Un collectif citoyen gagne une bataille contre une grande enseigne commerciale

Le coloctif citoyen réuni à l'extérieur
Un collectif citoyen gagne une bataille contre une grande enseigne commerciale
Par Dominique FIRBAL publié le
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« Notre quartier a besoin de diversité commerciale. » Ce message est inscrit sur les palissades d’un chantier au coin d’une rue dans l’est parisien. Il émane d’un collectif d’habitants mobilisés contre l’implantation d’un supermarché dans un immeuble en construction. Dores et déjà, le collectif  Stop Monop’ a gagné la première manche, et d’autres sont sur la même voie !

A l’angle de la rue Bichat et de la rue du Faubourg du Temple, dans le Xe arrondissement de Paris, se dresse un énorme chantier hérissé de grues.

Avant lui, se trouvait un petit immeuble à cour typique peuplé de petits commerçants qui faisaient le tissu social de cette « zone de protection particulière de l’artisanat ».

A partir de 1982, la mairie s’empare des lots. Objectif annoncé sur plans en 2006 : 5 étages dédiés aux logements sociaux, une crèche, des parkings et 4 commerces. Un projet plutôt cohérent.
Mais voilà qu’en 2011, lorsque le chantier débute, les riverains apprennent que les plans sont modifiés : 3 parcelles commerciales sur 4 sont absorbées par un Daily Monop’ !

C’en est trop ! Les rues voisines sont déjà envahies de monocommerces de vêtements, et 23 superettes de distribution alimentaire se font concurrence.

Une première victoire

Erika vit en face du chantier. « La mairie n’a pas consulté les gens. Quand les travaux ont commencé, une pétition papier a immédiatement circulé pour demander le retrait du Monop’. J’ai décidé de prendre part moi aussi à la bataille et de créer un collectif des signataires. Pas question de laisser le bailleur social rentabiliser son chantier en attribuant le rez-de-chaussée à une grande surface. Ce n’est pas notre souhait ! ».

Une seconde pétition est lancée sur Internet. Durant 3 années, la motivation du collectif ne faillira pas : courriers, tractage, discussions avec les élus et le bailleur... Jusqu’à ce que, le 28 août 2014, Erika et ses amis soient reçus à l’hôtel de ville pour la bonne nouvelle : le Daily Monop’ est supprimé ! La première manche est gagnée !

La deuxième manche

Il faut maintenant faire émerger les porteurs de projets cohérents avec les vœux des habitants.

La bataille sera rude, car les candidats à l’installation se heurtent déjà à un gros problème. Guillaume voudrait ouvrir une poissonnerie/restaurant au pied de l’immeuble. « Mais les prix des loyers sont prohibitifs, très largement supérieurs à ceux du quartier. Ils sont taillés sur mesure pour les magasins franchisés, les petits commerçants ne peuvent pas assumer. »

Le collectif continue donc de faire entendre sa voix auprès des élus et du bailleur social.

Un mouvement contagieux

Dans le XVIIIe arrondissement, quartier Simplon, un chantier de logement social est en cours. Le scénario est quasi identique à celui de la rue Bichat : les plans prévoient 2 étages dédiés à un supermarché de 1700 m2, dans un quartier où 5 grandes surfaces se concurrencent sur quelques centaines de mètres.

En octobre dernier, les riverains on formé un collectif. Pour Stop Carrefour, il n’est pas question de « transformer les rues du XVIIIe en un gigantesque hypermarché à ciel ouvert ». Les membres de l’équipe multiplient les initiatives : discussions sur les marchés, musique, disco soupe, pétition… car la mobilisation est indispensable pour faire bouger les choses. L’endurance et l’optimisme sont là, et peuvent parfois déplacer les montagnes « Comme à Saillans dans la Drôme, nous dit Caroline, où tous les habitants participent au fonctionnement de leur commune. Là bas, tout avait commencé par la mobilisation contre un supermarché. ».

Rédaction : Dominique Firbal

 

En septembre dernier, le collectif Stop Monop’ organisait une action invitant les riverains à formuler leurs souhaits pour les commerces : « Une halle alimentaire, un café associatif, une boutique de jouets, un planning familial, un jardin, un poissonnier… » (© D. Firbal)