Sonothérapie : les vibrations sonores pour apaiser le corps et l’esprit

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© Pixabay
Par Isabelle Frenay publié le
Journaliste santé, auteure et sophrologue
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Le soin par le son- la sonothérapie, pratiquée depuis des millénaires au Tibet, au Népal et en Inde-, connaît de plus en plus d’adeptes. Zoom sur les bienfaits de cette pratique anti-stress qui commence à intéresser le milieu médical, notamment en oncologie...

Allongé sur un tapis au sol, les yeux fermés, le bain ou massage sonore consiste à se laisser envelopper par le son émis par de multiples instruments ancestraux tels que les Gong, bols tibétains, diapasons ou carillons. Sans effort contrairement à la méditation, il s’agit de se laisser "toucher par la vibration", explique Katherine Hollier, sonothérapeute à Annecy, formée à l'utilisation des bols tibétains. "Chaque instrument a une fréquence vibratoire spécifique qui va se propager dans le corps comme une vague à la surface de l’eau", poursuit la thérapeuthe.

Depuis des millénaires au Tibet, dans les temples bouddhistes népalais, on utilise les bols chantants que l’on fait résonner au rythme des méditations et de la récitation des mantras. Ils doivent être constitués de sept métaux (cuivre, étain, argent, fer, mercure, or, plomb), chacun correspondant à l’un des sept chakras, d’après la tradition tibétaine.

Sonothérapie : l’eau du corps comme conducteur

Nous sommes constitués d’eau à 65 % en moyenne. C’est ainsi que "les ondes vont se propager dans tout le corps, déclenchant comme un massage en profondeur, d’où un état de détente immédiat", avance Katherine Hollier.

Dès les premières séances, "le mental se calme rapidement. Les personnes sont concentrées sur le son et amenées dans un état modifié de conscience, profondément connectées à leurs sensations", constate Katherine Hollier. Quelques précautions s’imposent : la sonothérapie est à éviter pour les personnes portant un pacemaker, les épileptiques et les femmes enceintes de moins de 4 mois ou de plus de 8 mois.

Sonothérapie : l’eau du corps comme conducteur

Nous sommes constitués d’eau à 65 % en moyenne. C’est ainsi que "les ondes vont se propager dans tout le corps, déclenchant comme un massage en profondeur, d’où un état de détente immédiat", avance Katherine Hollier.

Pour Diane Mandle, sonothérapeuthe franco-américaine depuis vingt-cinq ans, "95 % des pathologies modernes sont liées au stress". Le fait de réduire l’état de stress est fondamental pour retrouver la santé, selon la spécialiste qui a travaillé dans un centre de cancérologie à San Diego pendant quatre ans pour accompagner les effets de la sonothérapie.

Parmi les nombreux bienfaits qu’elle observe : la réduction de la douleur en cas de cancer et de fibromyalgie, le soulagement du syndrome de fatigue chronique et de la dépression. "Pour comprendre la sonothérapie, il faut se familiariser avec la philosophie tibétaine dans laquelle tout est relié", explique Diane Mandle. "La sonothérapie invite à modifier la capacité de sa conscience et son vécu spirituel et émotionnel des événements, de la maladie... Les séances permettent de changer sa manière de penser, de se percevoir dans le monde et d’agir", ajoute Diane Mandle qui fait le distinguo entre guérir une maladie par une chirurgie par exemple, et soigner grâce aux sons, ce qui relève d’un processus, d’un changement global.

4 séances consécutives hebdomadaires sont recommandées, suivies de 2 séances espacées de deux semaines.

La sonothérapie : un effet apaisant sur le cerveau

La sonothérapie agit directement sur le cerveau en le modifiant comme on peut l’observer à l'encéphalogramme. "Les fréquences des différents sons se synchronisent sur les ondes cérébrales", explique Diane Mandle. L’état profond de relaxation induit par les sons ralentit l’activité cérébrale qui active les ondes « alpha » de notre cerveau situés à une fréquence entre 8 et 12 Hz. Celles-ci sont associées à un état de relaxation et de profonde récupération de l’organisme, contrairement aux ondes Betha-entre 12 et 20 Hz- qui correspondent à l’état de vigilance et de concentration.

