Les meilleurs thés et meilleures tisanes anti-cancer

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Par Magali Walkowicz publié le
Diététicienne-nutritionniste, journaliste et auteure
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Antiangiogéniques, anti tumoral, anti inflammatoires, c’est en ces termes, bien connus dans le monde de l’oncologie, que, grâce à la recherche, l’on peut décrire les bénéfices de certains thés et les tisanes. Voici l’incroyable pouvoir de cinq breuvages d’exception, à portée de mains.

 

Avant d’entrer dans le vif du sujet, un petit glossaire :

Antiangiogéniques : qui s’opposent à la vascularisation des cellules cancéreuses, ce qui leur fait perdre toute capacité à recevoir ce qui les fait croître et proliférer. Seule une cellule défectueuse vascularisée est une cellule cancéreuse.

Antitumoral : désigne ce qui a la capacité, par divers mécanismes, de lutter contre une tumeur, soit qui peut faire stagner l'évolution d'une tumeur, ralentir sa progression ou la détruire.

Anti-inflammatoire : qui combat l'inflammation. Les avancées scientifiques nous ont appris que l’inflammation de bas grade, une inflammation silencieuse, fait le lit des cancers.

Si vous souffrez d’un cancer ou si vous êtes à risque, pour des raisons génétiques ou autres, sur la base de ce que nous ont appris les chercheurs au cours de ces dernières décennies, voici à quoi pourrait ressembler votre hydratation santé sur une journée.

  • Au petit-déjeuner ou vers 16h (si vous n’êtes pas trop sensibles à la théine), prenez une infusion de feuilles de thé vert. De nombreuses recherches actuelles s’intéressent à l’épigallocatéchine-3-gallate (EGCG) une des molécules issue du thé vert réputée anti-inflammatoire, anti-oxydante, identifiée comme protectrice face au développement oncologique.  L’EGCG sur des rats atteints de tumeurs colorectales, réduit la taille des tumeurs significativement et engendre une réponse apoptotique accrue (l’apoptose fait référence à la mort de la cellule), de même qu’une réduction du taux sanguin d’eicosanoïde pro inflammatoire1. L’EGCG aiderait aussi à réguler l’angiogenèse par le biais de micro-ARN (régulateurs post-transcriptionnels capables d’extinction de l’expression d’un gène). Le thé vert joue donc un rôle anti-tumoral par quatre principaux mécanismes : son effet pro apoptotique, anti oxydant, anti inflammatoire et immunomodulateur2.  Vous pourriez choisir un thé vert sencha ou un thé earl grey avec une base de thé vert qui selon William Li, chercheur qui travaille sur le pouvoir antiangiogénique des molécules issues des aliments, sont ceux ayant une action antiangionégique plus puissante. Temps d’infusion : 6 minutes au moins.

A noter : d’après plusieurs études345 ,le thé Pu-erh, (aussi appelé thé sombre en Chine), aurait des vertus similaires. C’est un thé fermenté issu d’un théier cultivé dans le Yunnan depuis des millénaires, à la robe rouge sombre, avec un goût de sous-bois et des notes délicates de mousse. Il existe du thé pu-erh cru ou vert (Sheng Cha), obtenu en comprimant les feuilles en forme de galette rectangulaire ou carrée. Elles sont enveloppées dans un papier fin et poreux. Il peut ensuite être placé dans une cave d’affinage pour obtenir un grand cru. Il y a aussi du thé pu erh cuit (shu cha) qui est un thé post fermenté. La fermentation est accélérée grâce à l’humidification des feuilles de thé et sous l’action combinée de champignons microscopiques (Aspergillus Niger), de levures et de bactéries. 

Préparation avec une méthode occidentale : 5 g de thé avec 350ml d'eau. Vous pourrez faire 3 à 5 sessions d’infusion, tout au long de la journée. Pour la première infusion, appliquez un temps d'infusion de 2 à 3 minutes. Pour chaque infusion suivante, vous augmentez le temps d'une minute de plus. 

