Acheter sur les plateformes de seconde main, est-ce vraiment écolo ?

Faut-il privilégier le neuf ou l'occasion ?
Des vêtements d'occasion pour réduire son empreinte écologique ?
Par Thomas Louis publié le
Journaliste indépendant

Depuis quelques années, la seconde main est devenue un réflexe bon pour bon nombre de Français et de Françaises. En témoigne le développement constant des plateformes en ligne, à l’instar de Vinted ou encore de Leboncoin. Si ces solutions permettent de favoriser une certaine idée de la mode circulaire, et de se tourner vers des vêtements déjà produits, le revers de la médaille est parfois un peu moins attrayant.

 

Seconde main : des besoins décuplés ?

Une penderie entière de seconde main ?

Se rassure-t-on avec les arguments selon lesquels les plateformes de seconde main permettent d’éviter la production de masse ? Selon la Fevad et KPMG, plus de 80% des cyberacheteurs ont déjà acheté/vendu des produits reconditionnés ou de seconde main. Un chiffre éloquent, qui implique qu'il existe de grands noms sur le marché.

Et parmi elles, on retrouve Leboncoin, Back Market, ou encore Vinted. Société lituanienne, cette dernière s'est placée en cinquième position dans le top de l'e-commerce, avec près de 4,9 millions de visiteurs par jour. Leboncoin, quant à elle, attire 6,6 millions de visiteurs français au quotidien, et se place en deuxième position. C’est dire à quel point les entreprises de seconde main ont une place à part dans le cœur des Français. 

Mais si on pourrait les rapprocher de friperies, voire de vide-grenier en ligne, ces plateformes ont un inconvénient majeur lorsqu'on parle d’écologie : elles ont réussi à cibler les besoins des acheteurs, et à décupler leurs envies.

En effet, certes, dans une perspective sociale, des sites comme Vinted permettent d’accéder à des objets ou des vêtements auxquels on n’aurait peut-être jamais eu accès (notamment des objets coûteux), mais ils sont également la porte ouverte à toutes les envies nouvelles. 

Des vêtements d'occasion dans une armoire.

Car si tout est accessible, tout est potentiellement désirable, même les vêtements qui ne nous faisaient pas envie jusqu’alors. 

En effet, les plateformes de seconde main possèdent des algorithmes conçus de telle façon que leur aspect addictif est de plus en plus développé : notifications, mots-clés, possibilité de négocier, etc. Au-delà des prix attractifs, ces sites et autres applications sont pensées pour étirer les minutes passées et, de ce fait, craquer pour d’autres pièces. Une certaine idée de l’hyperconsommation, qui s’ajoute au fait que, parfois, ce qui est vendu sur ces plateformes n’est pas toujours de très bonne facture. Il peut même s’agir de fast fashion, dont le coût de transport dépasse parfois le coût premier. 

Un point qui ne limite pas vraiment la surconsommation textile, et, par extension, les conséquences sur la santé de la planète. Car au programme : un développement croissant des trajets.

Plateformes de seconde main : les trajets, vraiment si écolo ?

Une paire de baskets de seconde main.

C’est un fait : on connaissait Emmaüs, ou encore les ressourceries. Désormais, la concurrence avec les plateformes en ligne est rude, quitte à faire décroître la popularité des lieux solidaires comme ceux-ci. 

Selon la Fevad et KPMG, durant l'année 2021, 91% des Français ont acheté un bien de seconde main. De toute évidence, la seconde main a plus que jamais le vent en poupe. Mais tout ceci n’est pas sans un coût écologique, qu’il est important de situer. En effet, acheter de la seconde main, c'est bien, mais les trajets ont une part importante dans la pollution globale de ce mode de consommation. 

Les friperies en ligne sont-elles écolo ?

À titre d’exemple, s’il est possible d’acheter une veste à bas prix déjà portée, le revers de la médaille reste que le vendeur se trouve peut-être en Italie ou aux Pays-Bas. De ce fait, le coût du trajet sera élevé sur le plan écologique, en raison des émissions de CO2, et de la pollution globale dû au transport.

Sur les plateformes de seconde main, les articles traversent parfois le monde, malgré le fait qu’ils sont d'occasion. Et c’est le problème capital des plateformes. Un problème qu’il est possible d’éviter en favorisant la remise en main propre lorsque le vendeur est à proximité. 

De plus, il est toujours bon de regarder ce que l’on possède à la maison, et de faire appel à un peu d’imagination. Une vieille veste peut rapidement se transformer en nouvelle pièce, à l’aide d’une couturière ou d’un peu d’huile de coude. 

Il n’en reste pas moins que la question capitale, lorsqu’on se penche sur un article issu des plateformes de seconde main, reste et restera : en ai-je vraiment besoin ? En y répondant de façon sincère, il y a fort à parier que les trajets se réduisent ! 

 

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