Cancer du poumon : tabac, pollution, alimentation... comment limiter les risques ?

cancer du poumon : comment s'en protéger
cancer du poumon : comment limiter les risques
Par Dorothée Blancheton publié le
Journaliste indépendante
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Le cancer du poumon est le cancer le plus meurtrier en France et dans le monde. Pointé du doigt à juste titre, le tabac en est la principale cause mais d’autres facteurs entrent aussi en considération. Voici quelques clés pour tenter de s’en protéger et les explications du Dr David Planchard, oncologue thoracique et chef du Comité de pathologie thoracique de l’Institut Gustave Roussy.

Le cancer du poumon est le quatrième cancer en France en termes de fréquence et le premier sur le plan de la mortalité. Comme pour tout cancer, cette maladie est due à une tumeur composée de cellules anormales dites cancéreuses. Dans le cadre d’un cancer du poumon, celles-ci se développent dans les poumons à partir de cellules du système respiratoire et vont altérer la fonction respiratoire. Le risque c’est que ces cellules cancéreuses gagnent du terrain localement dans le poumon (voir les deux poumons) dans un premier temps puis ne se développent en dehors du poumon créant des métastases principalement au niveau du cerveau, du foie, des surrénales et des os.

Cellules saines et cellules cancéreuses : quelles différences ?

Des cellules normales peuvent se diviser un certain nombre de fois mais à l’issue de ces divisions elles ont une mort programmée lorsqu’elles vieillissent ou qu’elles développent une ou plusieurs anomalies (mutations).
Le système immunitaire, par ailleurs, est capable de contrôler et d’éliminer normalement ces cellules anormales. Les cellules cancéreuses acquièrent la capacité de passer sous le radar des défenses immunitaires et de poursuivre leur multiplication sans limite. "Le propre des cellules cancéreuses, c’est leur capacité de se multiplier à l’infini sans que l’organisme ne soit capable de les arrêter. Plus elles se multiplient, plus les lésions grandissent et plus elles peuvent devenir agressives et acquérir la capacité de migrer et de se développer en dehors de leur organe initial", explique le Dr David Planchard, oncologue thoracique et chef du Comité de pathologie thoracique de l’Institut Gustave Roussy.

Quels sont les symptômes du cancer du poumon?

Le cancer du poumon se caractérise généralement par :

  • des épisodes de toux (non présents avant ou qui se majorent),
  • une gêne respiratoire en raison de l’atteinte des bronches,
  • des crachats avec la présence de sang,
  • des douleurs thoraciques quand la tumeur est plus périphérique et touche la paroi thoracique et des nerfs.

Ces symptômes peuvent passer inaperçus pendant plusieurs mois. "Comme c’est une maladie à l’intérieur du poumon, si la tumeur se développe au milieu de celui-ci, sans toucher de gros vaisseaux sanguins ou de nerf, on peut avoir une grosse tumeur sans la sentir ce qui retarde malheureusement souvent le diagnostic", explique le Dr Planchard. Les sujets qui fument, qui sont habitués à tousser et cracher tous les matins, qui sont essoufflés à l’effort ne vont pas forcément faire attention à ces signes. La tumeur peut alors évoluer en silence. Et c’est finalement parfois au moment où les cellules ont déjà donné des métastases que l’on fait le diagnostic de sa maladie.

Quels sont les symptômes du cancer du poumon?

Le cancer du poumon se caractérise généralement par :

Les non-fumeurs aussi impactés

Le cancer du poumon est essentiellement dû au tabagisme. Mais le Dr Planchard rappelle qu’il y a 15 à 20 % des cancers du poumon qui surviennent chez des personnes peu ou non-fumeuses. D’après une récente étude menée par le Collège des pneumologues des hôpitaux généraux (CPHG), le nombre de personnes non-fumeuses atteintes par un cancer du poumon a presque doublé en vingt ans. Il était de 7,2 % en 2000 contre 12,6 % en 2020.

