Le bio-bus : véhicule écolo qui roule aux excréments humains

Le bio-bus : véhicule écolo qui roule aux excréments humains
Le bio-bus : véhicule écolo qui roule aux excréments humains
Par Manon Laplace publié le
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Un bio-bus qui roule aux excréments humains et aux déchets alimentaires. Voilà le véhicule écologique de la société britannique GENeco qui s'est mis en route la semaine dernière.

La COP21, 19ème Conférence des Parties de la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, réunira à Paris les principaux décideurs politiques internationaux pour sceller des accords majeurs sur le climat. Parmi les problématiques centrales, celle des transports, qui sont en France la première source d’émission de gaz à effet de serre, et la deuxième au monde. 

Face aux enjeux climatiques de notre époque, certains travaillent à des solutions alternatives. C’est le cas de la société britannique GENeco, qui a mis au point un bus, ou plus exactement un bio-bus, qui fonctionne grâce aux déchets humains et alimentaires. En d’autres termes, un bus écolo qui roule aux excréments.

Difficile d’échapper au vert pétant de la nouvelle navette qui relie la ville de Bath à l’aéroport de Bristol, dans le sud de l’Angleterre. Difficile également de ne pas être intrigué par l’illustration qui flanque le véhicule, représentant cinq personnes assises sur des toilettes, pantalon sur les chevilles.

L’image, aussi surprenant qu’explicite, fait office de notice. Pour rouler propre, ce bio-bus utilise du biogaz extrait de la fermentation de restes de nourriture, de déjections humaines et d’eaux usées. Ceci étant rendu possible grâce à la méthanisation. Un procédé naturel déjà utilisé en France, notamment pour produire de l’électricité ou de la chaleur à partir du traitement de déchets végétaux.

Ainsi, grâce aux rebuts annuels de cinq personnes, le bio-bus de GENeco dispose d’une autonomie de 300 km (l’équivalent d’un plein). Selon Mohammed Saddiq, dirigeant de la société GENeco interrogé par le journal britannique The Telegraph, il s’agit d’une avancée écologique à deux niveaux. D’une part, ce type de véhicules propres émet beaucoup moins de gaz à effet de serre qu’un bus fonctionnant avec des carburants classiques, et améliore la qualité de l’air. D'autant que le biogaz, même issu de déjections humaines, n'en a pas l'odeur. D’autre part le procédé de méthanisation permet de valoriser les 75 millions de mètres cubes d’eaux usées de Bristol et sa banlieue ainsi que ses 35 000 tonnes annuelles de déchets alimentaires, dont la gestion est coûteuse et polluante.

Plus encore que d’alimenter la navette, la méthanisation des excréments humains et des restes alimentaires permet à GENeco d’alimenter 8 300 foyers en redistribuant le biogaz sur le réseau national, grâce à une production annuelle de 17 millions de tonnes de biométhane.