La décharge flottante du Pacifique fait 3 fois la taille de la France

Pollution marine et sac plastique dans l'océan
Pollution marine : la décharge du Pacifique fait 3 fois la taille de la France
Par AFP /Relaxnews publié le
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Des milliards de morceaux de plastique, 80 000 tonnes de déchets… la gigantesque décharge qui flotte dans le Pacifique est, en réalité, bien plus importante que les précédentes estimations. Elle s’étend sur une surface de trois fois la France, selon une étude publiée jeudi.

Triste constat. La production de plastique dépasse 320 millions de tonnes par an, et une partie de ces sacs, bouteilles, emballages, filets de pêche… abandonnés et microparticules dégradées s'agglutinent dans plusieurs zones des océans, sous l'effet de tourbillons géants formés par les courants marins. Une situation qui menace autant les animaux que les écosystèmes. Le plus important de ces vortex, connu comme la "grande zone d'ordures du Pacifique" (Great pacific garbage patch, GPGP), à mi-chemin entre Hawaï et la Californie, a été analysé par une équipe de chercheurs, qui ont publié leurs résultats dans la revue Scientific Reports.
Estimant que tout km2 contenant plus d'un kilo de plastique fait partie de cette poubelle du Pacifique, ils évaluent sa taille à environ 1,6 million de km2, soit trois fois la France continentale, même s'il ne s'agit pas d'une masse compacte. De plus, en se basant sur la récolte de 1,2 million d'échantillons et sur des survols aériens, ils concluent aussi que 1 800 milliards de morceaux de plastique, pesant un total de quelque 80 000 tonnes, flottent dans ce magma qui "augmente de façon exponentielle".
Ces estimations sont ainsi 4 à 16 fois supérieures à deux précédentes études de ce vortex, soulignent les chercheurs. Un résultat en partie lié à des méthodes d'analyse "plus fiables", les précédentes ayant surtout évalué les microplastiques. Mais ce chiffre alarmant pourrait "aussi être attribué à l'augmentation de la pollution plastique des océans dans la zone", notamment en lien avec les débris du tsunami japonais de 2011.

La plastique représente 99,9 % des déchets récoltés

Sans grande surprise, le plastique représentait 99,9 % des déchets récoltés, mais pas nécessairement sous forme microscopique comme s'y attendaient les scientifiques. Ils ont été surpris de découvrir qu'en poids, plus des trois quarts de cette décharge étaient constitués de débris dépassant 5 cm et près de la moitié de matériel de pêche abandonné.
Ces cordes et ces filets "fantômes" tuent beaucoup "de poissons, de tortues, et même de mammifères marins" qui s'empêtrent dedans, explique à l'AFP l'auteur principal Laurent Lebreton, de la fondation Ocean Cleanup. Toutefois, pour lui, il s’agit "plutôt d’une bonne nouvelle" parce que "les gros débris sont bien plus faciles à collecter que les microplastiques". Dans un communiqué, Boyan Slat, fondateur de Ocean Cleanup a déclaré que ces résultats fournissaient des données-clés pour développer et tester leur technologie de nettoyage

Un procédé à l’étude pour vider 50 % de la décharge

Le jeune Néerlandais, qui s'est lancé dans cette aventure à 18 ans, développe avec ses 75 ingénieurs un système de barrières flottantes destinées à attraper les plastiques. Quand la technique sera au point, il espère vider 50 % de la décharge du Pacifique en l’espace de cinq ans. Seul bémol : ces barrières ne pourront pas ramasser les morceaux inférieurs à un centimètre, ce qui laisse entier le problème des microplastiques. Or, ces particules, néfastes pour la santé, sont ingérées par les poissons, et entrent ensuite dans la chaîne alimentaire.
Les spécialistes ignorent combien de temps ces minuscules particules mettront à disparaître. L'étude s'interroge également sur le risque que ces particules finissent par couler. "Le niveau de la pollution plastique en eaux profondes et sur les fonds marins sous la GPGP reste inconnu", précisent les chercheurs. D’autres études et explorations sont donc nécessaires. D’ici là, les scientifiques préconisent la mise en place de recommandations, à l’échelle mondiale, pour en finir avec ce mode de consommation "du tout-jetable".

AFP/Relaxnews