COP21 : que proposent les politiques français contre les changements climatiques ?

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COP21 : que proposent les politiques français contre les changements climatiques ?
Par Manon Laplace publié le
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“La maison brûle !” Le ton était donné lors de la table ronde organisée par Europe Écologie Les Verts pour confronter les programmes des différents partis politiques français sur la question climatique. À moins de six mois de la COP21, la France, pays hôte, doit adopter une politique environnementale exemplaire. Et c’est une urgence.

En novembre prochain, Paris accueillera la 21e Conférence des parties. Cette grand-messe sur le climat réunira les 195 pays signataires de la Convention-cadre des Nations unies de Rio afin d’identifier et de mettre en place des solutions concrètes pour faire face aux changements climatiques. Mardi 23 juin, Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale du parti écologiste, conviait les représentants de divers bords politiques pour confronter les ambitions de leur parti en matière de transition énergétique et de lutte contre le réchauffement climatique.

Limiter le réchauffement climatique à 2°C

Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale et représentant du Parti Socialiste, Pierre Laurent du Parti Communiste Français, le député Bertrand Pancher pour l’UDI et Fabienne Keller pour les Républicains (anciens UMP) ont tour à tour exposé le programme de leur famille politique pour relever l'enjeu affiché de limiter à 2°C le réchauffement climatique dès 2020. « Les catastrophes climatiques ne sont pas un enjeu de demain, a martelé Emmanuelle Cosse, les réfugiés climatiques, les extinction d'espèces, c'est aujourd'hui ! »

En dépit des divergences attendues entre les différents partis - notamment sur la sortie du nucléaire -, des éléments de réponse ont fait consensus. La patronne des Verts a rappelé l'importance de laisser les postures politiques de côté pour faire front commun pour le climat. Et Bertrand Pancher, UDI et membre de l’opposition d'exprimer la nécessité d'un rassemblement derrière le président Hollande pour aboutir à des débats porteurs de solutions pour la COP21.

Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale et représentant du Parti Socialiste, Pierre Laurent du Parti Communiste Français, le député Bertrand Pancher pour l’UDI et Fabienne Keller pour les Républicains (anciens UMP) ont tour à tour exposé le programme de leur famille politique pour relever l'enjeu affiché de limiter à 2°C le réchauffement climatique dès 2020. « Les catastrophes climatiques ne sont pas un enjeu de demain, a martelé Emmanuelle Cosse, les réfugiés climatiques, les extinction d'espèces, c'est aujourd'hui ! »

L’actuel marché européen du carbone (ETS) fixe le prix de la tonne de CO2 entre 5 et 10 euros. Trop peu pour exhorter les industries polluantes à réduire leurs émissions. Selon Pascal Canfin, eurodéputé EELV et auteur de Climat : 30 questions pour comprendre la Conférence de Paris, il faudrait pousser ces tarifs autour de 30 euros la tonne pour qu’ils aient un impact réel. Mardi soir, ils appelaient quasi-unanimement à une taxe carbone plus ambitieuse pour encourager les investissements bas-carbone comme les énergies renouvelables.

Taxer les transitions financières

Les participants au débat se sont attardés sur la question du financement de la lutte pour le climat. Lors de la Conférence sur le climat de 2009 à Copenhague, les pays industrialisés - qui portent la responsabilité du réchauffement climatique - s’engageaient à hauteur de 100 milliards de dollars d’ici à 2020 pour aider les pays en voie de développement à faire face au réchauffement climatiques. Or ce "Fond vert" atteint aujourd’hui difficilement les 20 milliards de dollars. Parmi les leviers de financement envisagés, la taxe sur les transactions financières (TTF) pourrait être un élément de réponse. Elle est actuellement négociée par 11 pays européens et pourrait dégager des revenus conséquents pour financer la lutte contre les changements climatique. Mais il faut pour cela fixer une taxe sérieuse : « Les 5 milliards de dollars actuellement discutés ne suffiront pas, il faut une taxe ambitieuse qui vise les 35 milliards de dollars », a défendu la secrétaire nationale des Verts.

Moins de routier, plus de ferroviaire

La table ronde de mardi a vu revenir inlassablement la question des transports. Représentants politiques et ONG ont martelé la nécessité de réformer ce secteur polluant, notamment en se détournant du routier au profit des transports en communs et des véhicultes propres. L'occasion pour Fabienne Keller (Républicains), ancienne maire de Strasbourg, de fustiger le volet de la loi Macron qui prévoit la libéralisation des autobus. Pour la sénatrice du Bas-Rhin, cette mesure va favoriser un mode de transport émetteur au détriment des lignes ferroviaires, plus propres et moins accidentogènes.

Relancer l’écotaxe

Quasi unanimes, les partis politiques présents ont appelé de leurs voeux la réhabilitation de l’écotaxe. Suspendue sine die en octobre dernier, l’écotaxe n’est pas encore enterrée. Claude Bartolone, qui a reconnu là un échec politique se disait confiant quant à la possibilité de relancer l’écotaxe en Région. La taxe poids lourds serait alors laissée à la discrétion des élus régionaux.

Quid de l’agriculture ?

En dehors d’une proposition du communiste Pierre Laurent pour imposer au moins 80 % de produits en circuit court dans les cantines scolaires, l’agriculture fût la grande absente du débat. Il s’agit pourtant du troisième secteur émetteur de gaz à effet de serre après les transports et l’industrie (21 % des émissions françaises en 2012). Avec un objectif affiché de 40 % d’émissions de gaz à effet de serre en moins d’ici à 2030, l’Union européenne, a fortiori la France, doit étudier les leviers d’une agriculture productive et propre. C’est l’ambition du programme de recherche international “ 4 pour 1000 ” qui vise à concilier sécurité alimentaire et lutte contre les changements climatiques.

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