5 gestes que l’on croit écolo...mais qui ne le sont pas

huile essentielle
Ces gestes pas si écolo
© Stocklib
Par Claire Villard publié le
Journaliste indépendante
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Portés par l'envie de bien faire, nous n'avons pas toujours conscience des conséquences invisibles de certaines de nos actions qui pourtant nous semblent irréprochables sur le papier. Voici cinq gestes non pas à supprimer...mais à relativiser.

1. Le recours systématique aux huiles essentielles

Pas besoin d’être expert en aromathérapie pour avoir sous la main un flacon d’huile essentielle de ravintsara ou de tea tree pour les maux du quotidien. Pourtant, le recours aux huiles essentielles ne devrait pas être si systématique, surtout lorsque leur fonction est simplement de parfumer un produit fait maison : shampoing, lessive ou bougie par exemple. Car si ce produit est 100 % naturel, ses conditions de fabrication laissent parfois à désirer, sur le plan écologique mais aussi éthique. Les huiles essentielles sont le résultat de la distillation de différentes parties d'une plante, elles nécessitent donc une très grande quantité de matière première. À titre d’exemple, il faut 200 kg de fleurs de lavande pour obtenir un kilo d’huile essentielle… Des végétaux cultivés de manière intensive, en monoculture, dans beaucoup de pays dans lesquels la main d'œuvre à bas coût est surexploitée… le tableau ne fait pas rêver !

On ne peut que recommander, donc, d’acheter des huiles essentielles fabriquées en France, ou au moins en Europe, et issues de l’agriculture biologique. Enfin, bio ou non, certaines d'entre elles (pamplemousse, jasmin, citron) sont toxiques pour la faune et la flore aquatique, pas question de les utiliser dans un savon donc, car elles termineront forcément dans les eaux usées.

2. N'utiliser plus que le courrier électronique

Pour sauver la planète, vous limitez au maximum le support papier. Vous refusez d’imprimer la moindre place de spectacle, la moindre facture et multipliez les échanges par mail. Malheureusement, le tout numérique a bien un impact écologique, et pas des moindres. C'est une pollution dont ne parle pas, parce qu'elle ne se voit pas. Mais c'est aussi, et surtout, une pollution que les géants du numérique ont tout intérêt à taire. Pourtant, selon le ministère de l’Écologie, "la production et la consommation numérique représentent 3,7 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre." 

L’usage massif de mails pose problème -notamment l’envoi de courriers internes dans une entreprise, pas toujours utiles- mais surtout le stockage de milliards de mails, terriblement énergivore pour être conservés dans des énormes data-centers. Quant à vider sa corbeille fréquemment, se désabonner des newsletters qu’on ne lit pas, privilégier les solutions telles que WeTransfer pour l’envoi de fichiers lourds, ce sont de bons réflexes pour une meilleure organisation... mais sachez que l’impact sera quasi-nul sur la réduction de production de CO2. En revanche, vous pouvez (re)prendre l'habitude du téléphone pour communiquer avec vos proches.

3. Acheter un sapin de Noël artificiel

À la mi-décembre, cela vous fend le cœur de voir tous ces arbres coupés et décorés pour seulement quelques jours de fête ? Sachez qu'acheter un sapin artificiel a aussi un coût écologique : fabriqué en plastique, il a nécessité des ressources pour être produit, transporté, et même si vous l’utilisez plusieurs années d'affilée, sera difficile à recycler. Acheter un vrai sapin n’est pas forcément un acte absurde : il suffit de bien le choisir. Beaucoup proviennent de petites exploitations familiales, et dans certains cas, vous pouvez même vous rendre sur place pour choisir votre arbre encore en terre.

Il existe aussi des labels pour y voir plus clair, comme Plante bleue qui garantit une production éco-responsable. Noël passé, la meilleure chose que vous puissiez faire est de le transformer en bois de chauffage si vous ou vos voisins en avez l’usage. Autre solution : la location de sapin de Noël. Plusieurs entreprises proposent ce service : votre sapin est livré chez vous dans un pot, avec ses racines. Une fois les fêtes passées, il sera récupéré pour être remis en terre.

4. Ne jurer que par le bois pour la déco et la construction

Vous faites la guerre au plastique dans la maison et vous avez raison ! Cependant, que ce soit pour la construction ou l’aménagement, le tout bois peut s'avérer piégeux sur le plan écologique. D’abord, dans les grands magasins d’équipement, beaucoup de meubles dit « en bois » sont constitués de panneaux de particules -qui imitent parfois le chêne à merveille ! Il s’agit d’un assemblage de copeaux et de chutes de bois, liés avec de la colle, et dont l’origine n’est pas précisée. Mais généralement, la matière première vient d’immenses exploitations sur le continent américain : on vous laisse imaginer l’empreinte carbone de votre bibliothèque… Pour la construction, idem, si vous utilisez des plaques d’OSB, qui contiennent des résines aux composés peu sûrs pour la santé. Donc le bois, oui, mais uniquement en version massive et surtout issu de forêts durablement gérées et si possible situées au plus près de chez vous.

5. Recycler tous les plastiques

Savez-vous que tous les Français ne sont égaux face au recyclage de leurs déchets plastiques ? En réalité, selon la région où vous vivez, vous êtes autorisés ou non à jeter vos pots de yaourts vides dans le bac de recyclage ou non. À Paris, désormais, tous les plastiques se recyclent. C’est moins évident ailleurs, où souvent seules les bouteilles et flacons en plastique sont acceptés. Il convient donc de se renseigner dans sa commune de résidence pour savoir quoi jeter dans quelle poubelle. Faute de réglementation commune à l’ensemble du territoire, c’est au citoyen d’aller à la pêche aux infos pour mieux trier. En gardant en tête que pour ne pas se tromper, le mieux reste encore de ne pas produire de déchet !