"Les bols vont agir également sur le rythme cardiaque et respiratoire grâce aux effets sur le nerf vague, un nerf crânien, détaille Diane Mandle. Par ce nerf, l’information du son voyage et harmonise l’activité du cerveau, du cœur et de la respiration créant un effet de bien-être".

Déjà plusieurs recherches médicales

Une revue scientifique de juin 2020 incluant 4 études sur la sonothérapie conclut notamment à des améliorations de la détresse, de l’anxiété, de la dépression, de la fatigue, de la tension, de la colère, de la confusion et de la vigueur. Autres constats : des améliorations de la pression artérielle, de la fréquence cardiaque, de la fréquence respiratoire et des bénéfices cardiovasculaires.
Les patients étaient atteints d’un cancer métastatique et d’autres souffraient de douleurs rachidiennes chroniques.

Selon une étude précédente publiée en 2013 dans Psycho-Oncology , la méditation tibétaine par le son favorise le maintien des fonctions cognitives chez des malades du cancer suivant une chimiothérapie. La santé mentale et la spiritualité chez les patients de l’étude, âgés de 56 ans en moyenne, est également améliorée.

Des sons qui résonnent de plus en plus

Dès les années 1990, c’est un cancérologue nord-américain renommé, le Dr Mitchell L. Gaynor, qui a prêté l’oreille aux pouvoirs du son. Il y consacre un ouvrage de référence sur les vertus des bols tibétains en soins de support des traitements médicamenteux du cancer : « Sounds of Healing » (Les sons qui guérissent), publié en 1999. En Europe, à la même période, un ingénieur physicien allemand Peter Hess, commence à démocratiser et enseigner la sonothérapie. L’objectif ? L’appliquer à la société occidentale en se focalisant sur les problèmes de stress chronique. Lors d’un voyage au Népal, il s’est intéressé au fonctionnement des bols chantants et de leurs effets sur l’homme. En 1997, il ouvre une première école dans le nord de l’Allemagne. Depuis, une vingtaine de structures de l’Institut Peter Hess forme des praticiens au massage sonore dans le monde.

Un centre intégralement dédié à la sonothérapie, Zen and sounds, a ouvert ses portes en 2018 à Paris dans le XXe arrondissement. L'espace propose des bains de Gongs collectifs et des soins sonores individuels aux bols tibétains posés sur le corps habillé.

Aujourd’hui, la sonothérapie fait vibrer les adeptes des stages de yoga ou de retraites de méditation. Des lieux divers comme les studios de yoga, instituts, spas et thalassothérapies (Alliance Pornic, Thalazur Bandol, Serge Blanco à Hendaye) ont également vu fleurir des massages sonores aux bols tibétains.

Percée en milieu hospitalier

Comme la musicothérapie, la sonothérapie entre progressivement à l’hôpital pour améliorer le bien-être des patients. C’est le cas du CHU de Saint-Etienne qui fait intervenir en soins palliatifs depuis 2011 une sonothérapeute.

Pour les patients et les soignants du service de cardiologie de l'hôpital de La Pitié-Salpétrière, à Paris, le Pr Pascal Leprince a créé un espace qui utilisent les sons de bols pour réduire le stress et la quantité de médicaments administrés, mais aussi la douleur, l’anxiété avant et après une intervention de chirurgie cardiaque.

Au sein de centres de médecine intégrative, comme l’Institut Rafaël, à Levallois-Perret (92), les malades de cancer peuvent bénéficier de bains sonores "harmonisants".

 

Pour aller plus loin :

Guérir avec l'énergie du son, de Diane Mandle, aux éditions Trédaniel, mars 2021.