Protéines animales : dans quels cas s’en passer peut-être judicieux ? (Article 2)

Protéines animales : dans quels cas s’en passer peut-être judicieux ? (Article 2)
Par Magali Walkowicz publié le
Diététicienne-nutritionniste, journaliste et auteure

Au-delà des considérations philosophiques, des convictions personnelles, se passer totalement ou en partie de protéines animales et donc de viande, de poisson, d’œufs, de fromage peut-être dans certains cas judicieux pour votre santé. On fait le point pour vous.

Manger des protéines est essentiels. Sans protéine, pas de muscles, pas d’ongles, pas de cheveux, pas d’anticorps, pas d’hormones ni de neurotransmetteurs... Pas de vie possible en somme. Selon le score chimique corrigé de la digestibilité (SCCD)* qui tient compte de nos besoins en acides aminés (maillons des protéines) et du ratio des différents acides aminés (ils doivent être présents dans un ratio précis nommé PDCAAS pour former une protéine complète utilisable par l’organisme), les protéines animales seraient mieux assimilées par l’organisme que les protéines issues des végétaux. Pourtant dans certains cas, consommer plutôt des protéines végétales serait conseillé.

*Depuis 1989, l’OMS et la FAO conseillent d'utiliser la méthode SCCD pour déterminer la qualité des protéines.

Dans quels cas se passer (totalement ou en partie) de protéines animales peut être judicieux ?

  • En cas d’acidose, c’est-à-dire en cas de PH sanguin trop bas. Le test se fait avec des bandelettes urinaires ou avec une prise de sang. Le PH de l’organisme doit être autour de 7.4. Or les aliments que nous consommons peuvent perturber ce chiffre. Ils fournissent soit des précurseurs acides qui font chuter le PH, soit des précurseurs basiques qui participent à le maintenir à 7. Les aliments d’origine animale fournissent surtout des précurseurs acides, alors que les protéines d’origine végétale sont accompagnées de précurseurs alcalins. Une alimentation riche en protéines animales, entretient donc une charge acide chronique qui peut avoir des effets néfastes sur l’organisme. Le corps va tenter d'évacuer tous ces acides par ses organes d'élimination, reins, peau, poumons qui risquent d'être "débordés", ce qui les fatigue. Pour tamponner l’acidité, l’organisme va aussi puiser du calcium, un minéral basifiant, dans ses propres os. Une étude de 7 ans incluant 1035 femmes, de plus de 65 ans,[1] a démontré que manger trop protéines animales engendrait une perte osseuse plus rapide au niveau du col fémoral et un plus grand risque de fracture de la hanche.

 

  • En cas de problèmes de digestion des protéines animales. Lorsqu’on mange, la nourriture arrive dans l’estomac où de l’acide chlorhydrique est sécrétée pour commencer à digérer le repas (principalement les protéines). Lorsque le contenu acide de l’estomac passe aux intestins, ce bas pH stimule la sécrétion des enzymes digestives du pancréas ainsi que le déversement de la bile entreposée dans la vésicule biliaire du foie. Cette acidité est donc essentielle pour bien entamer le processus de digestion. Malheureusement, beaucoup de gens ne produisent pas suffisamment d’acide au niveau de leur estomac pour avoir une digestion normale et efficace des protéines animales.
  • En cas de manque d’appétence pour la viande ou le poisson. Certains traitements comme les chimiothérapies, ou une fatigue excessive, peuvent couper l’appétit pour ces aliments. Il faut alors absolument puiser les protéines ailleurs pour ne pas perdre force et immunité
  • En cas de problèmes cardio vasculaire. On sait les acides aminés soufrés, méthionine et cystéine, plus présents dans les protéines animales que dans les protéines végétales, sont des facteurs de risque potentiels pour les maladies cardio-vasculaires[2] [3]. D’après une étude, menée sur plus de 130 000 Américains qui ont renseigné leurs habitudes alimentaires pendant 25 à 30 ans[4], il y aurait -10% de risque de mourir d’un problème cardiaque, pour chaque augmentation de 3% de l’énergie apportée par les protéines végétales (au détriment des protéines animales). Ces mêmes chercheurs ont réalisé des simulations et ont découvert que remplacer seulement 3% de l’apport en énergie provenant des protéines de charcuterie par des protéines végétales diminuerait le risque de décès de 34% ! Une étude d'observation semble confirmer cette hypothèse[5].

Où trouver des protéines végétales de qualité ?

Comptez environ 0.8 à 1g de protéines végétales/kg de poids corporel/jr.

Les végétariens vont très souvent chercher les protéines végétales dans les céréales et légumineuses, mais attention, mieux vaut trouver d’autres fortes sources de protéines pour ne pas surconsommer des glucides, très délétères pour la santé.

  • Les algues. Les algues brunes sont celles qui en contiennent le moins (de 7 à 12%), les algues vertes environ 20%, les algues rouges de 30 à 40%. Elles sont extrêmement bien assimilées par notre organisme (il y a très peu de perte protéique durant le processus de digestion) et elles sont également extrêmement digestes.
  • Les légumineuses riches en protéines et pauvres en glucides : le fenugrec : 23% g de protéines, la graine de soja : 36 % de protéines. Les experts de la FAO, considèrent que les protéines de soja ont une digestibilité réelle élevée, les haricots Azuki : 25 % de protéines et enfin les cacahuètes : 29.6 % de protéines.
  • Les oléagineux : en moyenne 20% de protéines.
  • Autres sources : le son d’avoine : 13 % de protéines et le seitan : environ 20% - mais attention aux intestins sensibles, c’est du gluten.

Si vous vous passez totalement de protéines animales, supplémentez-vous en B12, vitamine absente du monde végétal et essentielle à la bonne santé du métabolisme, et au fonctionnement normal du système nerveux et immunitaire.

 

Les livres à lire

Valter Longo. Le régime de la longévite. Actes Sud.

Magali Walkowicz 30 plats végé céto. Thierry Souccar Editions.

 

 


[1] Sellmeyer et al. [dans The American Journal of clinical nutrition, janvier 2001 ; 73 (1) : 118122]

[2] [Suliman et al. dans American Journal of kidney diseases, septembre 2002 ; 40 (3) : 480-488],

[3] Faggiano et al., dans The Journal of clinical endocrinology and metabolism, 20 septembre 2005

[4] Mingyang Song, et al. ““Association of Animal and Plant Protein Intake With All-Cause and Cause-Specific Mortality.”JAMA Intern Med. Published online August 01, 2016. doi:10.1001/jamainternmed.2016.4182.