Lait maternel : sa composition bactérienne est influencée par le mode d’allaitement

mère allaitant son enfant
Lait maternel : sa composition bactérienne est influencée par le mode d’allaitement
Par Anaïs Martinez publié le
Journaliste
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L’allaitement, recommandé par les spécialistes, participe au renforcement du lien mère-enfant. Le lait maternel, riche en nutriments et anticorps, influence le microbiote et le bon développement du nourrisson. Mais selon le mode d’allaitement, les bactéries apportées varieraient. Explications.

Une étude publiée dans Cell Host and Microbe, ce mercredi 13 février, démontre que la composition bactérienne du lait maternel est liée à une multiplicité de facteurs aussi bien venant de la mère que du nourrisson. Cette recherche, financée par l’association “Heart and Stroke Foundation and Canadian Lung”, a notamment été réalisée par des docteurs de l’Université de Manitoba.

Le composition du lait maternel diffère selon le couple mère-enfant

L’étude a été menée sur 393 couples mère-enfant. Les prélèvements de lait pouvaient provenir d’un allaitement direct ou indirect. Les nourrissons ont été allaités pendant une période de 13 mois et les échantillons ont été récoltés 3 à 4 mois après la naissance.

Les chercheurs ont observé que la composition du lait maternel dépend de facteurs liés à la mère tels que l’indice de masse corporelle (IMC), son âge, son régime alimentaire mais aussi le mode d’accouchement ou s’il s’agit ou non d’une première grossesse. La composition bactérienne du lait est aussi très influencée par le mode d’allaitement, direct ou indirect (via un tire-lait ou une pompe). L’enfant joue également un rôle (comme la prise éventuelle d’antibiotiques lors de ces premiers instants de vie).
Tous ces facteurs ont une incidence sur la composition bactérienne du lait mais aussi sur sa teneur en nutriments, bonnes graisses et en oligosaccharides.

L’allaitement agit favorablement sur le microbiote de l’enfant

D’après les résultats de cette étude, le mode d’allaitement indirect apporte une surreprésentation de bactéries. Attention, toutes ne sont pas mauvaises, certaines étant nécessaires au bon fonctionnement de la flore intestinale du nourrisson.

Le lait provenant de femmes qui allaitaient seulement directement était plus riche en Gemella, en Nocardioides, "des bactéries qui sont naturellement présentes dans la cavité orale du nouveau né" comme l’indique Le Quotidien du médecin. Leur lait présentait aussi plus de Vogesella.

En revanche, les prélèvements de lait provenant d’un tire-lait étaient plus enrichis en Pseudomonas et en entérobactéries, potentiellement pathogènes. Cependant, ces entérobactéries étaient présentes dans 70 % des prélèvements, tous modes d’allaitement confondus.

Cette exposition à ces bactéries pathogènes dans le lait maternel pourrait entraîner des risques d’infections respiratoires chez le nourrisson et donc d’augmenter le risque d’asthme. Toutefois, une étude suisse de 2016, précisait que l'allaitement pouvait modifier l'expression de gènes liés à l'asthme et réduire de près de 30 % le risque de développer des symptômes respiratoires.

Le Bifidobacterium, lui, était plus présent lors d’un allaitement direct qu’indirect. Cette bactérie, qui appartient à la famille des bactéries lactiques, est essentielle à la santé du nourrisson, pour son système immunitaire et son transit.

Crucial pour le système immunitaire du nourrisson

Comme le rappellent les chercheurs, le microbiote est crucial pour le développement et le bon fonctionnement du système immunitaire du nourrisson. Et un dérèglement de la flore intestinale dans les premiers mois de vie est associé à des allergies dites "atopiques" comme l’eczéma, l’asthme, la rhinite etc.

Selon les scientifiques, les facteurs maternels n’affectent pas la composition bactérienne du lait à part l’indice de masse corporelle (IMC), qui indirectement, a des effets sur la composition générale du lait et notamment l’apport en acides gras.

Rappelons que le lait maternel est le meilleur aliment pour les nourrissons. L’OMS recommande un allaitement exclusif jusqu’aux six mois de l’enfant. Mais, l’allaitement direct n’est pas toujours possible et conciliable pour toutes les femmes, et reste, avant tout, un choix.

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