  • Dans la matinée faites une pause avec un thé matcha. Le thé vert matcha est une poudre couleur émeraude au pouvoir santé exceptionnel. Avec le thé matcha, vous ne buvez pas l’infusion des plantes, vous buvez la plante (les feuilles réduites en poudre diluées dans de l’eau). Des chercheurs de l’État de New York ont analysé les effets du matcha sur le cancer du sein6. Résultats : ses principes actifs inhibent la prolifération des cellules cancéreuses grâce à deux actions complémentaires : ils suppriment la phosphorylation oxydative des cellules cancéreuses, troublant leur métabolisme et ils empêchent la glycolyse soit leur possibilité d’absorber leur nourriture qui est le sucre, les empêchant de croître. Selon eux, ce thé peut avoir un potentiel thérapeutique important en favorisant la reprogrammation métabolique des cellules cancéreuses. Des chercheurs allemands des universités de Munich et de Rostock ont démontré que deux composants contenus dans ce type de thé : les ECGC et la quercétine en sont à l’origine et que les cellules cancéreuses d’autres cancers y seraient sensibles également7. Vous ne pouvez pas boire plusieurs tasses de thé matcha par jour (sous peine d’effets secondaires tels maux de ventre, nervosité).

Pour obtenir le maximum de bienfaits santé, choisissez un matcha de deuxième ou troisième récolte et une infusion à 90°C8. 1 g par jour suffit. Un matcha de qualité coûte au minimum autour de 30 euros les 30g.

Suite à la catastrophe de 2011, il est fortement conseillé de choisir un thé de la région de Kyoto (Uji) et du Kyūshū (Fukuoka, Kumamoto, Miyazaki, Kagoshima, Yame), qui sembleraient être les moins contaminés. 

  • 30 minutes avant chaque repas, prenez une décoction de racine de pissenlit. La médecine amérindienne et la médecine traditionnelle chinoise s’intéressent aux racines de pissenlit depuis fort longtemps, notamment pour leur utilité dans le traitement des cancers. Des chercheurs de l’Université de Windsor au Canada ont démontré les effets cytotoxiques potentiels de l’extrait de racine de pissenlit sur des cellules cancéreuses, qui permettrait de les tuer dès 48 heures seulement après assimilation. Évidemment un extrait lyophilisé concentré aux propriétés cancérigènes a un effet entre 5 et 10 fois supérieur à celles d’une décoction de racine de pissenlit maison. L’extrait standardisé n’étant pas encore sur le marché, il pourrait être intéressant au quotidien de boire des décoctions maison. Pour cela faites bouillir 1 cuillère à café de racine coupée en petits morceaux pendant 5 minutes dans 200 ml d’eau. Versez dans 1 tasse à boire avant les repas. Ou seconde option, utilisez 20 g de racines séchées pour un litre d'eau. Laissez macérer 2 heures, puis portez à ébullition durant 5 minutes. Filtrez. Buvez-en une tasse avant les repas.
  • Le soir, endormez-vous après avoir bu une tisane de camomille. La plante est surtout connue pour ses vertus apaisantes, relaxantes, mais son pouvoir thérapeutique va bien au-delà. La camomille contient en grande quantité un flavone, appelée apigénine, au pouvoir anti-inflammatoire puissant. L’apigénine est également connue pour posséder des propriétés anti-radicalaires, anti angiogéniques, anti-génotoxiques, des processus qui, lorsqu’ils ne sont pas contrés, sont à l’œuvre dans la génèse et la prolifération des cancers. Des chercheurs de l’Ohio State University aux Etats-Unis se sont donc penchés sur les effets que pourrait avoir la consommation d’apigénine sur des cellules cancéreuses9. Leur étude a été réalisée sur des modèles animaux. Ils ont identifié 160 cibles potentielles de l’apigénine dans la cellule. Parmi elles, une protéine particulièrement importante dans la progression des cancers : l’hnRNPA2 (heterogeneous nuclear ribonucleoprotein A2). Cette protéine contrôle une étape importante dans la formation des ARN messagers (ARNm) : l’épissage. Pour comprendre :
  1. ARNm : molécule produite à partir de l’ADN, contenant toutes les instructions pour construire une protéine. 
  2. Epissage : assemblage des différents fragments entre eux pour donner l’ARNm.

Dans les cellules cancéreuses, l'épissage est dit « alternatif ». Ainsi il modifie les instructions présentes dans l’ARNm final. Une des conséquences dramatiques : les cellules cancéreuses arrivent à résister à la mort programmée (apoptose), alors que normalement une cellule défectueuse devrait s’autodétruire.  Les chercheurs ont montré que l’apigénine s’associe à la hnRNPA2, et perturbe l’épissage alternatif. Grâce à l’apigénine, les cellules cancéreuses redeviennent mortelles ! 

