Les États-Unis veulent lâcher des papillons OGM pour protéger les cultures

Des papillons OGM pour protéger les cultures
Les États-Unis veulent lâcher des papillons OGM pour protéger les cultures
Par Manon Laplace publié le
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Modifier génétiquement une espèce de papillons pour compromettre sa descendance et protéger les cultures de choux et autres crucifères. Voilà le projet de l’entreprise Oxitec, spécialisée dans le contrôle des insectes nuisibles.

Le Plutella xylostella, plus communément nommé teigne des crucifères ou teigne des choux, est un papillon particulièrement nuisible aux cultures crucifères (choux, colza, cresson, roquette). Pour protéger les plantations de cet insecte, Oxitec, une entreprise britannique en lien avec Syngenta, a développé une technologie visant à modifier génétiquement ces papillons afin d’empêcher la reproduction de leur descendance.

Cette méthode, appliquée aux papillons mâles adultes, introduirait un gêne dit “de létalité” aux insectes, celui-ci se transmettant aux larves issues de leur reproduction et les empêchant d’atteindre l’âge adulte.

Concernant la modification génétique d'insectes pour en réduire la population, Oxitec n'en est pas à son coup d'essai. En juillet dernier, l’État de Bahia au Brésil accueillait le premier élevage à grande échelle de moustiques OGM pour lutter contre la dengue, maladie tropicale parfois mortelle. Sur ce point le site d’information Inf’OGM souligne l'importante différence de visée des deux opérations. Le lâcher de moustiques transgéniques au Brésil répondait à une logique humanitaire. Celle de venir en aide à des pays pauvres dans la lutte contre la dengue. Or, modifier génétiquement le  Plutella xylostella s’inscrit dans une démarche de rendement agricole. Il s’agit d’éradiquer les parasites de cultures industrielles selon Inf’OGM. Ce qui représente un marché potentiellement bien plus lucratif que celui de la lutte contre la dengue.

À l’étude par les services d’inspection des animaux et des plantes étasuniens (APHIS-USDA), le projet pourrait être expérimenté dans l’État de New York (USA) d’ici peu. Au grand dam de certaines ONG comme GeneWatch qui dénoncent une étude d’impact incomplète et des évaluations insatisfaisantes.

D’autant que le gêne modifié chez les papillons mâles impacterait uniquement sur le développement des larves femelles, n'ayant aucun effet sur les larves mâles qui pourront atteindre normalement l’âge adulte. Une préoccupation sur la viabilité du projet qui s'ajoute à celle des ONG concernant la quantité de papillons transgéniques nécessaire pour réellement réduire les population de nuisibles. Soit 10 mâles pour une seule femelle sauvage.

Plus encore, les ONG s’inquiètent de la propagation d’autres nuisibles si ces papillons venaient à disparaître. Autant de questions dont les réponses fournies par l’étude d’impact de l’USDA restent partielles.

 

Source : Inf'OGM