Coronavirus : Madagascar et son "remède" à base de plantes commercialisé sur l’île

artemisia
Coronavirus : Madagascar et son supposé "remède" à base de plantes commercialisé sur l’île
Par Elodie-Elsy Moreau publié le
Rédactrice en chef
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Madagascar pense avoir trouvé un traitement contre le nouveau coronavirus. Dimanche 20 avril, le président de la Grande île, Andry Rajoelina, a indiqué que le pays lançait sur le marché un remède contre le Covid-19. Une boisson à base d'artémisia, produite par l’Institut malgache de recherche appliquée.

Le président malgache s’est-il avancé trop vite en annonçant avoir trouvé un remède contre le nouveau coronavirus ? C’est ce qu’estiment l’opposition et ses détracteurs. Dimanche dernier, l’homme d’Etat a annoncé que le pays lançait sur le marché un traitement préventif et curatif contre le coronavirus. Baptisé Covid-Organics, ce traitement, produit par l’Institut malgache de recherche appliquée (IMRA), se compose d’une tisane issue de feuilles séchées d’artemisia. "Des essais cliniques ont été lancés et l’efficacité du remède a été prouvée grâce à la réduction et l’élimination des symptômes par les patients", précise un communiqué présidentiel. Des propos tempérés par Charles Andrianjara, directeur général de l’IMRA. "Ce sont plutôt des observations cliniques", estime t-il. "Des malades se sont portés volontaires pour tester la tisane, et deux ont vu une nette amélioration des symptômes. Cela nous donne une tendance." Problème : le nombre total de volontaires ayant pris le remède n’a pas été communiqué. "Nos produits ne détruisent pas le virus, mais aident à renforcer l'immunité. Les essais cliniques affichent, tout de même, une tendance sur les vertus curatives du CVO. Sa prise devra être soumise à un certain nombre de conditions", a toutefois souligné ce lundi 20 avril, le directeur de l'IMRA.

La médecine traditionnelle, prisée sur l’île

La médecine à base de plantes est au coeur des traditions à Madagascar. Le Ravintsara, espèce d’arbre poussant dans le pays, est connue pour ses vertus antibactérienne et antivirale, limitant ainsi les surinfections. L’huile essentielle de Ravinstara est d’ailleurs plébiscitée partout dans le monde pour soigner ou éviter les maux de l’hiver. Jusqu'ici, l’artemisinine, dérivé chimique de l’artemisia, est déjà utilisé pour lutter contre les fièvres paludéennes. Mais face à la pandémie actuelle, que penser de ce nouveau "remède miracle" promu par Andry Rajoelina ?
De nombreux Malgaches veulent y croire. Mais pour d'autres, en revanche, l’annonce a été précipitée et les études manquent pour confirmer son efficacité. Les preuves cliniques sont aujourd'hui trop légères, selon de nombreux chercheurs internationaux. Dans un communiqué publié mardi, l’Académie de médecine de Madagascar souligne qu’"il s’agit de médicaments dont les preuves scientifiques ne sont pas encore élucidées et qui risquent de porter préjudice à la santé de la population, en particulier à celle des enfants".

Déconfinement, port du masque imposé et tisane obligatoire pour les enfants

Pour l’heure, le pays et ses 26 millions d’habitants restent plutôt épargnés par l’épidémie. Seules 124 contaminations ont été déclarées, et l’île ne déplore, à ce jour, aucun décès. Face à constat favorable, le président a commencé le déconfinement sur une partie de l’île, après un mois de confinement. La situation d’état d’urgence sanitaire a, quant à elle, été prolongée. Le port du masque demeure obligatoire dans le pays, sous peine d’être verbalisé. Les écoles rouvrant, les enfants scolarisés du primaire au secondaire auront l’obligation de consommer le CVO. 

Commercialisée depuis ce mardi à Madagascar, cette boisson sera distribuée gratuitement dans les régions les plus touchées par le virus et les plus précaires. Et une exportation à l’international pourrait suivre, alors que Madagascar est le premier exportateur au monde d’artemisia. Comme l’indique Franceinfo, plusieurs pays auraient déjà pris contact avec le président malgache. Voilà qui conforte, pour le moment, Andry Rajoelina, qui a, pour appuyer sa thèse, publié jeudi 16 avril sur sa page Facebook, le témoignage d’une Brésilienne qui avait prédit, en novembre 2019 que le pays sauverait le monde d’une pandémie grâce à un remède à base de plantes. En attendant, d'autres essais cliniques sont essentiels pour confirmer cette prédiction...

 

 

 

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