A savoir pour les patients à risque de ou ayant un cancer du sein hormonodépendant. L’apigénine est un inhibiteur oestrogénique. Elle bloque une étape de la fabrication des œstrogènes et leurs effets sur la prolifération des cellules cancéreuses. 

En conclusion retenez tout de même que les études sont toutes faites avec des plantes de qualité variables, des dosages différents, des posologies différentes, que le profil des patients des études change chaque fois (habitudes de vies diverses etc), qu’elles sont parfois réalisées seulement sur des modèles animaux, qu'elles ont eu des durées différentes etc. Ne comptez pas sur des thés ou des infusions comme unique traitement si vous avez un cancer. Simplement incluez-les dans une hygiène de vie santé quotidienne. L’environnement que l’on se crée, avec différents petits gestes du quotidien, dont la consommation de thés et d’infusions peut faire partie, participe au soin et au capital santé.  

Les plantes médicinales peuvent engendrer des effets indésirables ou entrer en compétition avec des traitements. Donc si vous êtes sous traitement, assurez-vous avant toute chose que ces thés et plantes ne risquent pas de générer des interactions.

Le Curcuma est souvent plébiscité. En plus de son action anti-oxydante et anti-inflammatoire, l’épice a une action antiangiogénique importante. Malheureusement, son mécanisme d’action limite l’invasion des traitements anti-cancéreux, c’est pourquoi il ne s’utilise qu’en dehors d’une chimiothérapie.
Source(s):
  • 1.Hao X, Xiao H, Ju J, Lee MJ, Lambert JD, Yang CS et al.: Green tea polyphenols inhibit colorectal tumorigenesis in azoxymethane-treated F344 rats. Nutr Cancer. 2017 Mar; 21:1-9. doi: 10.1080/01635581.2017.1295088
  • 2. Rashidi , Malekzadeh , Goodarzi , Masoudifar , Mirzaei et al.: Green tea and its anti-angiogenesis effects. Biomed Pharmacother. 2017 Mar 8;89:949-956. doi: 10.1016/j.biopha.2017.01.161
  • 3. Zhao L, Jia S, Tang W, Sheng J, Luo Y. Pu-erh tea inhibits tumor cell growth by down-regulating mutant p53. Int J Mol Sci. 2011;12(11):7581-93. doi: 10.3390/ijms12117581. Epub 2011 Nov 7. PMID: 22174618; PMCID: PMC3233424.
  • 4.Xin Zhao et al. Fermented Pu-erh Tea Increases In Vitro Anticancer Activities in HT-29 Cells and Has Antiangiogenetic Effects on HUVECs. Volume 32, Issue 4, 2013, pp. 275-288. DOI: 10.1615/JEnvironPatholToxicolOncol.2013007074
  • 5. Xin Zhao, Yu Qian, Ya-Lin Zhou, et al. Pu-erh Tea Has In Vitro Anticancer Activity in TCA8113 Cells and Preventive Effects on Buccal Mucosa Cancer in U14 Cells Injected Mice In Vivo. Nutrition and Cancer . Volume 66, 2014 - Issue 6. Pages 1059-1069 | Received 14 May 2013, Accepted 05 Mar 2014, Published online: 19 Jun 2014.
  • 6. Bonuccelli G, Sotgia F, Lisanti MP. Matcha green tea (MGT) inhibits the propagation of cancer stem cells (CSCs), by targeting mitochondrial metabolism, glycolysis and multiple cell signalling pathways. Aging (Albany NY). 2018;10(8):1867‐1883. doi:10.18632/aging.101483
  • 7. Schröder L, Marahrens P, Koch JG, et al. Effects of green tea, matcha tea and their components epigallocatechin gallate and quercetin on MCF-7 and MDA-MB-231 breast carcinoma cells [published correction appears in Oncol Rep. 2020 Feb;43(2):747]. Oncol Rep. 2019;41(1):387‐396. doi:10.3892/or.2018.6789
  • 8. Jakubczyk K, Kochman J, Kwiatkowska A, et al. Antioxidant Properties and Nutritional Composition of Matcha Green Tea. Foods. 2020;9(4):483. Published 2020 Apr 12. doi:10.3390/foods9040483
  • 9. Arango D, Morohashi K, Yilmaz A, Kuramochi K, Parihar A, Brahimaj B, Grotewold E, Doseff AI. Molecular basis for the action of a dietary flavonoid revealed by the comprehensive identification of apigenin human targets. Proc Natl Acad Sci U S A. 22 mai 2013.