Car si le tabagisme est un facteur de risque, d’autres éléments propres à chaque individu entrent en considération. "A ce moment-là, le développement du cancer est souvent dû à une anomalie génétique que l’on retrouve dans les cellules cancéreuses. Il y a une altération sur un gène qui va faire qu’une cellule normale va devenir une cellule cancéreuse et proliférer sans que le système immunitaire puissent les contrôler", ajoute l’oncologue. Si les médecins sont capables d’identifier le gène défaillant et de proposer dans un certain nombre de cas des traitements ciblés, ils ne sont pas en mesure à l’heure actuelle d’identifier la cause précise de ces anomalies.

Cancer du poumon : les principaux facteurs de risque

Il existe des facteurs carcinogènes reconnus. Ceux-ci augmentent les risques de développer un cancer du poumon. Les causes sont principalement liées à des inhalations de substances nocives et de radiations.

  • Le tabagisme : actif ou passif. Si on est dans un environnement clos et qu’une personne fume à côté de nous, on respire aussi des carcinogènes.
  • La pollution atmosphérique : les particules fines de moteur diesel, les gaz d’échappement… Les aérosols, pesticides ou insecticides peuvent entraîner des maladies respiratoires et parfois des cancers.
  • L’amiante qui est interdit depuis le 1er janvier 1997 en France dans les nouvelles constructions. Il y en a eu beaucoup autrefois dans les chantiers navals, les plaquettes de frein, les protections de canalisations… L’exposition à l’amiante a surtout entraîné des cancers de la plèvre.
  • Les radiations ionisantes : lorsqu’elles sont d’origine professionnelle, elles sont généralement contrôlées (radiologie, radiothérapie…). Toutefois le radon constitue la principale source d’exposition aux rayonnements ionisants en France et le deuxième facteur de risque du cancer du poumon après le tabagisme. Le radon est un gaz radioactif naturellement présent dans les sols notamment les sous-sols granitiques et volcaniques.

Réduire son exposition aux facteurs de risque

Pour tenter de se protéger du cancer du poumon, on évite au maximum ces facteurs de risque, à commencer par le tabagisme. On cesse sa consommation de tabac et on ne reste pas dans une pièce close à côté d’un fumeur.

Dans un bâtiment contenant du radon, il est recommandé d’instaurer une barrière protectrice contre ce gaz inodore et incolore (étanchéité des sous-sols, vide-sanitaires, murs, planchers, passages de canalisation), de ventiler le sol sous le bâtiment, et d’aérer les pièces.

"S’il y a des zones amiantées dans son logement, il ne faut pas y toucher et éventuellement faire à appel à des experts pour savoir s’il y a des travaux de désamiantage à faire ou non. Contre la pollution, on aère son logement pour éviter l’accumulation des particules polluantes et leur stagnation", conseille le Dr David Planchard. On choisit une heure moins exposée à la circulation ou aux pics de chaleur qui augmentent l’effet de serre.

Une bonne hygiène de vie pour de meilleures défenses immunitaires

Les conseils d’hygiène de vie pour la prévention du cancer, quel qu’ils soient, sont également de mise. Ils optimisent les défenses immunitaires. Ainsi, on adopte une alimentation diversifiée et équilibrée pour avoir un microbiote intestinal efficace et surtout éviter de détruire certaines bactéries majeures pour notre système immunitaire.
De nombreuses études sont en cours pour mieux comprendre ce système qui reste très complexe. On n’abuse pas des antibiotiques qui affectent la flore du microbiote et peuvent ainsi détruire des bonnes bactéries et diminuer l’efficacité de certains traitements anti-tumoraux comme l’immunothérapie. On fait régulièrement de l’exercice physique pour stimuler ses défenses immunitaires. On dort suffisamment. "Beaucoup de choses passent par notre système immunitaire, c’est un élément primordial dans la prévention de nombreuses pathologies en plus des pathologies cancéreuses. Nous traitons également à ce jour la plupart de nos cancers du poumon par l’immunothérapie", ajoute l’oncologue.

Des conseils d’hygiène de vie valables au quotidien pour tenter de se protéger de n’importe quel cancer ou maladie.
 

Source(s):
  • Interview du Dr David Planchard, oncologue thoracique et chef du Comité de pathologie thoracique de l’Institut Gustave Roussy