Courir pieds nus, une bonne idée ?

Courir pieds nus
Courir pieds nus enfants
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Par Claire Villard publié le
Journaliste indépendante

Il y a les fans des chaussures minimalistes à cinq doigts, accessoires qui permettent un contact plus sensible avec le terrain tout en protégeant le pied. Certains coureurs, occasionnels ou même professionnels, sont allés plus loin en retirant carrément leurs chaussures. Un effet de mode ou un véritable renouveau du running ?

Le livre « Courir pieds nus » de Ken Bob Saxton a provoqué une petite révolution dans l’univers du running. Paru en mai 2011 aux États-Unis, il a été traduit en français en juillet 2021, élargissant ainsi la pratique du « barefooting » à de nombreux sportifs. Quelques années auparavant, une étude publiée dans la revue scientifique Nature avait déjà fait sensation, en avançant que la course pieds nus limiterait les blessures au pied. Saxton s’appuie en partie sur celle-ci pour aller plus loin et l’expliquer au grand public. D’après lui, les chaussures empêchent l’utilisation correcte des chevilles, des genoux, du dos, des articulations. Tout se passe comme si les baskets, souvent très ergonomiques, savamment conçues, mâchaient le travail au corps du sportif, qui n’a plus la possibilité d’apprendre ni de corriger sa posture naturellement. Celui-ci est coupé d’un grand nombre de ses sensations, tandis que le pied est doté de milliers de terminaisons nerveuses.

Moins de blessures à long terme

Plus concrètement, selon les adeptes de la course pieds nus, cette pratique permet de réduire de 50% la charge au moment de l’impact. Celui-ci se fait spontanément avec l’avant du pied, tandis que chaussé, c’est le talon qui vient heurter le sol en premier. Un détail qui a toute son importance, et des répercussions sur le corps entier. Il a également été observé que pieds nus, la foulée n’est pas la même : plus légère, le pied cherche naturellement à éviter le choc, et s’en protège, en quelque sorte tout seul, par réflexe. 

Techniques pour débuter

Les craintes de passer au pied nu sont bien sûr nombreuses, en premier lieu celles liées aux blessures superficielles : petites plaies, ampoules, risque de marcher sur un objet coupant… C’est la raison pour laquelle il est hors de question de se lancer sur un chemin de randonnée sans chaussure ! Pour débuter et se familiariser en douceur avec de nouvelles sensations, il est recommandé de pratiquer juste cinq minutes en fin d'entraînement classique, sur une piste d'athlétisme. Sur un terrain propre, sans danger, le coureur pourra alors peu à peu trouver la foulée correcte, qui, d’après Saxton, doit être portée par une flexion plus importante du genou que d’habitude (favorisant un impact moins violent). L’apprentissage prend du temps et ne doit pas être précipité, mais conscient et documenté.

Se réconcilier avec ses pieds

Avant de se lancer, il est fortement recommandé de consulter un spécialiste, que ce soit de la médecine sportive ou mieux, de la podologie du sport. Il est bon de rappeler que la course pieds nus ne doit pas forcément être pratiquée tout le temps et sur tous les terrains. Sur des sols plus mous, le port de chaussures est vivement conseillé, surtout pour les débutants. On pense notamment aux foulures de chevilles lors de footings matinaux sur la plage… Hormis toutes ces précautions indispensables, le barefooting n’a, semble-t-il, pas tellement de contre-indications. La condition la plus importante pour en tirer des bénéfices serait de s’intéresser…à ses pieds, et plus largement à son corps. Faire tomber certains tabous qui voudraient que nos pieds ne puissent pas supporter le contact direct avec le sol, par exemple. Car de fait, au fil des semaines, des mois, de marche pieds nus, la peau de nos plantes de pieds s'épaissit, formant une barrière naturelle contre les agressions. La forme de nos pieds peut aussi légèrement changer à force de pratique, en s'élargissant quelque peu.

En conclusion, la course pieds nus semble avoir de véritables avantages et la communauté grandissant des barefooteurs en atteste. En revanche, vouloir à tout prix rejoindre celle-ci sans s’intéresser de près à l’anatomie et à la bio-mécanique pourrait bien représenter un risque plus grand que de poursuivre ses entraînements en chaussures… Quitter ses chaussures, c’est recommandé, mais pas sans coach ou suivi médical sérieux !

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