Soigner son microbiote au cours du troisième trimestre de grossesse est important pour le ventre de bébé.

Grossesse
Grossesse bébé
Pexels
Par Magali Walkowicz publié le
Diététicienne-nutritionniste, journaliste et auteure

La science au cours de ces dernières années a découvert et révélé des informations essentielles pour les futures mamans : il n’est jamais trop tôt pour prendre soin de bébé car beaucoup de choses se jouent avant sa venue au monde. Zoom sur une de ces révélations.

Sur de nombreux points, vous pouvez agir sur le bien-être futur de votre bébé dès que vous apprenez votre grossesse, avec de toutes petites règles à mettre en place. Si nous avons choisi de vous parler de celui-ci en particulier c’est parce qu’il est très fréquent. Il concerne un enfant sur quatre. Une fois bébé venu au monde, de nombreuses mamans se retrouvent ainsi démunies face aux crises inexpliquées de leur tout-petit après la tétée. Ce mal porte le nom de « colique du nourrisson ».

 La colique du nourrisson est aussi une souffrance pour les parents, en lien avec un sentiment d’impuissance et de culpabilité, avec des conséquences parfois majeures : arrêt de l’allaitement, dépression postnatale maternelle, syndrome du bébé secoué, utilisation inutile de médicaments.

Qu’est-ce que la colique du nourrisson ?

Après son repas, votre bébé semble calme mais soudain il se met à pleurer très fortement. Il se tortille, devient rouge, ses intestins font des spasmes. Son ventre est dur, gonflé. Il émet parfois des gaz ou des selles qui semblent le soulager. Un peu seulement car les pleurs, des pleurs de douleur, ne cessent pas avant de longues minutes. L’origine de ces coliques est difficile à déterminer. Ce que l’on sait c’est que ce mal est bénin, sans gravité ni conséquence sur sa santé mais qu’il fait terriblement souffrir votre enfant. 

Les coliques du nourrisson apparaissent quelques jours ou semaines après la naissance, généralement après la tétée. Surtout en deuxième partie de journée et lorsque le bébé est allongé. Pour être considérées comme des coliques, plusieurs points à retenir : ces crises doivent survenir au moins trois fois par semaine, durer au moins trois heures par jour et persister pendant au moins une semaine. 

Elles sont déconcertantes, parce qu’elles surviennent soudainement et que rien ne semble véritablement les apaiser. Ces crises cessent totalement généralement au cours du troisième ou du quatrième mois, aussi soudainement qu’elles sont apparues.

Vous pouvez soulager bébé dès la grossesse

Heureusement, la science a révélé une piste prometteuse pour limiter leur risque de survenue et leur intensité : la piste des probiotiques. Et tout commence avant la naissance de bébé, dès le troisième trimestre de grossesse. Des chercheurs ont démontré que la supplémentation en probiotiques multi-souches à fortes doses chez les femmes en fin de grossesse et allaitantes, influence la composition du lait maternel. Sur les 66 participantes, les nourrissons des mamans supplémentées en ont retiré des bénéfices immunitaires et moins de troubles gastro-intestinaux1. Vous trouverez facilement ce type de supplément nutritionnel en pharmacie, sans ordonnance.

 D’une pierre deux coups : en plus de soulager bébé, prendre des probiotiques au cours du dernier trimestre de grossesse limite le risque de pré-éclampsie selon des chercheurs norvégiens qui ont analysé les données de plus de 70 0002 grossesses. C’est une maladie qui survient généralement au 3ème trimestre de la grossesse. Elle se manifeste par de l’hypertension et la présence de protéines dans l’urine, des œdèmes et une prise de poids associée. Les femmes qui souffrent d’une pré-éclampsie sont exposées à plusieurs risques majeurs. L’éclampsie, une crise convulsive associée à une hypertension artérielle qui peut survenir au dernier trimestre de la grossesse, pendant le travail, ou après l’accouchement, l’hématome rétroplacentaire, l’œdème pulmonaire, une hémorragie, une insuffisance rénale aiguë, des troubles de la coagulation. Bébé peut manquer d’oxygène et de nutriments, ce qui provoque des risques pour son développement. Il peut aussi souffrir pendant le travail ou les premiers jours de vie. 

Une cure à poursuivre avec bébé mais avec des probiotiques bien précis. 

Plusieurs probiotiques ont déjà été testés pour calmer les coliques chez le petit enfant, avec des résultats mitigés. C’est pourquoi une équipe de l'université de Naples Federico a œuvré à démontrer que c’est une souche bien précise qui doit être prise par les nourrissons, pour traiter ces coliques3 : Bifidobacterium animalis, sous-espèce lactis BB-12.

L’essai a duré 28 jours et a inclus 2 groupes de nourrissons souffrant de coliques et nourris exclusivement au sein. 40 bébés ont reçu des gouttes de BB-12 (1 × 109 UFC / jour), 40 bébés ont reçu un placebo. L’analyse montre que :

  • le taux de nourrissons ayant réduit d’au moins 50% de la durée moyenne des pleurs quotidiens est plus élevé chez les nourrissons supplémentés (80%) dès 15 jours de cure. Seulement 32% des bébés non supplémentés ont eu moins de coliques ;
  • en moyenne, les bébés supplémentés ont 5 épisodes de pleurs quotidiens en moins ;
  • les résultats se poursuivent après l’arrêt du traitement.

Des résultats provenant de quatre essais cliniques menés sur 345 nourrissons souffrant de coliques, confirment également l’intérêt des probiotiques. Environ la moitié de ces bébés a reçu des probiotiques, des Lactobacillus reuteri alors que les autres ont pris un placebo. Ces essais cliniques se sont déroulés au Canada, en Italie, en Australie et en Pologne, les mères avaient donc des cultures alimentaires différentes et donc une composition de lait sensiblement différente. L’intérêt de la prise de ces probiotiques semblent se confirmer dans tous les cas. Les résultats indiquent que les Lactobacillus reuteri, donnés pendant trois semaines à des bébés exclusivement allaités, doublait les chances de réduire de moitié la durée de leurs pleurs4.  Les probiotiques de ces deux études sont vendus sous forme liquide dans les pharmacies et sont disponibles sans ordonnance. 

Et si vous n’allaitez pas ?

L’efficacité de ces traitements n’a été observée que chez les bébés exclusivement nourris au sein. Les chercheurs ne peuvent donc pas dire si ces traitements sont efficaces chez les bébés nourris avec de la préparation pour nourrissons. Cela ne signifie pas qu’ils ne sont pas efficaces. 

Pour en savoir plus, Le guide alimentaire de la future maman, Magali Walkowicz, publié aux Editions Thierry Souccar.

Source(s):