Pesticides : un producteur de fraises bio part en guerre contre l'Espagne

Pesticides : un producteur de fraises bio picard part en guerre contre l'Espagne
Pesticides : un producteur de fraises bio picard part en guerre contre l'Espagne
Par Juliette Labracherie publié le
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Un maraîcher bio picard porte plainte contre la politique laxiste de l’État espagnol en matière de pesticides. Il dénonce les producteurs de fraises andalous qui utilisent en abondance des pesticides de haute toxicité.

C’est une plainte déposée pour “discrimination grave qui met en difficulté une exploitation”. Jean Claude Terlet est un maraîcher français installé à Celles-sur-Aisne, près de Soissons (Picardie), depuis 1981. Producteur de fraises bio, il dénonce la concurrence déloyale des fraiseraies espagnoles.

Une concurrence déloyale

Les terres espagnoles produisent 8 fois plus de fruits rouges que la France. Jean Claude Terlet sait pourquoi : en voyage il y a quelques mois dans les terres andalouses, à Huelva dans la région de Gibraltar, il découvre la quantité impressionnante utilisée de trois pesticides interdits par la Commission européenne. Ils permettent une production accrue, une rapide maturité des fraises et surtout, des tarifs imbattables à Rungis : 0.80 centime le kilo pour les fraises espagnoles, contre 8 euros pour les fraises bio de Jean Claude Terlet.

"Si l'on ne fait rien, il n'y aura bientôt plus de producteurs de fraises en France"

Des fraises chimiques ibériques

Dans la province de Gibraltar en Espagne, entre 9 et 10 mille hectares de serres utilisent encore des pesticides. Ils sont pourtant interdits en France, en Allemagne et dans les autres pays de l’Union européenne depuis 2012 pour leur haute toxicité et leurs effets cancérigènes. C’est le cas de l’endosulfan, un insecticide radical dont les effets sont néfastes pour le système nerveux. Non conforme à la législation en vigueur, il provient de Chine et ne coûte que 3 euros le litre. Un produit très bon marché et très prisé des producteurs espagnols.

“Ce que je demande aux autorités européennes, c’est que l’Espagne se mette en totale conformité. C’est le seul pays actuellement qui désobéisse” déclare Jean Claude Terlet à RTL. Un combat qu’il mène seul, les autres producteurs de fraises n'y étant pas autant sensibilisés.