La pollution de l’eau : "une crise invisible" dans les pays riches comme pauvres

eau du robinet
La pollution de l’eau : une crise invisible dans les pays riches comme pauvres
Par AFP /Relaxnews publié le
2422 lectures

Nitrates, métaux lourds, microplastiques… dans les pays riches comme pauvres, la pollution de l’eau devient critique avertit la Banque mondiale dans un rapport publié mardi.

Le nouveau rapport de la Banque mondiale sur la qualité de l’eau dans le monde, intitulé "Qualité inconnue" est dur à avaler. En effet, dans les pays riches comme pauvres, l'eau est contaminée aux nitrates, métaux lourds ou encore aux microplastiques. Le président de la BM, David Malpass a appelé les gouvernements "à prendre des mesures urgentes pour s'attaquer à la pollution de l'eau afin que les pays puissent croître plus vite d'une façon plus durable et équitable".

Des hauts niveaux de pollution partout dans le monde

Pays industrialisés ou non, tous affichent de hauts niveaux de pollution de l'eau. "Il est clair que le statut de pays à haut revenu n'immunise pas contre des problèmes de qualité de l'eau", écrivent les experts. "Non seulement une diminution de la pollution ne va pas de pair avec la croissance économique mais l'éventail de polluants tend à augmenter avec la prospérité d'un pays".

Aux Etats-Unis, un millier de nouveaux produits chimiques sont déversés dans l'environnement tous les ans. Cela représente trois nouveaux types de produits chaque jour. De vrais poisons pour la santé. 

Cocktail toxique

De nombreux polluants dangereux flottent dans l’eau. Par exemple, l’azote, utilisé dans les fertilisants pour l'agriculture, se répand dans les rivières, les lacs et les océans, et se transforme en nitrates. Ceux-ci sont responsables d'une destruction de l'oxygène dans l'eau (hypoxie) et de l'apparition de zones mortes. Les dépôts d'azote oxydé peuvent également être fatals aux enfants, précise le rapport. Par ailleurs, une recherche menée dans plus de trente pays en Afrique et en Asie a révélé que les enfants exposés à de hauts niveaux de nitrates pendant leurs trois premières années de vie grandissaient moins que les autres. 

"Une interprétation de ces conclusions suggère que les subventions pour financer les engrais entraînent des dommages pour la santé humaine qui sont aussi grands, peut-être même plus grands, que les bénéfices qu'ils apportent à l'agriculture", ajoute le rapport.

La salinité des eaux dans les zones côtières de faible altitude, sur des terres irriguées et en zone urbaine a aussi des impacts nocifs pour la santé, notamment celle des enfants et des femmes enceintes. C’est notamment le cas au Bangladesh, où 20 % de la mortalité infantile dans les régions côtières est attribuée à l'eau salée.

L'arsenic qui contamine les eaux de régions où il y a une activité minière comme au Bengale en Inde, dans le nord du Chili ou en Argentine ou encore le plomb sont d’autres métaux lourds dangereux fréquemment retrouvés. Chez les enfants, une intoxication au plomb peut altérer le développement du cerveau. Enfin, la pollution aux microplastiques est aujourd'hui détectée dans 80 % des sources naturelles, 81 % des eaux du robinet municipales et dans 93 % des eaux embouteillées, affirme la Banque mondiale. Elle regrette qu'on ne dispose pas encore de suffisamment d'informations pour déterminer le seuil à partir duquel ces polluants sont inquiétants pour la santé.

Transparence à tout prix

Pour la Banque mondiale, les mesures de qualité de l'eau dans le monde doivent être améliorées. Mais surtout, elle milite pour que cette information soit systématiquement diffusée au public. "Les citoyens ne peuvent pas agir s'ils ne sont pas informés de la situation", avance le rapport.

Il rappelle que plus de 80 % des eaux usées dans le monde -95% dans certains pays en développement- sont déversées dans l'environnement sans être traitées. "Peu de pays en développement surveillent correctement la qualité de l'eau", déplorent les auteurs du rapport. Tout reste donc à faire...