Cancer de la prostate causé par le chlordécone : bientôt reconnu comme maladie professionnelle ?

une machine, un champ arrosé
L'agricuture
© Stocklib
Par Adèle Ndjaki publié le
Journaliste

Le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Julien Denormandie s’est récemment exprimé sur un prochain décret ayant pour objectif de reconnaître les conséquences du chlordécone. Alors que cette substance est pointée du doigt dans la survenue de cancer de la prostate aux Antilles, où le taux d'incidence du est parmi les plus élevés au monde, un nouveau système d’indemnisation pourrait être mis en place pour les professionnels en contact avec le pesticide. Explications.

C’est décidé, un décret reconnaissant le cancer de la prostate comme maladie professionnelle à la suite de l'usage de chlordécone sera pris "avant la fin de l'année", a récemment indiqué Julien Denormandie, le ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation. Utilisée dans les plantations de bananes de 1972 à 1993 aux Antilles, cette molécule toxique est responsable d’une pollution durable sur de multiples terrains.  Le chlordécone a en effet contaminé les sols pour plusieurs siècles. Face à la contestation de la population, certaines denrées végétales et animales ainsi que les milieux aquatiques font l'objet d’un nouveau plan (plan chlordécone IV pour la période 2021-2027) lancé par le gouvernement permettant de lutter contre les conséquences nocives de cet insecticide.  

La prise en charge des victimes du chlordécone 

Pour rappel, l’article D461-25 du Code de la sécurité sociale dispose : "la personne qui au cours de son activité salariée a été exposée à des agents cancérogènes [...] peut demander, si elle est inactive, demandeur d'emploi ou retraitée, à bénéficier d'une surveillance médicale post-professionnelle prise en charge par la caisse primaire d'assurance maladie ou l'organisation spéciale de sécurité sociale. Les dépenses correspondantes sont imputées sur le fonds national des accidents du travail."

Selon le ministère, un nouveau fonds d'indemnisation pour les victimes de maladies professionnelles liées aux pesticides sera mis en place via le prochain décret. Pour ce faire, le budget global prévisionnel de ce dernier plan "est fixé à 92 millions d’euros", indique le gouvernement. 

Le ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation affirme qu’"il y a une demande légitime, depuis maintenant fort longtemps, des professionnels, que le cancer de la prostate puisse être reconnu comme une maladie professionnelle liée à l'utilisation de produits, notamment le chlordécone".

Cancer et chlordécone

Selon le ministre de l'Agriculture et de l’Alimentation, la population antillaise serait l’une des plus touchées par le cancer de la prostate au monde. En outre, les chiffres de Santé publique France dévoile que plus de 90 % de la population adulte en Guadeloupe et Martinique est contaminée par le chlordécone. Ces informations s’ajoutent à l'expertise de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). En effet, l'établissement public a confirmé un lien de cause à effet entre "l'exposition au chlordécone de la population générale et le risque de survenue de cancer de la prostate".

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