Pourquoi faut- il faut prendre de la vitamine K2 en plus de la vitamine D ?

Pourquoi faut- il faut prendre de la vitamine K2 en plus de la vitamine D ?
Par Magali Walkowicz publié le
Diététicienne-nutritionniste, journaliste et auteure

Si se supplémenter en vitamine D en hiver est entré dans les mœurs, l’intérêt de se supplémenter en vitamine K est encore peu connu. Pourtant la prise combinée des deux vitamines serait plus intéressante pour la santé. Explications.

La vitamine D est étudiée sous toutes les coutures et de nombreuses études confirment qu’elle fait du bien notamment dans le maintien d’une masse osseuse optimale, en prévention des fractures ostéoporosiques, pour réduire la mortalité globale précoce. Ce que la science a mis à jour également, c’est que les effets positifs de la supplémentation en vitamine D seraient plus importants si on y ajoutait de la vitamine K. Au mois sur les deux points suivants.

Des os plus forts

Prévenir l’ostéoporose ou « maladie des os fragiles » est un enjeu de santé publique. Et les médecins ont un protocole bien précis pour maintenir les os des patients en santé : prescription de calcium et de vitamine D. Or si le taux de calcium sanguin est suffisant et ceci se vérifie par le biais d’une prise de sang, il y a erreur sur le combo. Lorsque l’os a suffisamment de calcium pour se construire, lui en apporter toujours plus via des suppléments, ne permet pas de le renforcer. Ce qu’il faut c’est aider le corps au transport et à la fixation de ce calcium. La vitamine D est nécessaire à la synthèse de l’ostéocalcine, la protéine qui sert de transporteur au calcium principalement depuis l’intestin jusqu’à l’os, où elle participe à sa fixation. La vitamine K2 est nécessaire à son activation.[1][2] La vitamine K2 joue donc un rôle additionnel très important mais ce n’est pas tout…

Un système cardio vasculaire plus sain

La calcification artérielle est un des seconds enjeux de santé publique car c’est l’une des composantes importantes des maladies cardiovasculaires. Là aussi calcium, vitamine D et vitamine K ont un rôle. De nombreuses études ont démontré que la supplémentation en calcium inutile, c’est-à-dire sans carence avérée dans le sang, en prévention de l’ostéoporose par exemple, ferait de sérieux dégâts cardiovasculaires avec un risque accru d’accidents cardivasculaires[3]. L’ostéocalcine activée sert aussi à décalcifier les tissus mous, telles les artères, qui ne devraient pas être calcifiés. La vitamine K est ainsi efficace pour normaliser ou même renverser ce processus pathologique. D’ailleurs les chercheurs pensent que les données actuelles sont en faveur d’un effet combiné positif de la vitamine D avec la vitamine K pour jouer un rôle contre les calcifications[4] [5]. Même si la grande majorité de ces études ont été financées par des fabricants de vitamine K, elles ont toutefois démontré une diminution nette des calcifications artérielles, difficilement contestable.

En pratique, comment se supplémenter ?

La vitamine K2 en supplémentation est donc recommandée pour lutter contre l’ostéoporose et pour diminuer la calcification des artères.[6]

  • Pour la vitamine D prenez de la D3 ou cholécalciférol, d’origine animale (ou extraite de certains lichens), beaucoup plus efficace que la D2, d’origine végétale.
  • Seule la vitamine K d’origine animale ou issue de végétaux fermentés posséderait des propriétés pour la santé osseuse et cardiovasculaire selon les études. Pour la vitamine K, prenez de la K2 MK7 - La K1 qui se trouve dans les légumes verts agit surtout pour normaliser la coagulation. Les vitamines K2 ont plus d’affinité pour l’ostéocalcine et sont donc plus utiles pour calcifier les os et décalcifier les tissus mous. La K2 MK7 peut avoir diverses origines mais toutes sont strictement identiques biologiquement. A noter simplement que la vitamine K2 doit être présente sous forme biologiquement active all-trans et non sous forme cis, inactive.

Mais attention, ne prenez jamais de supplémentation en vitamine K, que ce soit K1 ou K2, s’il y a prise d’anticoagulants.


[1]Iwamoto J. Vitamin K₂ therapy for postmenopausal osteoporosis. Nutrients. 2014 May 16;6(5):1971-80. doi: 10.3390/nu6051971. Review. PubMed PMID: 24841104; PubMed Central PMCID: PMC4042573.

 

[2] Kidd PM. Vitamins D and K as pleiotropic nutrients: clinical importance to the skeletal and cardiovascular systems and preliminary evidence for synergy. Altern Med Rev. 2010 Sep;15(3):199-222. Review. PubMed PMID: 21155624.

 

[3] M. J. Bolland, et al. Calcium supplements with or without vitamin D and risk of cardiovascular events: reanalysis of the Women's Health Initiative limited access dataset and meta-analysis. BMJ, 2011; 342 (apr19 1)

 

[4] Theuwissen E, et al. Effect of low-dose supplements of menaquinone-7 (vitamin K2 ) on the stability of oral anticoagulant treatment: dose-response relationship in healthy volunteers. J Thromb Haemost. 2013 Jun;11(6):1085-92.

[5] Møller M, et al. Bioavailability and Chemical/Functional Aspects of Synthetic MK-7 vs Fermentation-Derived MK-7 in Randomised Controlled Trials. Int J Vitam Nutr Res. 2016 Jul 4:1-15.

[6] Schwalfenberg GK. Vitamins K1 and K2: The Emerging Group of Vitamins Required for Human Health. J Nutr Metab. 2017;2017:6254836. doi: 10.1155/2017/6254836. Review. PubMed PMID: 28698808; PubMed Central PMCID: PMC5494092.