Vivre sans argent, l'incroyable expérience de Heidemarie Schwermer

Heidemarie Schwermer vit sans argent depuis 18 ans
Vivre sans argent, l'incroyable expérience de Heidemarie Schwermer
Par Manon Laplace publié le
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Heidemarie Schwermer est une allemande de 72 ans. Depuis 18 ans, elle a renoncé à l’argent, ou plutôt à toute forme d’acquisition par l’argent.

Voilà 18 ans que cette grand-mère allemande a radicalement bouleversé son mode de vie. Tout commence en 1994, lorsque cette ancienne psychothérapeute ouvre un espace dédié au troc. À l’époque, Heidemarie vit à Dortmund, au Nord de Düsseldorf. Frappée par les chocs pétroliers et monétaires successifs, la région se porte mal et bon nombre d’habitants de l’Allemagne du nord-ouest vivent dans la précarité. Choquée par cette situation qu’elle attribue a une mauvaise répartition des ressources et convaincue des vertus du troc, Heidemarie décide de tenter l’expérience de la vie sans argent, pour un an.

18 ans plus tard, la septuagénaire en vit encore. "J'avais tout ce dont j'avais besoin, une maison où j'ai élevé deux enfants mais j'ai tout donné." explique-t-elle. Lorsqu’elle se lance, Heidemarie Schwermer renonce à son appartement, ferme son compte bancaire et se débarrasse tous ses biens jusqu’à ne garder que quelques vêtements. Depuis, elle échange nourriture et logis contre quelques heures de jardinage, de ménage ou de thérapie.

Quand elle ne compte pas sur la solidarité des quidams, la troqueuse récupère les invendus des supermarchés et toque quelques vêtements aux puces. Quant à sa retraite mensuelle, qui selon le journal Le Point s’élève à 700 euros, elle en fait don à des personnes dans le besoin. En tout et pour tout, Heidemarie Schwermer n'a de côté qu’un petit pécule de 200 euros qu'elle garde en cas d’urgence.

Petit à petit, le mode de vie de la retraité a gagné en notoriété. À tel point qu’elle a fait l’objet d’un reportage Living Without Money, (en français Vivre sans argent) et a écrit trois livres, traduits en plusieurs langues et dont elle a redistribué les droits. Le renoncement matériel et pécunier a permis à Heidemarie Schwermer de se recentrer sur l’essentiel. "Je fais cela parce que j'ai la conviction que le système actuel ne va pas dans le bon sens." justifie Heidemarie. Heureuse de ce mode de vie alternatif, elle voudrait aller encore plus loin et que ses échanges de bons procédés aboutissent à terme à un système de partage désintéressé.