Comment l’alimentation bio réduit le stress oxydatif

alimentation bio
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Stocklib
Par Elodie-Elsy Moreau publié le
Rédactrice en chef

Une récente étude réalisée à Chypre, publiée dans la revue Environment International, confirme les bénéfices d’une alimentation bio sur l’organisme. D'après les chercheurs, une consommation de produits biologiques réduirait en effet le stress oxydatif. Explications.

Par quels biais diminuer le stress oxydatif dans l'organisme ? Peut-être en adoptant une alimention bio. C'est en tout cas ce que supposent des chercheurs chypriotes dans une récente étude publiée dans la revue Environment International. Pour rappel, le stress oxydatif se manifeste par une présence importante de radicaux libres dans le corps, ces derniers pouvant accélérer le vieillissement cutané, endommager l'ADN et les protéines qui nous constituent. Des réactions en chaîne qui peuvent entraîner des maladies (cancers, diabète...). 

Pour mener à bien leur recherche, les scientifiques ont suivi une centaine d’élèves de primaire afin de comparer les éventuelles perturbations du métabolome urinaire induit par une alimentation biologique ou non. Concrètement, un premier groupe d’enfants a dû manger exclusivement bio pendant quarante jours, avant de revenir à son régime habituel durant la même durée. Un second groupe a alterné les deux régimes dans l’ordre inverse.
Au total, 850 échantillons d’urine du matin ont été récoltés dans le cadre d'une analyse métabolomique. Cette technique consiste à étudier l'ensemble des molécules primaires (ou métabolites) composant l'organisme (sucres, acides aminés, graisses, etc.). 

Diminution des dommages oxydatifs

Après des contrôles de qualité stricts, les scientifiques ont alors remarqué qu’une alimentation biologique réduisait l'exposition aux pesticides, ainsi que les biomarqueurs des dommages oxydatifs au fil du temps. 
Comme ils l'indiquent, il s'agit de la première étude qui fournit des preuves des bienfaits d’une alimentation biologique au niveau moléculaire, impliquant une réduction des biomarqueurs des dommages oxydatifs. Toutefois, pour les chercheurs, d'autres preuves sont nécessaires pour mieux comprendre ce mécanisme.
"Ce que nous observons dans les deux groupes d’enfants est que le régime bio est associé à une réduction des marqueurs de dommages oxydatifs, fortement corrélée à une augmentation des marqueurs d’exposition aux pesticides, explique le professeur Konstantinos Makris, spécialiste de santé environnementale qui a piloté cette recherche. "On constate aussi que cet effet se renforce au cours de la période où les enfants s’alimentent en bio, pour devenir significatif au bout d’environ quarante jours."

Ces résultats rappellent ceux d'une recherche suédoise réalisée en 2015 au sein d'une famille. Après un régime 100 % bio durant quinze jours et analyses de leurs urines, les auteurs de l'étude avaient observé la quasi disparition de pesticides dans l’organisme des parents et des enfants.

Un risque réduit de cancer précédemment démontré

En 2018, une étude épidémiologique, s’appuyant sur les données d’un échantillon de 68 946 participants de la cohorte NutriNet-Santé, et réalisée par une équipe de l’Inra, Inserm, Université Paris 13/CNAM, a montré une diminution de 25 % du risque de cancer chez les consommateurs « réguliers » d’aliments bio, par rapport aux personnes qui en consommaient moins souvent. Si cette étude ne suffisait pas à établir le lien de cause à effet, elle suggérait l’incidence d’une alimentation bio sur la santé. Interviewée par Le Monde, Emmanuelle Kesse-Guyot, la co-autrice de cette étude française estime que la nouvelle recherche chypriote est de "de haut niveau". De rajouter : "leur échantillon est petit, mais le schéma de l’étude est très précis donc ils détectent beaucoup de choses".
En clair, l’alimentation bio devrait être adoptée dès le plus jeune âge ! A bon entendeur... 

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