Manger du soja est-il bon pour l’environnement ?

un champs de soja
Manger du soja est-il bon pour l'environnement ?
Par Valentine Poignon publié le
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Afin de réduire sa consommation de viande, de plus en plus de ménages se laissent séduire par le soja, source de protéines végétales. Mais aujourd'hui, cette légumineuse originaire d’Asie est surtout destinée à nourrir le bétail. De ce fait, sa surproduction menace l’écosystème. 

85% du soja est destiné à l'alimentation du bétail. La consommation massive de produits issus des animaux (viandes, laits et fromages) recquiert des quantités d'eau astronomiques, engendre des émissions de gaz à effets de serre et épuise les sources d’énergie. Selon une étude canadienne, une vache en lactation consomme environ 100 litres d'eau par jour. Sachant qu’il y a 3.7 millions de vaches laitières en France, la consommation d’eau est d’autant plus importante. Entre l’élevage, l’abattage et la transformation, la production de viande requiert beaucoup de soja et d'eau. De plus, les transports liés aux exportations rejettent des émissions de gaz à effets de serre. Tout ce processus est très néfaste pour les ressources naturelles. 

Depuis des siècles, le soja est utilisé dans la cuisine asiatique. Au fil des années, cette légumineuse a su trouver sa place dans nos plats occidentaux. Riche en protéines, le soja est consommé en tant qu’alternative aux produits issus des animaux. Trois espèces existent à l’état naturel: le soja jaune, le soja à graines noirs et le soja à graines vertes.

Des graines naturellement riches en protéines

De nombreux consommateurs se tournent vers des alternatives plus végétales. Pois chiche, lentilles et haricots rouges révèlent être une bonne source de protéines végétales. Particulièrement riche en protéines (jusqu’à 40%), la fève de soja s’est imposée comme la meilleure alternative aux produits d’origine animale. Bon pour la santé, le soja est riche en graisses insaturées, contrairement à la viande qui contient des acides gras saturés, mauvais pour l’organisme.

Originaire d’Asie, cette plante est surtout produite aux États-Unis, au Brésil et en Argentine. 80.5 millions de tonnes sont cultivées sur le sol américain.

70% de soja OGM

Suite à une forte demande, les principaux producteurs ont délaissé le soja naturel afin d’augmenter les plantations d'organismes génétiquement modifiés (OGM). Plus résistantes aux nuisibles et aux intempéries, le soja transgénique s’est rapidement développé aux États-Unis, en Argentine et plus récemment au Brésil. Aujourd’hui, avec le développement des techniques de modification du génome, 70% de la production mondiale du soja est génétiquement modifié.

Les producteurs utilisent également des pesticides, principalement du glyphosate, un herbicide fortement critiqué pour sa toxicité. Une étude menée par l’Université de Buenos Aires a démontré que, dans la ville de Ituzaingo en Argentine, le taux de cancer est de 41%. Les experts expliquent que les résultats prouvent que les immenses cultures de soja OGM affectent les populations locales. Un chiffre plus élevé que le niveau national. Cette étude a permis de démontrer que les cultures de soja transgéniques et l’utilisation en grande quantité du glyphosate ont des conséquences lourdes sur la santé. 

Une emprune carbonne lourde

Le tofu, préparation fermentée au soja, possède également une emprunte carbonne lourde de conséquences. Une étude néerlandaise1 a affirmé qu’un kilo de tofu fabriqué dans ce pays produit 2 kilogrammes d’équivalent CO². En comparaison, la production d’un kilogramme de poulet destiné à la grande consommation, engendre une dépense de 3 kilogrammes d’équivalent CO2.

Le soja OGM nécessite beaucoup plus d'engrais que la plante originelle. Ces nouvelles cultures traitées au glyphosate appauvrissent considérablement les sols. Ce pesticide massivement utilisé pour tuer les mauvaises herbes poussant autour du soja pollue notamment les rivières et les fleuves. Ils menacent la biodiversité terrestre et maritime créant un déséquilibre dans l’écosystème. L’exportation coûte chere à la planète puisque le transport commercial de soja à travers les différents continents est responsable d’émissions de CO2 importantes.

La culture du soja est surtout liée à la déforestation massive. Au Brésil, elle cause la destruction de la forêt amazonnienne. En 2004, la déforestation a atteint un nouveau record avec plus de 24 000 km2 déboisés, soit la moitié de la Suisse. Au total, c'est plus de 16% des 4 millions de km2 de la forêt amazonienne brésilienne qui ont déjà été engloutis, une surface équivalente à la France et au Portugal réunis.

Il y a plusieurs années, des ONG dont Greenpeace se sont alliés au gouvernement brésilien pour demander l’interdiction de “l’achat, de la commercialisation et du financement du soja issu du biome amazonien sur des zones déforestées”. Le moratoire adopté a ainsi permis au soja de ne plus être un facteur majeur de déforestation en Amazonie brésilienne.

Faut-il arrêter de consommer du soja ?

Le soja a de lourdes conséquences pour l’environnement lorsqu’il est produit outre-mer. Pour consommer cette légumineuse sans participer à la pollution de la terre, il faut tout bonnement acheter du soja bio provenant de France. Ainsi, vous consommez un produit qui n’est pas génétiquement modifié, qui ne comporte pas d’engrais chimiques et qui ne provient pas d’un pays lointain. Le meilleur moyen de protéger la planète est de réduire sa consommation de viande qui a un impact sur la production de soja prévu à la nourriture du bétail. Pour bénécifer des protéines végétales, priviligiez des légumineuses, des céréales ou encore des algues. 

Les pesticides et engrais de synthèse appauvrissent considérablement la qualité des sols. Les produits bio, garantis sans substances néfastes pour l’environnement, contribuent à la reconstruction de la biodiversité. Privilégiez le soja ou le tofu bio et cuisinez un peu plus car les plats préparés contenant ces ingrédients entraînent plus de transformation et donc plus d’émissions de gaz à effets de serre.

1 timesonline.co.uk/tol/news/environment/article7023809.ece ; l'étude la Food Climate Research Network par une équipe de recherche à l'Université de Cranfield, Murphy-Bokern Konzepte et Ecometrica