Un insecte rebelle défie Monsanto en résistant au maïs OGM conçu pour l'exterminer

Insecte sur une branche de maïs
Un insecte rebelle défi Monsanto en résistant au maïs modifié pour l'exterminer
Par Mathieu Doutreligne publié le
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Alors qu'en 1996 Monsanto sortait de son chapeau le premier maïs génétiquement conçu pour éradiquer la chrysomèle des racines du maïs, l'insecte est devenu résistant, semant une vague de panique chez les producteurs.

Insecte ravageur, la chrysomèle des racines du maïs constitue depuis longtemps le nuisible principal des cultures massives de maïs aux États-Unis. Pour éradiquer ce fléau, Monsanto créait en 1996, la première variété de maïs OGM contenant une toxine destinée à éradiquer l'espèce ravageuse. La toxine intégrée dans les céréales attaque les parois intestinales de l'insecte qu'elle détruit provoquant une infection généralisée.

Dans un premier temps, la disparition quasi-totale du nuisible a été observé favorisant la production de céréales transgéniques qui a atteint 75 % de la production totale de maïs sur le territoire outre-atlantique.

La théorie du complot

L'apparition de la chrysomèle en Europe quelques temps plus tard a d'ailleurs soulevé de nombreux questionnements et une théorie du complot a été exposée. En effet, des journalistes évoquaient l'hypothèse selon laquelle l'introduction de l'insecte sur le territoire européen constituait un acte de bioterrorisme de la part des autorités américaines visant à contraindre les états européens à produire du maïs transgénique.

L'erreur fatale

Les producteurs de maïs OGM avait pour consigne de conserver une parcelle de leurs champs destinée à accueillir du maïs non modifié. Ces refuges étaient sensés abriter les insectes naïfs qui n'avaient pas encore muté pour résister à la toxine. La reproduction de cette variété plus faible avec les plus résistantes donnait naissance à une génération d'insectes moins résistants. De fil en aiguille, les générations devaient être de plus en plus affaiblies jusqu'à disparaître totalement. Cependant, de nombreux agriculteurs jugeant ces refuges futiles et coûteux, n'ont pas suivi la consigne qui leur avait été dictée. Les insectes les plus résistants ont donc continué à s'accoupler entre eux, donnant naissance à des générations de plus en plus résistantes.

Toujours est-il qu'aujourd'hui, la réapparition de l'insecte inquiète. Si la toxine intégrée dans le maïs n'agit plus, ce sont les pesticides qui vont prendre le relais, occasionnant des coûts supplémentaires aux producteurs. Coûts qui risquent de se faire ressentir sur le produit fini. Bien évidemment, le recours intempestif aux pesticides aura une fois de plus de fâcheuses conséquences sur l'environnement. Toutefois, bien que l'efficacité du maïs transgénique sur la chrysomèle soit vivement remise en question alors qu'elle constituait l'argument premier pour légitimer son introduction, sa culture sera poursuivie. En effet, la toxine continue d'agir sur d'autres espèces d'insectes. La question est : jusqu'à quand ?

Rédaction : Chrystelle Camier
Source : The Verge