est-ce que nous avons commencé à enrayer l'érosion de la biodiversité ? La réponse est non. Est-ce que nous avons commencé à nous mettre en situation d'arrêter l'artificialisation des sols ? La réponse est non". Face à ces nombreuses déceptions, Nicolas Hulot a révélé que sa présence au gouvernement était devenue une véritable souffrance ces derniers mois.

Un ministre “tout seul à la manoeuvre”

Déçu, l'ex-ministre de la Transition écologique et solidaire a alors affirmé qu’il se sentait “tout seul à la manœuvre” concernant les enjeux environnementaux au sein du gouvernement. "Qui serait à la hauteur tout seul, où sont mes troupes, qui ai-je derrière moi ?" Et de regretter que son poste était “à la croisée des lobbys. Parce que les lobbys sont là”, dénonce t-il, reconnaissant qu'il n'avait "peut-être pas" les épaules pour être ministre. Mais l’événement qui aurait sans doute fait pencher la balance est la décision d’Emmanuel Macron lundi 27 août de diviser par deux le prix du permis national de chasse, provoquant ainsi l’indignation des défenseurs de l’environnement et celle du ministre démissionnaire.

Nicolas Hulot “peut être fier de son bilan”, selon l’Elysée

L’Elysée finit par réagir dans un communiqué à l’annonce surprise de Nicolas Hulot en estimant qu’il “peut être fier de son bilan” à la tête du ministère. Alors que les réactions concernant cette démission se succèdent sur la toile, Yannick Jadot respecte la décision de l’ancien ministre et déplore toutefois que “ce n’est jamais une bonne nouvelle lorsqu’un gouvernement renonce à agir pour l’écologie”.
Les ONG et associations saluent également la décision de Nicolas Hulot. Parmi elles, Greenpeace constate que cette démission “n'est pas surprenante tant les enjeux environnementaux et climatiques n'ont pas été traités à la hauteur de l'urgence depuis son arrivée au gouvernement.”

L’ex-ministre de la Transition écologique laisse cependant de nombreux dossiers épineux à son successeur, qui devrait être désigné par le président et son Premier ministre mais "pas dans l'immédiat".