Glyphosate : comment Monsanto aurait dissimulé la dangerosité de ses produits

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Glyphosate : Comment Monsanto aurait dissimulé la dangerosité de ses produits
Par Anaïs Martinez publié le
Journaliste
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Révélé par Le Monde ce jeudi 31 janvier, une enquête menée par des journalistes d’investigation éclaircit les pratiques douteuses de “sponsoring” de l’entreprise Monsanto.

A la suite des différents procès intentés contre Monsanto, des documents internes ont été dévoilés par la justice américaine. Si éclipser la dangerosité d’un produit chimique est d’usage pour la firme américaine, son processus de dissimulation a été éclairci par les deux journalistes d’investigation du journal Le Monde, Stéphane Horel et Stéphane Foucart.

Sponsoriser la non-dangerosité du glyphosate

Selon les révélations du journal français, l’entreprise de relations publiques et de marketing, Fleishman Hillard, orchestrerait le processus de "sponsoring" de la non-dangerosité du glyphosate, l'herbicide commercialisé par la firme Monsanto.

A la manière de "trolls" sur les réseaux sociaux, la firme Monsanto et l’entreprise de marketing instillent des contenus à leur avantage en cachant certaines informations quant à la dangerosité du produit, en s’appuyant sur le fait que les rapports de recherche sur le produit ont été réalisés par des scientifiques indépendants et en rejetant toute forme d'implication dans ce processus.

L’entreprise Fleishman Hillard surveillerait aussi attentivement les réseaux sociaux et la presse notamment dès que la marque Monsanto ou l’un de ses produits est mis en jeu. D’après les journalistes, l’entreprise Bayer (qui a récemment racheté Monsanto), dément la création de faux comptes ou de "trolls" qui seraient responsables d'un tel contenu sponsorisé sur Internet.

Le cas le plus problématique reste cependant la contestation de la dangerosité du glyphosate au sein même des organismes de presse, où la firme influerait sur des contenus à leur avantage dans certains médias.

Par ailleurs, une très vive contestation a eu lieu après l’émission d’Envoyé spécial “Glyphosate, comment s’en sortir?”, diffusée le 17 janvier dernier. Des débats qui ont enflammé les réseaux sociaux y compris entre journalistes, selon Elsa Margout, directrice des magazines de l’information de France Télévisions, interrogée par nos confrères du journal Le Monde.

Un appui scientifique pour mieux dissimuler

Pour publier son contenu controversé, Monsanto s’appuie sur des études scientifiques dites "indépendantes". Ces études ne remettent pas en cause la nocivité du produit du géant américain car elles seraient souvent établies par la firme elle-même.

Le glyphosate, alors même qu’il a été classé "agent probablement cancérogène" pour l’homme en mars 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC); il n’est pas passé dans la catégorie 1 de manière concrète, c’est-à-dire en tant qu’"agent cancérogène" pour l'homme. En cause : des preuves insuffisantes de sa dangerosité selon l’ANSES (Agence nationale de sécurité alimentaire, de l’environnement et du travail) qui ne remet cependant pas en question les risques liés à cette substance décriée.

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